31 décembre 2005
Privilégiés
Télé vision
Ce que j'attends de vous, hommes et femmes qui aspirez à nous représenter à la Chambre des Communes, le Parlement du Peuple, le 23 janvier prochain?
Un engagement à consacrer vos énergies et vos talents à rendre la société de plus en plus juste et le développement de plus en plus durable afin que nous puissions laisser aux générations qui suivront, un monde meilleur.
Une vision, quoi!
Je crains cependant que cela ne fasse pas de la très bonne télévision...
29 décembre 2005
QUEBest Buy
Le paysage urbain québécois évolue lentement mais sûrement vers la prédominance de l'anglais dans l'affichage corporatif. Simple ajustement linguistique sans doute, pour que les apparences correspondent mieux à notre identité réelle : « Beaucoup de Québécois francophones se définissent comme... des Américains parlant français », écrivait Yvan Lamonde en 1996, dans un essai assez génial sur l'identité québécoise, à un moment de notre histoire où on s'en préoccupait encore.
Notre tolérance collective à l'égard de la multiplication des bannières de langue anglo-américaine de plus en plus omniprésentes dans nos villes et nos banlieues témoigne sans contredit de notre adhésion pleine et entière au grand rêve américain. La dernière en lice, Best Buy, exprime d'ailleurs tellement bien la société de consommation à tous crins qui est la nôtre. On ne magasine plus au Québec, on achète au meilleur prix (présume-t-on, les yeux fermés) chez Wal-Mart or Best Buy.
Et cette évolution se fait avec la bénédiction de nos gouvernements représentatifs en retour de quoi ils perçoivent, best buy ou pas, leur 7 et leur 7,5 pourcent. Et avec la complicité de nos médias dits nationaux qui en font leurs choux gras en nous déversant des best buy à pleines pages, à pleins écrans et à pleins publisacs.
Conséquence de cette globalaméricanisation? Dans deux générations tout au plus, le français au Québec ne sera plus qu'une langue folklorique comme le sont aujourd'hui le cri, l'inuktitut, l'ojibwé, le naskapi, le micmac, le mohawk, le montagnais, l'atikamek, etc.
28 décembre 2005
Best Buy Delirium
Blogue et dépendance
Je mets fin à ma cure de désinbloxication en partageant avec vous cette réflexion d'un ami :
Je me suis toujours demandé où commençait la dépendance, définie comme «ne pouvant s'empêcher de».
La réponse est assez simple : tout va bien jusqu'au moment où on décide de faire passer l'activité en question au devant de choses auxquelles on accorde de la valeur, et à leur dépends.
Alors, un phénomène automatique de justification se met en place, qui dévalorise le reste et survalorise l'activité.
Reconnaître la responsabilité du choix initial est plus difficile que de continuer et ne fait que l'amplifier.
La privation permet de retrouver le cadre initial, mais ça demeure la privation de quelque chose de fonctionnel et potentiellement utile ou agréable.
Reste à reconnaître ceux à qui on a fait le coup, les fois qu'ils auraient dû savoir qu'on les laissait tomber pour «l'activité», surtout les premières fois. Ça comprend soi-même, sa famille, ses amis, compagnons...
À partir de quand redevient-on «non-dépendant»?
Quand on est capable de faire l'activité, tout simplement, avec ses limites, son cadre d'utilisation pratique et tout ce qui en fait un outil intelligent et non un ogre tentaculaire.
J'ai relu ça je ne sais combien de fois avant de m'y reconnaître...
Merci, Denys.
19 décembre 2005
05 décembre 2005
Sans Noël
Ni nez rouge ni partys de bureau
Sans Noël
Mille et un commerces en trop
Sans Noël
L'hiver en noir et blanc
Sans Noël
Des églises où il n'y a que des bancs
Sans Noël
Fin de la parenté la famille
Sans Noël
La fin de Postes Canada
Sans Noël
Plus d'yeux d'enfants qui brillent
Sans Noël...
04 décembre 2005
À mi-cure de désinblogsication
Pour tout vous dire, je suis en cure de désinblogsication. Les premières semaines de blogstinence ont été extrêmement difficiles, je l'avoue. J'ai même souvent récidivé en utilisant le mode brouillon pour que ma blogaddiction ne soit ni vue, ni connue...
Il a d'abord fallu que je prenne conscience que j'étais inblogsiqué, que j'admette ma blogdépendance. Et puis que je prenne la seule décision logique et cohérente à la suite de ce constat : celle d'arrêter de bloguer chaque matin comme un malade. Pendant qu'il était encore temps. D'arrêter, point. Sans gomme blogorette, sans patche antiblog, sans coach ni thérapeute pour me déblogrammer, sans séjour possible dans une maison de désinblogsication. Arrêter tout seul et tout de go de bloguer frénétiquement...
Pas facile! Je préfère ne pas élaborer là-dessus.
Hier, rien que pour tester l'état de ma bloguite -- juré, rien que pour tester! --, je suis retourné dans ma blogosphère, chez Bloglines. Vous ne le croirez pas mais je n'ai pas paniqué en apercevant les centaines de billets qui étaient là, en attente d'être lus. Des centaines; peut-être même plus. Or, je ne me suis même pas demandé par lequel commencer. Et je n'ai pas fait d'anxiété à la pensée que je n'aurais jamais le temps de tous les lire risquant ainsi de rater ceux qui en valent peut-être la peine... J'ai tout simplement fait lentement défiler la liste de mes abonnés rss avec le nombre de leurs billets non encore lus, en me demandant ce qu'ils pouvaient bien encore écrire et avoir écrit depuis le début de mon désaccrochage...
Oui, c'est vrai, je suis allé jeter un coup d'oeil aux textes de quelques blogueurs sûrs, les pédagogues d'Opossum, pour ne pas les nommer. Un test pour me rassurer, rien de plus : juré! Or, je les ai trouvés encore eux-mêmes, encore capables de se mettre en maudit même engoncés dans leur nouvel emballage corporatif! J'ai failli craquer, preuve que je suis encore à fleur de pot. Mais je me suis finalement retenu : pour prévenir toute rechute, je n'ai publié aucun des commentaires que j'avais pourtant commencé à blognoter...
J'entreprends maintenant la phase déterminante de ma désinblocsication : faire face à la réalité bien réelle qui m'entoure, cesser de trop l'imaginer noire ou blanche et en apprécier plutôt les couleurs toutes en nuances et sentiments. Agir. Réagir verbalement à tout le moins. Lutter contre le blocage.
30 septembre 2005
Sous le Q.I.
Moi qui croyais que le Q.I. était mort et enterré depuis belle lurette tellement c'est une mesure biaisée, le voilà qui resurgit dans l'actualité médiatisée (ne pas confondre avec la réalité).
Car la réalité, c'est qu'après avoir affirmé, études à l'appui ou pas, que les Autochtones ont généralement un Q.I. inférieur à celui des Non-Autochtones (comme on désigne maintenant les 'Blancs' sans doute parce qu'ils le sont de moins en moins), on peut justifier et maintenir leur statut socio-économico-politique marginalisé, la conscience tranquille. Quelle belle hypocrisie!
Et la réalité, c'est qu'après avoir affirmé, études à l'appui ou pas, que les Noirs ont généralement un Q.I. inférieur aux Non-Noirs (néologisme de circonstance), on peut justifier et maintenir leur statut socio-économico-politique inférieur, la conscience tranquille. Quelle autre belle hypocrisie!
