- Hier, annonce par le ministre de l'Environnement, Thomas Mulcair, du dépôt d'un avant-projet de loi sur le développement durable. Le projet de loi d'un espoir pour le Québec, en quelque sorte. Réaction quasi unanime dans les médias : méfiance et scepticisme. « Qui vivra, verra... »
Pourquoi cette incrédulité? Parce que nos gouvernements n'arrivent pas à être crédibles. Une des raisons de cet état de fait, c'est qu'ils agissent en marge comme si nous n'existions pas. Un exemple récent : celui du Forum des générations. Au terme de cette consultation en vase clos et entre pairs, le Premier ministre Jean Charest a prononcé une allocution dans laquelle il disait :
À l'issue de ce Forum des générations, j'ai annoncé une série d'actions à court et moyen termes qui vont renforcer le Québec. Ces actions vont permettre la préservation de nos systèmes public de santé et d'éducation et assurer le développement prospère et équitable du Québec. Ces actions reposent sur deux principes qui ont émergé de nos discussions et qui guideront notre action. Le premier, c'est celui du développement durable; du développement durable du peuple québécois. De la même manière que dans le domaine environnemental, nous devons soumettre nos décisions publiques à un critère de base : est-ce que c'est dans l'intérêt de ceux qui nous suivent? C'est ça, le test des générations. Ce principe du développement durable de notre peuple, c'est aussi celui de la responsabilisation de chacun de nous face à notre avenir collectif. C'est aussi celui du juste effort de chacun de nous. De ce premier principe en découle un deuxième, c'est l'émergence d'une nouvelle solidarité. Et cette solidarité, ce n'est pas celle d'un groupe face à un autre, ou des régions face aux villes; c'est celle de notre multitude face à ses enjeux.
« Le développement durable du peuple québécois » et « l'émergence d'une nouvelle solidarité » : voilà un merveilleux projet collectif au potentiel rassembleur capable de susciter l'espoir et de faire l'unanimité. Jean Charest s'est pourtant contenté d'en parler en privé devant l'aréopage du Forum comme étant deux 'principes' qui guideront l'action de son gouvernement. Pourquoi ne pas en avoir fait un engagement public et n'avoir pas convié toutes les forces vives du Québec à y souscrire et à y travailler? Pourquoi faut-il que la politique se fasse toujours en catimini ou par presse interposée? Comme si seuls les 'nobles', les lobbyistes, les groupes de pressions et les gens de la presse écrite ou électronique avaient élu le Gouvernement.
C'est ce que je me disais hier en écoutant le ministre Thomas Mulcair entre deux faits divers du journal télévisé. Si le gouvernement était sérieux, l'annonce du 'virage durable' n'aurait pas été faite dans un point de presse devant quelques journalistes. C'est le Premier ministre lui-même entouré de tous ses ministres qui l'aurait faite dans un discours à tout le peuple, télédiffusé à une heure de grande écoute, dans des termes sans faux-fuyants constituant un engagement 'ici et maintenant'.
Telle que faite, l'annonce de l'avant-projet de loi est apparue comme obligée à cause des pressions constantes des environnementalistes, stratégique pour faire suite à l'annonce des principes énoncés au terme du Forum des générations et électoraliste pour satisfaire les attentes des Libéraux, coincidence, en congrès durant la fin de semaine dernière pour préparer la prochaine élection. Les termes mêmes du projet de loi, notamment l'échéancier, confirment d'autre part cette perception. Et que dire du silence des autres ministres? Bonne chance, Monsieur Mulcair; préparez un plan B pour la suite de votre carrière.
Une autre belle occasion complètement ratée par le Gouvernement pour faire renaître la crédibilité politique auprès de la population. C'est à croire que nos élus préfèrent la politicaillerie.
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