On apprend avec les années qu'il n'y a pas cinquante-six façons de bien (ou de ne pas) vieillir, il n'y en a qu'une : faire des mises à jour.
On apprend aussi qu'il ne faut pas se fier aux apparences. Assis dans une chaise ergonomique devant un écran ViewSonic, main gauche sur un clavier Compaq, main droite sur une souris Targus, je ne pose pas et je ne me repose pas. Non; je fais les mises à jour qui s'imposent.
Hier, par exemple, seulement pour être à jour avec Internet... J'ai poursuivi le rafraîchissement de Saint-Armand-sur-le-Web pour le faire passer du HTML au XHTML (la programmation Web s'approche de plus du traitement de texte avec les feuilles de style CSS mais encore faut-il, pour en profiter, se mettre à jour); j'ai téléchargé le plus récent navigateur Web, Mozilla Firefox 1.0 (trop tôt pour en juger mais, à première vue, plus rapide que Netscape 7 et Explorer 6), j'ai installé le fil RSS de l'inestimable formateur virtuel Thot dans mon agrégateur Bloglines (carrefour-source de la plupart de mes mises à jour) et j'en oublie... Ah, oui! J'ai commencé à expérimenter l'outil fort prometteur Google Scholar (découvert via Martin Lessard et Eric Baillargeon).
Mais aussi, hier, j'ai fait le point sur la et sur ma philosophie avec Michel Onfray en lisant son article dans Le Monde diplomatique : Misères (et grandeur) de la philosophie. Pour m'apercevoir que, là aussi, j'aurais besoin d'une sérieuse mise à jour.
Dans cet article, les grands philosophes d'hier (les clercs médiatiques) en prennent un coup pour avoir été « à la solde des idéologies » et « complices des pouvoirs en place ». De telles affirmations vous sortent de votre torpeur philosophique tranquillement acquise. D'autant plus que le bilan concret dressé par l'auteur de l'influence des 'grandes' philosophies (dont la dernière est le libéralisme) sur notre monde actuel est difficile à contester :
Le bilan est connu : désespérance politique, abstentionnisme record, affairisme des partis qui se remplacent au pouvoir, violences urbaines, délinquance accrue, chômage exponentiel, précarité exacerbée, délocalisations assorties désormais de menaces patronales, recul du social, racisme, xénophobie, antisémitisme, misères sociale, sexuelle, mentale, intellectuelle, affective, triomphe de la médiocrité marchande sur les chaînes de télévision et chez bon nombre d'éditeurs, démembrement des politiques de santé, d'éducation, de culture, etc.
Pour ne pas déprimer, c'est-à-dire pour ne pas 'âger' prématurément, il n'y a qu'une alternative, celle de développer ou de mettre à jour sa propre philosophie. Ou revenir à la sagesse de l'antiquité, cet « état de béatitude entre soi et soi, soi et les autres, soi et le monde ».
Michel Onfray n'y va pas avec le dos de la cuillère pour brasser la cage des intellectuels satisfaits :
Laissons de côté l'Université, qui reproduit le système social, enseigne une historiographie fabriquée par elle et pour elle sur mesure -- platonisme, idéalisme, christianisme, scolastique, thomisme, cartésianisme, kantisme, spiritualisme, hégélianisme, phénoménologie et autres occasions de ne pas trop toucher au monde comme il va... Puis retrouvons des formes pour pratiquer autrement la philosophie.
Dans cet esprit, il propose la formule de l'Université populaire. Il propose aussi de fréquenter des « philosophes qui pensent notre modernité de manière critique » : Jacques Derrida, Alain Badiou, René Schérer, Jacques Bouveresse, Noam Chomsky, Raoul Vaneigem, Toni Negri, Annie Le Brun, André Gorz, François Dagognet, Bernard Stiegler et lui-même... Une mise à jour qui ne fait que commencer pour moi, à ce que je vois, mais nécessaire pour m'imprégner de « la fécondité d'une pensée contemporaine, vivante, critique, qui montre la vitalité d'une philosophie faisant front à celle qui collabore avec le monde comme il va ». Bref, la mise à jour de mon espérance.
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