Et la réalité, c'est aussi qu'on pourrait affirmer, avec ou sans études à l'appui, que les Blancs qui ont un Q.I. inférieur ont généralement un statut socio-économico-politique inférieur.
Bref, ce que le Q.I. mesure dans les fait, c'est le degré d'exploitabilité.
Mon cher Guy Ha!, tout le monde n'en parle pas mais parmi les neuf millions de millionnaires que recèle notre planète Terre, combien sont Noirs? Combien sont Autochtones? Et combien doivent-ils leurs millions à la spoliation légalisée des faibles en Q.I. toutes couleurs confondues?
13 septembre 2005
La nombrilvergence
La nouvelle saison de notre télévision publique s'annonce nombriliste et montréaliste. Les émissions de placotage et de potinage sur les plaisirs entre vedettes consentantes de la tour se multiplient dans le sillon habilement tracé par Guy Ha! Lepage, toutes orientées vers l'autopromotion rapporteuse en cotes d'écoute et en accroissement de la consommation d'images à sensations et à sexations. Pour faire un pied-de-nez à la convergence, Radio-Canada Montréal a inventé la nombrilvergence à la petite semaine. Effet des partenariats publics privés en télévision? Pourquoi le privé se priverait-il de ce qui rapporte, c'est-à-dire des cotes?
Comprenons-nous bien. Ces 'talk-show' sont généralement fort bien faits et donnent le goût de s'y agglutiner : ce n'est pas pour rien qu'elles ont la cote auprès de la bougonnerie. Mais, selon moi, le petit vedettariat qui tourne en rond autour d'un miroir n'a pas sa place à la télévision publique dont on s'attend qu'elle soit plutôt citoyenne. Notre télé devrait mettre au premier plan et aux grandes heures d'écoute ce dont le privé nous prive : nourrir l'imagination des petits, rafraîchir la mémoire des grands, nous faire explorer les régions et partager ce qui anime ou menace leurs habitants -- qui ont aussi des 'parts' dans cette télé --, faire parler le plus de gens possible à la caméra, même des universitaires s'il s'en trouve, de leurs idées, de leurs préoccupations, de leurs visions et de leurs rêves, même de leurs indignations... Des 'talk-show' citoyens plutôt que nombrilvergents : est-ce trop demander en tant que contribuable téléspectateur payeur?
Ce qui m'amène à me poser la question : qui contrôle vraiment le réseau français pan-canadien de Radio-Canada en 2005 pour qu'on en soit rendu là?
12 septembre 2005
La vie est ingrate!
L'annonce du décès de Michel Desrochers, l'ex 'morning man' de la radio de Radio-Canada vient me chercher quelque part en-dedans. Je le connais pourtant de voix seulement. Une voix qui nous aidait à partir du bon pied le matin dans les années 1970 -- au temps du AM mono et des '45-tours' -- en syntonisant CBF 690, comme celle de Jacques Proulx, qui était alors à CKAC 730 le matin.
J'en garde un bon souvenir : celui d'un optimiste, imitateur un peu cabotin à ses heures, mais toujours dans les limites de la convenance. Je lui dois bien des journées de travail démarrées sur le bon pied dans une autre vie.
On dit qu'il était plutôt dépressif ces dernières années, que la mise au rancart à soixante ans lui était devenue intolérable. Et c'est maintenant qu'il a décidé d'en finir avec la vie qu'on lui témoigne de l'attachement...
C'est d'ailleurs le sort de bien des personnages publics. D'ex-vedettes des ondes et de la scène, mais aussi d'ex-politiciens, médecins, profs... si vite oubliés.
La vie est ingrate!
11 septembre 2005
L'inimaginable
Aujourd'hui, en voyant « 11 septembre » dans le coin inférieur droit du Compaq, j'ai pensé à l'inimaginable... Ces images de fin du monde vues et revues des centaines de fois des deux tours jumelles détruites en quelques heures. Le centre du commerce mondial (World Trade Center) attaqué, anéanti. Pourquoi? Par qui?
On sait maintenant par qui. Des terroristes, des intégristes, des désaxés embrigadés à renfort de Coran, des fous d'autant plus dangereux qu'ils ressemblent à tout le monde, des bombes humaines à retardement. C'est du moins ce que disent 'les élus', leurs gardes bien domptés et leurs médias bien soumis. Des inhumains menaçant la démocratie millionnaire dominante, des inhumains dont il faut dorénavant constamment se méfier et contre la prolifération desquels il faut se protéger à coups de milliards imposés tant ils sont difficiles à identifier sous leurs traits humains.
On sait aussi pourquoi, même si on en a peu parlé. C'est tellement évident. Un déraisonnement d'embrigadés. Une lubie religio-idéologique. Une faille caractérielle d'origine psycho-démoniaque. Une manifestation de mégalo-folie. Une projection phantasmique irraisonnée issue d'une frustration socio-politique générationelle. Un pseudo-mysticisme provoqué par un lavage intégriste de cerveau. N'importe quoi, quoi. Impossible qu'un tel geste puisse venir du coeur ou de la raison ou d'un sentiment de profonde injustice. Encore moins du bon sens : le bon sens acquiesce et adhère, il ne s'oppose pas et, surtout, ne détruit pas l'indestructible...
Quatre ans après l'inimaginable : le plus inimaginable encore. Le statu quo renforcé, protégé, blindé : les dix millions de millionnaires démocrates et d'affaires sont maintenant à l'abri de l'inimaginable grâce aux milliards de nos impôts investis pour les sécuriser. Et les médias toujours à leurs pieds, dépendant d'eux pour pouvoir imaginer autre chose pour nous faire oublier l'inimaginable.
Je vais profiter de cette journée à la fois fraîche et ensoleillée pour aller marcher dans le bois, observer la beauté nature, écouter le concert nature, sentir les parfums nature sans avoir à les imaginer. En espérant qu'il n'y a aucun chasseur à l'affût...
09 septembre 2005
Déblocage (et 'débloguage')
Quelques semaines de repli et d'errance m'ont fait du bien et m'ont rassuré. Personne ne s'est inquiété du 'silence' de Franchement! depuis un mois : personne donc ne s'y était habitué. Hourra! Je me méfie des blogues comme des gens, des chefs surtout, qui créent des attentes...
J'ai volontairement omis de regarder hier le documentaire de Radio-Canada sur le référendum de 1995. Les quelques minutes de l'épilogue que j'en ai captées avant le Téléjournal m'ont convaincu que j'avais bien fait : c'était là la conclusion d'un argumentaire à thèse bien plus que la conclusion d'un documentaire... Les bons Québécois, les méchants Canadiens français...
Mais c'est tout autre chose qui me fait débloquer (débloguer) aujourd'hui. Qui l'aurait prédit il y a quelques mois : les péquistes peuvent maintenant parler ouvertement sans avoir à tenir des propos monolithiques du genre « il nous faut des conditions gagnantes »! Les candidats à la chefferie du parti peuvent du moins le faire, ce qui est un bon commencement, non?
J'ai souvent ici pourfendu le culte du chef qui caractérise la politique de notre temps (et pas seulement au Québec). Hier, en regardant Le Point, j'étais ravi, libéré quelque part. Je l'ai même regardé deux fois, grâce aux deux éditions du Téléjournal de fin de soirée, comme pour m'assurer que je n'avais pas rêvé! Les quatre candidats invités pouvaient exprimer publiquement leurs différences de vue, avaient même droit au cafouillage... Non, mais... Ça m'a fait du bien.
