27 novembre 2004

« Ça va bien aller! »

    En marge de la diffusion à Zone libre du documentaire de Fernand Dansereau et Georges Amar sur le frère André et l'Oratoire Saint-Joseph : Rumeurs de miracles.


Il y a des choses qu'on ne peut comprendre que si on a connu le malheur, la misère et l'humiliation. La ferveur, par exemple. Et la compassion; le besoin de compassion, tout au moins. Lorsqu'on est favorisé par la généalogie, la génétique ou le hasard, on perçoit facilement la compassion comme étant de l'exploitation et la ferveur comme étant de la naïveté. Dans Rumeurs de miracles, c'est ce qui m'a frappé : ce regard hautain quasi dédaigneux sur un des hauts lieux (au sens propre) de notre catholicité québécoise moribonde.



Le titre, le texte, le choix des images d'archives, le choix des experts critiques, le ton... On a voulu susciter la suspicion, mettre en doute, faire passer le 'succès' de l'Oratoire comme étant l'exploitation cléricale de la naïveté populaire. Une imposture, alors? Pourquoi ne pas l'avoir prétendu, quant à y être!



La vie nous apprend que quand on sait s'y prendre on peut monter une preuve capable de faire condamner n'importe qui et n'importe quoi. Je crains que celles et ceux qui ne connaîtront l'Oratoire et le frère André que par ce genre de témoignages biaisés n'osent même pas s'aventurer sur le flanc nord du mont Royal; je ferais probablement pareil, ayant une sainte horreur des exploiteurs en tous genres.



La réalité est pourtant toute autre et tellement simple. Trop discrète pour faire la manchette, trop ordinaire pour mériter un quelconque point de presse. Désarmante. Impossible à montrer dans un documentaire. L'Oratoire est un lieu grandement accueillant. Le frère André était un homme qui savait dire « Ça va bien aller! ». Accueillant, simplement. Les gens simples ont besoin de se sentir accueillis pour se sentir bien; d'être accueillis pour se sentir mieux lorsque le malheur ou la misère s'acharne. Nos prédécesseurs et nos ancêtres étaient des gens simples. Et si on se fie aux deux millions de visiteurs que reçoit encore annuellement l'Oratoire, il y a encore des gens simples.



L'erreur de ce documentaire, c'est de penser que les gens simples sont tous des naïfs.






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