01 novembre 2004

La chasteté : wow!

Pureté, fidélité, chasteté... Je viens d'ajouter ces trois anachronismes dans ma liste de beaux mots. Le dernier tente un retour : j'en veux pour preuve la marche pour la chasteté tenue en fin de semaine par le groupe Chasteté-Québec. On en a peu parlé dans les médias étalagistes; les échangistes ont pu s'y exhiber plus à leur aise il y a quelques mois. On n'arrête pas le progrès.



Notre société toute consommation tient à un mot : désir. Pendant des siècles, sinon des millénaires, l'évolution a amené l'humanité à mieux répondre à ses besoins vitaux : mieux se nourrir, mieux s'abriter, mieux se déplacer, mieux se protéger, mieux se connaître, mieux se reproduire... On aurait pu continuer sur cet élan à vivre avec frugalité en harmonie avec les autres espèces comme bien des générations avant nous. Mais il y a eu ce courant fou venu je ne sais d'où, transmis par je sais qui, ce grand courant de libération tout azimut de nos désirs. Jusque là nos désirs étaient sous contrôle; on nous apprenait du moins tant bien que mal à les discipliner. Deux des dix grands commandements de Dieu nous obligeaient même depuis des siècles à les refréner -- parce que les désirs ne sont pas nés d'hier! -- : « L'oeuvre de chair ne désireras qu'en mariage seulement. Bien d'autrui ne désireras pour les avoir injustement. ». Je me souviens.



Qu'est-ce que c'est que ces principes bibliques à la con qu'on traîne depuis la nuit des temps : les désirs, c'est fait pour être assouvis. Et les désirs, oeuvre de chair et bien d'autrui, ne se firent pas prier pour devenir besoins à combler hic et nunc partout et par tous, futés, débrouillards et bougons confondus. La belle affaire, on est en affaires pour faire de grosses affaires! On créa la Bourse pour gérer tout ça, Visa, Wal-Mart, Desjardins Inc, et caetera.. « Et ça continue encore et encore... »



Avouez qu'il faut avoir du culot pour promouvoir la maîtrise du désir dans cette société toute consommation : c'est pratiquement la mettre en péril. Imaginez seulement qu'on se mette à ne faire que du lèche-vitrine dans les centres commerciaux... Imaginez que les jeunes couples nourrissent ensemble leurs désirs avant de les combler, qu'ils apprennent à se connaître mutuellement plutôt que de se posséder un après un après l'autre, qu'ils prennent le temps de rêver leur relation à deux avant de l'avoir... Que deviendraient le show business, le loto business, le resto business et l'auto business; que deviendraient nos emplois, quoi? Et puis que deviendrait la grande agence de rencontres urbaine?



    Aucun lien avec la chasteté, mais je viens de découvrir -- via son commentaire sur la poésie -- le blogue de Magoua, un vrai prof précaire qui se met à bloguer flegmatiquement à l'autre bout des Cantons. J'aime bien ce style décontracté. Au fait, y aurait-il un lien entre la précarité et l'anonymat?


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