Un vent démocratique serait-il en train de se lever dans ce pays? La parole serait-elle en train de reprendre ses droits? Au moins huit candidats à la chefferie parmi lesquels les péquistes enregistrés devront faire un choix responsable après analyses et réflexions au lieu de n'avoir qu'à s'incliner de facto devant une tête autocouronnée : tous les espoirs sont permis pour un virage politique à 180 degrés. Si la tendance se maintient et si les langues continuent à se délier ailleurs que dans les cuisines et les salons médiatiques avides et à vide, à se délier là où ça compte, là où des décisions se prennent qui scellent le sort de la majorité tellement appréciée des chefs-rois lorsqu'elle reste silencieuse.
09 août 2005
Réflexion bête, sauvage même
Il m'arrive de penser bêtes.
Je pensais ce matin en plein bois à l'évolution des bêtes, dont nous sommes.
Je me demandais comment il se fait que les bêtes, plus elles sont restées bêtes, c'est-à-dire sauvages, plus elles sont devenues autonomes même en troupeaux. Et comment il se fait que l'homo sapiens a évolué vers l'homo economicus mondialisé d'aujourd'hui, l'être le plus dépendant que la planète n'ait jamais engendré, selon toute vraisemblance...
Et puis en sortant du bois je me suis mis à penser sauvages, ce que nous rêvons tous d'être (avouez).
Je me suis demandé comment il se fait que dans un pays modèle de multiculturalisme comme le nôtre, accueillant par milliers et indistinctement toutes couleurs, moeurs, traditions, langues et religions allant même jusqu'à sacrifier les nôtres pour mettre nos hôtes plus à l'aise, on n'ait pas encore réussi à trouver un modus vivendi avec les Autochtones, ces sauvages autonomistes invétérés chez qui nous habitons depuis au moins cinq siècles en toute légalité selon le droit impérial-iste immuable, fondement de la civilisation avec sa règle du « Tout ce que tu acquiers sans égard pour les moyens t'appartient à jamais », si ce ne serait pas parce qu'ils ont, eux, -- réflexion bête, sauvage même -- toujours refusé de sacrifier leurs couleurs, moeurs, traditions, langues et religions pour mettre les nôtres à l'aise, préférant rester sauvages, c'est-à-dire autonomes, alors que nous savons bien, car ils nous l'ont appris, qu'en agissant ainsi nous finirions à notre tour dans des réserves appelées communautés francophones. (Pas facile de résumer mille ans d'histoire dont cinq cents à venir en une seule phrase...)
04 août 2005
Un rapport 'pas rapport'
À LIRE :
Le rapport Ménard: pour sortir de quelle impasse?, par Gaetan Breton, Professeur à l'Université du Québec à Montréal, président de la Commission politique de l'Union des forces progressistes, auteur de Faire payer les pauvres (éditions Lux, 2005) et Amir Khadir, Médecin et porte-parole de l'Union des forces progressistes, dans ledevoir.com, édition du jeudi 4 août 2005
EXTRAIT :
« Ce n'est pas le niveau d'impôt que l'on paie qui est pertinent, c'est l'impôt plus les coûts privés. Pour le citoyen ordinaire, le total de la facture est presque deux fois plus élevé aux États-Unis, pour un rendement moindre. Le reste n'est que manipulation des chiffres et des populations. »
02 août 2005
Humour, réalité et sacré
Les commentaires de François, à la suite de mon billet précédent inspiré par Joblo sur le genre Horloge biologique, m'ont fait poursuivre ma réflexion sur le fond : comment se fait-il que je sois porté à 'condamner' (ce n'est pas la première fois) ce qui n'est pour les auteurs qu'une vision humoristique de la réalité?
Je crois avoir mis le doigt sur une des principales raisons de cette 'dissension' : c'est le rapport que nous avons avec le sacré.
- Sacré : qui appartient à un domaine séparé, inviolable, privilégié par son contact avec la divinité et inspirant crainte et respect. (TLFi)
Il existe pour moi des 'réalités' sacrées : la nature, l'air, l'eau; la vie, la naissance, la souffrance, la mort; l'amour, la prière, l'engagement, le partage... pour en nommer quelques-unes. (Je ne mentionne pas Dieu, qui est comme le temps et l'univers dans une catégorie à part : celle des grands doutes ou mystères nécessaires à la perpétuation de l'humanité.) Ce qui caractérise ces 'réalités', c'est qu'elles dépassent l'humain et son entendement.
J'ai un grand respect pour les 'réalités' sacrées, au point d'être choqué lorsqu'on s'en moque, plus profondément choqué encore lorsqu'on les piétine gaiement pour faire le show.
Dimanche dernier, j'ai assisté à une célébration en plein air pour souligner le départ des religieuses de notre patelin. Devant l'église, sous les arbres, face à la baie Missisquoi : un lieu naturellement propice au recueillement. La rue Champlain avait été fermée pour y ériger l'autel. Au beau milieu de la cérémonie, un motard bien gréé est venu parader et pétarader tout lentement sur les lieux mêmes de la cérémonie... Mais pourquoi donc?
La liberté, je veux bien. L'expression, je veux bien. L'humour, je veux bien. Mais il y a pour moi une limite infranchissable, celle du sacré, celle du respect de ce qui pour l'autre est sacré.
31 juillet 2005
Chère Joblo
- Dans son billet 'd'adieu', Josée Blanchette vide son sac après le visionnement du film Horloge biologique. Je regrette qu'elle ait choisi de mettre le verrou sur la fonction commentaires de son blog : j'aurais eu quelques questions à lui poser. Même pas pour avoir des réponses.
Parce que ce sont des questions dont je connais les réponse$.
Pourquoi fait-on de tels films au Québec? Pourquoi les classe-t-on '13 ans +'? Pourquoi des producteurs (productrices, par surcroît) financent-ils de tels films? Pourquoi des comédiennes et des comédiens acceptent-ils de jouer dans de tels films? Pourquoi des distributeurs mettent-ils de tels films à l'affiche? Pourquoi des journalistes cautionnent-ils des films pareils? Pourquoi les médias en font-ils la promotion? Pourquoi la télévision publique en fait-elle la promotion -- avec une scène simulée d'accouchement grotesque à dégoûter n'importe qui de la maternité?
Et des questions auxquelles il n'y a sans doute pas de réponses.
Pourquoi de tels films sont-ils subventionnés par l'État? Pourquoi des cinéphiles vont-ils voir ce genre de cinéma? Pourquoi des femmes et des hommes qui se respectent doivent-ils tolérer ce genre de cinéma?
- Dommage, Joblo, que vous fermiez boutique : vous étiez un bon préservatif contre l'abrutissement.
- En rappel : Dépèrissement.
- Ajout 05-09-12 : Une génération d'hommes crie «No future!», par Mathieu-Robert Sauvé, dans ledevoir.com, édition du lundi 12 septembre 2005
28 juillet 2005
Démocratie, pouvoir, image et stratégies
- Dois-je au préalable rappeler qui je suis et que je ne suis d'aucun parti?
Ce qui se passe maintenant dans l'antre péquiste ne surprendra personne de ma génération : le PQ est en pleine crise de la quarantaine. Comment pourrait-il en être autrement au tournant d'un parcours marqué par un discours devenu aussi captieux. Ce parti caractérisé au départ par la recherche, la défense et l'expression démocratiques de notre identité dans un cadre politique ouvert aux débats publics est devenu, comme les autres, obnubilé par le pouvoir et l'électoralisme. Les débats ont fait place aux stratégies, la démocratie, au culte du chef, l'identité, à l'image bien léchée et à la langue de bois. Le PQ est devenu un produit politique parmi d'autres, erronément libellé québécois -- sauf dans son acception territoriale.
Je me limiterai dans ce billet à souligner le culte du chef. Les partis n'en ont que pour leur chef : on ne montre que le chef (les ministres sont montrés seulement dans leur ministère, les députés, seulement dans leur comté) seul le chef peut parler universellement ou 'au nom du parti' (les ministres ne parlent que de leur ministère, les députés, que de et dans leur comté). Le PQ comme les autres. Alors, il arrive ce qui devait arriver : comme seul un chef peut succéder au chef, ministres et députés sont déboutés faute d'avoir été suffisamment vus et entendus. Les Libéraux ont ainsi fait appel à Jean Charest, un chef conservateur d'Ottawa, comme les péquistes l'avaient fait avant eux avec un autre chef d'Ottawa, Lucien Bouchard, et comme il aurait été tellement simple de le refaire en remplaçant le chef Bernard Landry par le chef Gilles Duceppe, d'Ottawa également et étrangement.
Le mythe du chef nous colle à la peau depuis un certain Maurice Duplessis qu'on ne cesse pourtant de pourfendre chez les bien-pensants. Et, comble de ce syndrome du chef, la majorité péquiste voudrait maintenant que le chef autoproclamé Bernard Landry démissionnaire ne soit le seul â pouvoir se succéder à lui-même... Réaction fort compréhensible dans un contexte où seul le chef du parti et du gouvernement prend parole et peut ainsi faire croire qu'il est seul maître d'oeuvre du moindre bon coup politique. Stratégie à bien court terme puisqu'elle étouffe toute manifestation de leadership dans l'entourage du chef, de la part des ministres ou des députés. On en subit collectivement le contrecoup maintenant : comment des candidats à la chefferie marqués au coin de la subordination silencieuse et obligée à leur chef peuvent-ils prétendre avoir le leadership nécessaire pour diriger un parti, une province et, prétendûment, un pays?
Pour un gouvernement et un parti, les grands débats sur la place publique sont plus risqués certes sur le plan électoral que les assemblées en catimini. Mais ils sont aussi porteurs de changements espérés et tribunes inespérées où se manifestent les leaders dont nous aurons besoin demain. Dans cette campagne à la chefferie, le PQ récolte ce qu'il a semé; le drame, c'est qu'il puisse encore se dire québécois.
25 juillet 2005
Consultation
Je n'entends plus le gazouillis des oiseaux à l'aube : serait-ce qu'il n'y a plus d'oiseaux ou qu'ils n'ont plus le coeur à chanter?
Je n'entends plus le clapotis du ruisseau d'â-côté : serait-ce qu'il n'y a plus d'eau ou qu'elle stagne sans bruit.
Je n'entends plus la cloche de l'église paroissiale : serait-ce qu'il n'y a plus de cloche dans le clocher ou personne pour la faire sonner?
Je n'entends plus les cris des enfants du village : serait-ce qu'il n'y a plus d'enfants ou qu'ils n'ont plus rien à crier?
Que dites-vous, docteur? Je ne vous entends pas très bien.
22 juillet 2005
J'ai de la chance
J'ai de la chance... Et trois fois plutôt qu'une... avec Google!
En tapant « Saint-Armand », cliquez sur J'ai de la chance, et vous êtes à l'instant téléporté dans Saint-Armand-sur-le-Web.
En tapant « Baie Missisquoi », cliquez sur J'ai de la chance, et vous plongez illico dans Ici la baie Missisquoi.
En tapant « franchement », cliquez sur J'ai de la chance, et vous aboutissez séance tenante ici même.
J'ai de la chance... au moins avec Google, où il semble que l'on récompense la fidélité et la persistance. Adieu « h, t, t, p, deux-points, barre oblique, barre oblique, ou slash, slash, double v, double v, double v... » J'ai de la chance...
Merci à toute l'équipe de Google et bravo pour votre philosophie!
21 juillet 2005
20 juillet 2005
S'étonner
Le billet du Magoua sur le confort intellectuel des 'barbares' que nous sommes en train de devenir illustre bien ce qui me fait apprécier certains blogues plus que d'autre. C'est l'étonnement. L'étonnement manifesté autant que l'étonnement suscité. Les blogues que je persiste à fréquenter sont de celles et de ceux qui expriment le leur ou suscitent le mien. L'étonnement, c'est comme une étincelle de vie. Étonner, c'est allumer. S'étonner, c'est se laisser allumer. En plus discret, mais comme le font la foudre et le tonnerre, d'où le mot « étonner » tient son étymologie.
En face à face, l'étonnement se manifeste par la brillance d'un regard, l'ébauche d'un sourire, le trémolo d'une intonation, la durée d'une hésitation, la fébrilité d'un geste... Dans le blogue, l'étonnement s'exprime par un mot inattendu, un qualificatif audacieux, une impertinence sémantique ou lexicologique; mais aussi par l'angle dont un sujet est abordé, par une ponctuation qui se rit des règles comme pour provoquer ou par une révélation imprévisible, apparentée à la 'confession' de jadis. « J'avoue... J'ose... Je ne devrais pas vous en parler, mais... », peut-on lire dans le non-écrit de qui sait étonner.
L'étonnement, c'est aussi de découvrir une face cachée du blogueur fréquenté. J'aurais dû chaque fois noter l'étonnement manifesté par les jeunes pères et mères de ma blogosphère lors de la naissance de leur petit dernier : l'étonnement dans toute sa pureté. Ou l'étonnement plus contenu à l'occasion d'un changement de vie ou de sphère. Ou encore l'étonnement, lui impossible à contenir, après une découverte elle-même étonnante. L'étonnement est communicatif. On le retrouve d'ailleurs dans bien des 'commentaires'.
Dans cette société de l'information et de la communication industrielles, programmées et envahissantes -- bref, convergentes --, le blogue est un des espaces encore vierges où, à distance et de gré à gré, on peut encore choisir de s'étonner et le manifester. C'est pourquoi je persiste à bloguer.
19 juillet 2005
500e
- L'équipe de Google vient de réactiver la fonction 'statistiques' de Blogger. De quoi vous couper l'inspiration et la spontanéité.
Pourquoi donc nous laissons-nous tellement impressionner par les nombres qui ont plusieurs zéros? Pire : plus ils ont de zéros, plus ils nous impressionnent. Manifestation inconsciente de nos aspirations vers l'infini?
14 juillet 2005
L'école publique québécoise a-t-elle le choix d'être ou de ne pas être communautaire?
- Une équipe de travail mandatée par le Conseil des ministres en décembre dernier vient de remettre son rapport sur le développement de l'école communautaire (info via Clément et François).
Ce rapport a le mérite de proposer une définition de l'école communautaire :
L'école communautaire mobilise le personnel de l'école, les membres du conseil d'établissement, les parents et les partenaires du milieu communautaire, social, culturel, municipal, gouvernemental et économique, en vue de mettre leurs ressources respectives au service des jeunes, de leurs familles et de la communauté. L'école communautaire vise à faire de la réussite des jeunes un engagement social.
Cette mobilisation se fait dans le respect du rôle, des responsabilités et des devoirs de tous, afin de mettre à profit les ressources de chacun, de les investir dans la réussite des jeunes et dans le soutien au personnel scolaire, aux familles et à la communauté. Le rôle de l'école communautaire se situe dans une optique d'engagement et de collaboration au développement de la communauté. Elle ne s'impose pas : elle se réalise dans le respect de la dynamique locale et adopte sa couleur.
(...)
En bref, [les membres de l'équipe de travail] souhaitent une école qui collabore avec les membres de la communauté pour le bénéfice de l'une et de l'autre. Une école communautaire serait un carrefour où se rassemblent divers partenaires (un réseau de partenaires) en vue d'offrir différents services et divers types d'aide aux jeunes, aux familles et à la communauté.
(L'école communautaire, page 6)
Après avoir lu les cinquante pages du rapport et rerelu les recommandations, je me suis posé trente-six questions. Mais qui sont véritablement les auteurs de ce rapport? Quel vécu ont-ils par rapport à l'école? Ont-ils réfléchi un tant soit peu sur ce qu'est la famille québécoise en 2005? Se sont-ils entendus sur ce qu'est une communauté en 2005 au Québec? D'où vient cette insistance tout au long du rapport sur la baisse démographique dans la majorité des régions et sur la fragilité des finances publiques? Leur mandat était-il vraiment de concevoir un plan pour développer l'école communautaire au Québec?
Bref, j'ai été profondément déçu par la superficialité de ce rapport (mise à part la recherche), la timidité de son engagement en faveur de l'école communautaire et son approche tendancieuse -- il s'inscrit tellement bien dans les deux grands axes prioritaires du gouvernement en place. On y fait l'apologie du système actuel (aucune critique) tout en proposant l'école communautaire comme une alternative au statu quo lorsque celui-ci n'est plus possible advenant que les enfants et l'argent viennent à manquer. L'école communautaire : une 'patche', un diachylon. Il ne faut pas que l'école communautaire change quoi que ce soit aux structures et aux programmes actuels; tout au plus pourrait-on les regrouper (voir la liste, page 10 du rapport) sous le nom d'école communautaire s'il en résulte des économies.
Et si on essayait de voir les choses autrement?
Toutes les écoles publiques sont tenues d'être 'communautaires' par la loi :
[L]'école est un établissement d'enseignement destiné à dispenser (..) les services éducatifs (...) et à collaborer au développement social et culturel de la communauté. Elle doit, notamment, faciliter le cheminement spirituel de l'élève afin de favoriser son épanouissement.
(article 36 de la Loi sur l'Instruction publique, cité à la page 4 du rapport)
Le problème, c'est qu'elles ont trop souvent le communautaire 'renfermé', intra muros. Dans combien d'écoles prend-on le temps chaque année de se demander collectivement : comment pourrions-nous être plus ouverts à la communauté locale, plus accueillants pour les gens du milieu, favoriser les échanges avec eux?
Je crains que ce rapport, si on le lit, plutôt que d'inciter les écoles à développer leur caractère communautaire en toute autonomie ne favorise plutôt l'attentisme et le maintien du repli sur soi sécurisants. Pour les auteurs du rapport, l'école communautaire semble d'abord une structure à mettre en place; n'est-ce pas plutôt une mentalité à créer ou à développer dans chaque milieu-école?
- En rappel : « L'idée de l'école communautaire », un billet inspiré par le remaniement ministériel qui a fait du MEQ (ministère de l'Éducation du Québec) le MELS (ministère de l'Éducation, des Loisirs et des Sports) pour répondre à « l'idée de l'école communautaire », selon les mots même du premier ministre Jean Charest.
12 juillet 2005
02 juillet 2005
Un festival prometteur (et révélateur)
Le Festival des films du monde... de Saint-Armand
(Billet aigre-doux dans Saint-Armand-sur-le-Web)
29 juin 2005
26 juin 2005
Au bord de ma rivière
ici j'entends le courant de mes peines
perdues dans le temps d'un amont lointain
s'écouler dans le ruisseau de mes veines
m'emportant vers un aval incertain
Script via The JavaScript Source
25 juin 2005
24 juin, fête de l'ambiguïté québécoise
Hier, c'était congé, c'était la fête un peu partout au Québec et dans les autres provinces canadiennes où résiste le français. Mais la fête de qui? de quoi? Question d'ailleurs de plus en plus récurrente : elle ne se pose pas seulement le 24 juin -- chaque troisième lundi de mai de congé la ramène avec la reine Victoria, Dollard des Ormeaux et les Patriotes qui se l'arrogent à qui mieux-mieux --, mais elle se pose surtout le 24 juin.
La fête du 24 juin nous rassemble selon toute vraisemblance; le sens de cette fête nous divise pourtant. À plus d'un égard d'ailleurs. Fête religieuse (saint Jean-Baptiste) ou fête laïque (solstice d'été)? Fête nationale du Québec et des Québécois ou fête des Canadiens-français? Ou fête des cinq à la fois, c'est-à-dire fête de l'ambiguïté québécoise? Ou fête de peu importe quoi, c'est-à-dire fête de la naïveté?
Ouvrons une parenthèse.
- Si je n'ai pu participer à la fête hier, j'ai pu y télé-assister, en voir et entendre des fragments condensés aux 'nouvelles' et même m'offrir l'intégrale de l'officiel 'spectacle Loto-Québec' à Radio-Canada : un enchevêtrement d'ambiguïtés. À travers une avalanche de spots publicitaires pour les produits des sociétés transnationales, la télévision publique canadienne diffusant le spectacle multiculturel officiel de la fête du 24 juin, dite Fête nationale du Québec, commandité en sourdine par le gouvernement du Québec via Loto-Québec, sa filiale tributaire du jeu de hasard programmé.
Fermons la parenthèse.
L'ambiguïté est la mère de la confusion et du salmigondis. L'ambiguïté québécoise ne fait pas exception. Quelqu'un quelque part voudrait en finir avec la culture canadienne-française en lui substituant une néomulticulture qu'il ne procéderait pas autrement. Or on aura beau greffer des branche et des feuilles à l'arbre, c'est peine perdue si en même temps on charcute ses racines.
23 juin 2005
Tripo-Québec
Je suis on ne peut plus outré de voir avec quel culot Loto-Québec nous présente ces jours-ci son projet de déménager au Centre-ville, soi-disant en vue d'y implanter un 'complexe de divertissement international' avec le Cirque du Soleil de Las Vegas.
Le jeu comme l'alcool est un mal nécessaire, soit. Point, à la ligne. En faire la promotion et le développement frôle le proxénitisme.
Depuis la création de Loto-Québec, le jeu comme l'alcool est devenu un mal fort lucratif pour les gouvernements et les tenanciers de bars : deux mamelles à valeur ajoutée dont ils ne peuvent visiblement plus se passer.
Que le jeu et l'alcool déshumanisent à petit feu, favorisent la criminalité, altèrent et brisent quotidiennement des vies et d'autres vies innocentes qui en dépendent, on s'en fout en haut lieu. Après tout, la vie n'est qu'un jeu de hasard : que les chanceux gagnent!
Et que dire de l'hypocrisie de ceux pour lesquels Loto-Québec est une vache à lait? On se contente pour la forme de rapporter dans les médias quelques oppositions démunies; mais sur le fond, les médias s'opposeront-ils à ce que Loto-Québec et son cirque adoptif leur profitent plus encore en revenus publicitaires?
Rien à craindre non plus des perdants, la majorité des joueurs. L'opposition au projet ne viendra pas d'eux : les perdants n'ont pas coutume de pavoiser, cherchant plutôt à troquer leur frustration et leur honte pour de nouveaux pseudo-rêves.
Je parie ce qui reste de ma chemise que le projet se réalisera. Ce jour-là, Loto-Québec devrait en même temps changer son nom pour Tripo-Québec.
19 juin 2005
Dépèrissement
J'ai connu l'apogée du père. C'était l'époque où le gouvernement gouvernait comme un père, où Dieu était Notre Père, où le pape était le Saint Père, où il y avait une cinquantaine de communautés de pères (chacun d'eux étant un père 'spirituel' dans son milieu) et où toute chose importante était faite « au nom du père et... ». C'était aussi l'époque où à peu près tout le monde avait un père pourvoyeur qui venait plus ou moins souvent faire acte de présence à la maison familiale : chez nous, c'était à l'heure des repas; chez d'autres, les fins de semaine ou de mois. Le reste du temps, le père devait ou disait travailler loin et longtemps pour pourvoyer. Mais même en son absence, le père était là : « Quand ton père va r'venir, lui va te parler et tu vas y goûter! »
J'ai aussi connu le déclin du père. Je pense que c'est venu d'un constat collectif quasi synchrone le jour où on s'est aperçu qu'il était bien loin le père, qu'il était bien absent et avait tort de l'être, et surtout qu'on pouvait facilement s'en passer; les pères, de leur côté, prenaient conscience que la paternité n'était pas rentable. Et cette conjoncture fit que Dieu, le gouvernement, le pape, les pères spirituels et les pères pourvoyeurs se mirent tous à 'dépèrir'. Il n'en fallait pas plus pour qu'en quelques dizaines d'années le père ne devint finalement qu'un concept folklorique. Mais dans le père, il y avait l'homme pour le supplanter. Le gouvernement se mit donc à gouverner selon les droits de l'homme. Dieu disparut; l'homme le remplaça. Le Saint Père devint un saint homme. Les communautés de pères spirituels cédèrent la place aux mâles psycho-, sexo- et autres monologuistes ainsi qu'aux humoristes, ces vrais hommes au rire franc et au franc parler. Et les pères pourvoyeurs ainsi délestés de leur rôle se résignèrent d'abord, puis prirent plaisir à vivre en hommes, c'est-à-dire à rester gars à perpétuité.
Aujourd'hui, quels pères fête-t-on au juste? Une espèce en voie de disparition dont les aspirations ont encore une certaine valeur marchande. L'État s'étant arrogé en prétextant la suppléance tous les devoirs du père avec le pouvoir inhérent, quel intérêt y a-t-il encore pour l'homme à paterniser?
16 juin 2005
Supposons...
En relisant mon billet sur l'effet CPE, je me surprends à imaginer -- simplement pour le plaisir d'imaginer -- un autre scénario. Basé celui-là sur le droit de l'enfant d'avoir une famille (disons, pour simplifier, une famille selon la définition traditionnelle*). Un droit tout à fait imaginaire, je le répète : on parle ici pour parler.
Ce droit de l'enfant d'avoir une famille, s'il existait, ferait en sorte que la famille doive absolument être sauvegardée, soutenue, valorisée et privilégiée par nos gouvernements en toute démocratie ou société de droit : l'État devrait assurer la pérennité de la famille. Dans ce scénario absolument farfelu, l'homme est d'abord le père d'un enfant; la femme, d'abord la mère d'un enfant. Et comme le droit d'avoir une famille c'est aussi le droit à des frères et à des soeurs, l'État a le devoir de favoriser les naissances et d'encourager la vie familiale par des politiques cohérentes à cet égard dans les domaines de la fiscalité, du logement, de l'éducation, des loisirs, etc.
On pourrait poursuivre l'exercice et imaginer l'impact d'un tel droit dans tous les domaines, notamment celui des médias faisant alors la promotion de la fidélité, de la sobriété, de la solidarité, de l'harmonie et de la créativité. Imaginer que la valeur première soit l'enfant plutôt que l'argent... Imaginer le développement durable du bonheur proche accessible à la majorité plutôt que le développement de l'économie mondiale lointaine favorisant une minorité...
Vous croyez vraiment, docteur, que je devrais consulter un psy?
- *Famille : institution juridique qui groupe des personnes unies par les liens du mariage, par les liens du sang, éventuellement, en vertu d'un pacte, par des liens d'adoption. (TLFi)
15 juin 2005
L'effet CPE
Effet médias ou véritable effet CPE? Toujours est-il qu'à travers les multiples reportages télé liés à la grève actuelle dans le milieu des centres de la petite enfance, on nous présente des témoignages de parents. Des témoignages révélateurs. Les jeunes parents sont satisfaits des CPE, sont d'accord avec les revendications des éducatrices en grève et souhaitent que le gouvernement ajoute d'autres 'places' aux 189 380 actuelles.
Ce qui ressort de tous ces témoignages médiatisés, c'est que les CPE sont maintenant indispensables. Comme le sont les cégeps, les écoles, les clsc, les palais de justice et les centres hospitaliers. Toutes ces institutions ont eu à peu près le même parcours : d'abord services à la population, ils se sont structurés, les gouvernements les ont encadrés et ils font maintenant partie de nos droits inaliénables, ce qui leur assure la pérennité. Droit à la santé, droit à la justice, droit aux services sociaux, droit à l'instruction...
Il fallait voir en fin de semaine les nouveaux parents faire la queue à Gatineau pour inscrire leur plus jeune dans un CPE dont la construction vient d'être officiellement annoncée... Il faut voir aux actualités un papa, une maman se mettre martel en tête afin de trouver 'un milieu de garde' transitoire pour l'enfant privé de son service de garde, ou même se résigner (visiblement) à 'rester à la maison pour s'en occuper'... Il faut entendre les représentants des parties en négociation s'accuser mutuellement de 'prendre les parents en otages'... -- avec leurs enfants, dans leur propre maison, devraient-ils ajouter!
L'effet CPE est donc manifestement la libération des parents. Grâce aux CPE, un nouveau droit est en train de s'imposer : celui de faire garder ses enfants pour 7 dollars par jour à partir de l'âge de 6 mois.
Est-ce que cet effet qui s'avère fatalement un nouveau droit est un progrès? Sur le plan économique, indubitablement. Sur le plan social, l'avenir permettra d'en juger.
12 juin 2005
Journée mondiale contre le travail des enfants
10 millions d'enfants dans le monde travaillent pour les multinationales. Un million d'enfants travaillent dans des mines et des carrières. En 2005.
Inconscient, irresponsable, égocentrique ou criminel?
Hier. SMOG. 30 degrés Celcius à l'ombre. À Saint-Jean-sur-Richelieu, face à l'entrée latérale du Zeller's HBC (Hudson's Bay Company in Qwaybec -- l'astuce à la mode pour faire un pied de nez à la loi 101 en toute légalité, RBC, CIBC, BMO... -- pardonnez-moi cet égarement, sans doute un effet du smoke fog).
Hier donc. SMOG. 30 degrés Celcius à l'ombre. Trois automobiles stationnées, moteur en marche. Dans l'une, ni conducteur ni passager : personne. Dans chacune des deux autres, un conducteur tout à son aise dans son siège baquet incliné juste au bon angle, en mode j'attends-ma-blonde-en-train-de-magaziner. Moteur en marche pour airclimatiser ces messieurs dames qui seraient pourtant hors-la-loi à Montréal!
Ce genre de comportement inconscient, irresponsable et égocentrique devrait être considéré comme un crime de lèse-humanité.
06 juin 2005
Sortir de l'ombre
C'est aujourd'hui qu'ÉditiQue SM sort de l'ombre pour offrir ses services à une clientèle élargie après 20 ans au service quasi exclusif de la formation à distance.
- Le bloc-notes d'ÉditiQue SM : EN PAGES
L'adresse URL du site : www.esm.qc.ca
05 juin 2005
Mon empreinte écologique
En cette journée mondiale de l'environnement, un test tout simple peut nous amener à réfléchir concrètement sur notre inconscience et sur notre irresponsabilité collectives...
Résultat. Si toute la population dans le monde vivait à ma façon, il faudrait 4,21 planètes Terre pour fournir à la demande!
Observation. Et si toute la population du monde vivait à l'américaine, il faudrait 6,81 planètes Terre!
Calculez votre empreinte écologique. Fortement recommandé aux jeunes (sans limite d'âge) et à celles et ceux qui croient que l'avenir se joue au présent.
03 juin 2005
Chanson inachevée
Tant de fleurs en mai
Et si peu de fruits en août
Tant d'amour en nous
Et si peu pouvoir aimer
29 mai 2005
L'homme de la télé
l'homme de la télé
il a les dents toujours bien blanches
l'homme de la télé
il a la tête toujours bien rasée
l'homme de la télé
il est toujours bien habillé
l'homme de la télé
et il parle, il parle, il sait parler
l'homme de la télé
il sait si bien séduire les femmes
l'homme de la télé
il sait leur sourire avec ses yeux
l'homme de la télé
et rire, rire, rire avec tellement d'éclats dans la voix
l'homme de la télé
on voit bien qu'il a réussi dans la vie
l'homme de la télé
ça se voit qu'il est heureux, même gai
l'homme de la télé
il inspire la bonté, la confiance, la loyauté
l'homme de la télé
il peut dire n'importe quoi, on le croit
l'homme de la télé
il n'a aucuns problèmes sauf techniques
l'homme de la télé
aucuns problèmes d'amour
l'homme de la télé
aucuns problèmes d'argent
l'homme de la télé
et il est tellement généreux
l'homme de la télé
je ne l'ai jamais vu déprimé ni fatigué
l'homme de la télé
jamais en mal ni malade
l'homme de la télé
jamais saoul, jamais sale
l'homme de la télé
jamais seul non plus
l'homme de la télé
c'est un grand imposteur
l'homme de la télé
27 mai 2005
Bravo au Cégep@distance!
L'Association canadienne d'éducation à distance (ACED) vient de décerner son Prix d'excellence et innovation dans les services aux étudiants au Cégep@distance pour Accueil et directives - Le guide de votre réussite.
Ce concours, dont la cérémonie de remise des prix s'est tenue à Vancouver, le 11 mai 2005, vise à souligner l'excellence de projets pancanadiens et internationaux d'éducation à distance.
Bravo à toutes les personnes qui ont contribué à la réalisation de ce guide, et plus particulièrement à Élise Desgranges, Denise Brodeur et Sabine Iodio.
Ayant collaboré à la matérialisation de ce guide en faisant la conception et la réalisation de la mise en page ainsi que l'infographie (hormis les couvertures), je suis très fier que le Cégep@distance ait remporté ce Prix.
C'est la quinzième fois depuis sa création en 1990 qu'une production d'ÉditiQue SM pour le Centre collégial de formation à distance (maintenant le Cégep@distance) mérite un prix d'excellence à ce collège unique en son genre pour lequel nous faisions jusqu'à maintenant la conception et la mise en page de documents de formation. Trois de nos productions de l'an dernier pour le Cégep@distance sont d'ailleurs en lice pour le Prix du ministre 2004-2005, catégorie Formation à distance.
- Si je ne fais mention qu'aujourd'hui du Prix de l'ACED, c'est que je viens tout juste d'apprendre la nouvelle par hasard, sur le site du Cégep@distance. Prix d'excellence et innovation pour le Cégep@distance... mais pour ÉditiQue SM, c'est plutôt un prix de consolation puisque, le 29 avril dernier, nous recevions par courriel ce message succinct du même Cégep@distance : « ...je me vois au regret de vous informer que la mise en page telle que nous la connaissions ne sera plus en vigueur au sein de notre établissement. Je vous souhaite bonne chance et, étant donné la qualité de votre travail, je suis certaine qu'ÉditiQue SM n'aura pas de difficultés à se trouver de nouveaux clients. »
- Mise à jour, le 6 juin 2005
Pour plus d'informations touchant nos services et notre domaine d'expertise, la formation à distance :
Page après page, le bloc-notes tout neuf d'ÉditiQue SM.
26 mai 2005
17 mai 2005
05 mai 2005
Yulzine Duality : un concept génial!
La dualité linguistique est cependant la plus visible et la plus audible partout à Montréal;
04 mai 2005
Un site 'classique' créé avec une plateforme de blogue
Bâtir un site 'classique' avec Blogger (ou avec toute autre plateforme de blogue), c'est pas évident, comme dirait l'autre, mais c'est possible. Le plus gros défi : concevoir une architecture et une interface graphique qui rendent visible tout le contenu du site, peu importe dans quelle page on est. Gros défi parce que le concept même du blogue, c'est de focaliser sur l'article le plus récent et, en quelque sorte, enterrer progressivement les précédents dans le musée des archives.
Mais quels sont les avantages et les inconvénients de procéder de la sorte? Je n'y vois que des avantages (ou presque), le plus important étant la facilité avec laquelle on peut ensuite faire la mise à jour du site : tout nouvel élément de contenu s'ajoute comme un nouveau billet dans un blogue, de même que toute correction ou ajout. Autre avantage important : chaque élément de contenu peut faire l'objet de commentaires et on peut facilement y référer via son lien permanent.
Les inconvénients? J'y reviendrai. Si ça intéresse quelqu'un...
01 mai 2005
Rien devant tout à côté
Rien, devant?
Devant rien?
Tourne un peu la tête
À droite, à gauche
Tourne encore un peu plus
Regarde de chaque côté
De plus en plus loin
Continue à regarder latéralement
Non, surtout pas devant
Surtout pas l'écran
L'écran qui fait écran
Regarde à gauche
Regarde à droite
Jusqu'à voir quelque chose
Jusqu'à voir
Quelqu'un devant
29 avril 2005
Voir du pays
Quand j'ai le goût de voir le beau du monde, je vais chez TrekEarth. Je choisis un pays ou une ville et je me laisse charmer par un paysage, une rue, un lac, un monument, un bord de mer, une montagne, une vieille maison, un arbre, une fleur, un coucher de soleil, un visage... J'arrive tout juste de Zagreb. Enchanté. Demain, j'irai peut-être à Moscou.
28 avril 2005
27 avril 2005
Le Québec, ses écoles et ses églises
Le Québec :
Le néolibéralisme s'est largement installé dans les institutions du pays, ainsi que dans ses pratiques sociales, avec comme conséquence mécanique la progression de la précarité : selon un rapport commandé en 2003 par le ministère du travail, 36 % des nouveaux emplois créés sont « atypiques », autrement dit précaires, cependant que les salaires des banquiers ont augmenté de 33 %!
La gauche québécoise est-elle soluble dans le souverainisme?, par Jean-Michel Djian dans Le Monde diplomatique, février 2005
Ses écoles :
Vous croyez que je décris une réalité peu commune? Détrompez-vous! Je suis certaine que c'est la vie de plusieurs enseignantes et enfants du Québec. Nos jeunes ne peuvent pas revendiquer ou se plaindre... Les parents ne sont pas vraiment au courant du quotidien de leurs enfants. Ce n'est pas une situation qui fait beaucoup de bruit et, pourtant, les enfants sont notre avenir!
Que vivent les enfants dans nos écoles?, par Michèle Valois, Enseignante à Commission scolaire de Laval, dans ledevoir.com, édition du mercredi 27 avril 2005
Ses églises :
Depuis trois siècles, l'immense majorité des Québécois ont été tenus de payer pour l'édification et l'entretien des bâtiments paroissiaux de l'Église catholique romaine, ce qui a présidé à ce que la législation et la jurisprudence aient maintenu entre les mains de la collectivité québécoise et de ses héritiers, et non entre celles de l'Église, des pratiquants ou de leurs représentants, la possession des églises paroissiales catholiques. Au moment où, dans les paroisses, on s'affranchirait bien de la responsabilité des bâtiments si des activités pastorales pouvaient y être maintenues quelque temps, leur reprise par la collectivité québécoise s'inscrit donc dans le cours des choses.
Reprendre en main l'avenir des églises du Québec, par Lucie K. Morisset et Luc Noppen, dans ledevoir.com, édition du mercredi 27 avril 2005
25 avril 2005
Le pouvoir de la parole
Ce qui se passe actuellement sur le plan politique tant à Ottawa qu'à Québec m'amène à me redemander où loge le vrai pouvoir.
La gent politique et la gent médiatique font un bien drôle de couple. Un couple inséparable qui évolue, au gré des événements, de la fidélité à l'opportunisme, de la confiance aveugle à la méfiance maladive, de la séduction naïve à la répulsion dévolue.
Qui se ressemble s'assemble. Les deux se ressemblent parce que les deux ont la parole. Facile. Et que les deux s'écoutent. Parler. La gent politique dans son salon parlementaire; la gent médiatique, dans nos salons prolétaires. Et là réside le pouvoir insondable de cette dernière : celui de nous parler dans les yeux sans nous voir, celui de décider qui nous écouterons, de quoi, comment, pendant combien de temps et combien de fois ils pourront nous parler sans nous voir.
La parole du politique élu est ainsi soumise au marché médiatique qui peut en disposer comme bon lui semble au gré de ses intérêts du moment.
Nous connaissons ainsi, déjà, le résultat des prochaines élections : seront élus les candidats médiatisés, les candidats médiatiques, les candidats susceptibles d'avoir la cote. D'écoute.
24 avril 2005
23 avril 2005
Reprises
- La belle saison ramène les reprises à la télé. À la demande générale, paraît-il...
Reprises ou radoteries?
- La télé a horreur du vide. J'essaie d'imaginer la grille horaire de la télé expurgée des reprises.
Quelqu'un a-t-il noté si les 'pauses publicitaires' pendant les reprises étaient aussi des reprises? Où ai-je la tête? Les messages publicitaires peuvent-ils être autre chose que des reprises?
- Drôles de reprises puisqu'on n'y décèle aucune amélioration... Des reprises qui ne permettent pas de se reprendre...
Le temps passe. Et il repasse grâce aux reprises. Nous donnant ainsi l'illusion qu'il ne passe pas.
- On voit peu de reprises chez les blogueurs; tout au plus une tendance au radotage chez certains (dont je suis). Mais il y en a parfois : ce billet sur le prolongement de l'autoroute 25, par exemple.
Reprenons. Vous le savez, vous, à qui profitent les reprises?
- Les reprise ont parfois du bon. Bien choisies, elles peuvent être une antidote à la bêtise.
22 avril 2005
Adieu, Yulblog
21 avril 2005
Quelques lectures instructives en ligne
Je ne dirai jamais assez combien j'apprécie Internet et la blogosphère comme outils de stockage et de partage de la connaissance. Voici quelques exemples que je me voudrais de taire au cas où ils vous auraient échappé.
- Le dossier « La Mort aime bien les pauvres », dans Le Monde diplomatique de février 2005. Où l'on découvre l'hypocrisie des politiques étrangères des pays bien nantis.
- La théorie de Chris Anderson, The Long Tail, que j'ai découverte via InternetActu. Grâce à Internet, les marchés et les médias de masse ne font plus la pluie et le beau temps. L'accès aux oeuvres marginales, rejetées par la critique, boudées par le marketing ou délaissées par le temps est maintenant possible. C'est à la fois une richesse et un espoir pour notre temps. La fin de la pensée unique et des grands courants magiques imposés par le profit?
- Tout sur le bouleversement récent des programmes dans le merveilleux monde de l'éducation au Québec dans Jasons réforme. Grâce à Mario et à ses wikicollaborateurs, impossible dorénavant d'en parler à travers son chapeau. Les parents d'aujourd'hui sont-ils conscients du privilège qu'ils ont d'avoir ainsi accès à une information pédagogique de première main dépouillée de l'emballage trop souvent hermétique des documents officiels?
- Le plus beau chez l'humain, c'est sa créativité. Mais comment être de plus en plus créatif? C'est Dave Pollard qui nous fait part de différentes méthodes relevées au cours de ses lectures sur le sujet : How to Be Creative. Ce Dave Pollard est d'ailleurs un as de la créativité. Son blog fourmille de propositions, de théories et d'exemples qui, si on les appliquait, pourraient changer le monde.
- Depuis toujours, quelque chose me dit que le système économique actuel est trop dépendant des indices boursiers. Bernard Girard m'a fait découvrir le livre Wall Street de Doug Henwook sur le sujet. Téléchargeable gratuitement. En lisant ce livre, je devrais enfin pouvoir tester la justesse de mes intuitions avec un expert.
- Enfin -- assez pour aujourd'hui --, j'ai relu la LETTRE AUX ÉVÊQUES DE L'ÉGLISE CATHOLIQUE SUR LA COLLABORATION DE L'HOMME ET DE LA FEMME DANS L'ÉGLISE ET DANS LE MONDE, écrite par Joseph Ratzinger avant qu'il ne devienne Benoit XVI. Et je suis toujours fondamentalement d'accord avec les principes qu'il défend. On est à mille lieues ici d'une conception complaisante de la femme et de l'homme à l'eau de rose.
Tant de connaissances à portée de clics... Et dire qu'il y a des gens qui s'ennuient. J'envie Zénon qui vit de livres et dans les livres.
20 avril 2005
Aussi catholique que le pape?
Certains mots nous interpellent plus que d'autres. Le mot catholique est un de ceux-là. Le mot Église aussi; et le mot pape. Ce sont pourtant des mots dont le sens est très commun : père, assemblée, universel. Lus ainsi, pas surprenant que le pape et l'Église catholique aient rassemblé autant de monde de partout ces dernières semaines. Nous avons tous un besoin viscéral de nous rassembler : c'est notre côté troupeau ou moutons, bref, notre côté bonnes bêtes.
En tant que Québécois, notre rapport aux mots église, catholique et pape (et à tout autre mot qui y réfère) est étrange et énigmatique. D'abord, ce sont des mots que nous utilisons peu ou pas de peur d'être ridicules, si ce n'est inconsciemment (« Faut quand même pas être plus catholique que le pape! », pour défouler (« Calice! ») ou pour en faire des gorges chaudes juste pour rire.
J'ai longtemps pensé que ces attitudes découlaient d'une sursaturation de petit catéchisme qui se serait en quelque sorte transmise dans une mémoire diffuse transgénérationnelle; je crois maintenant que c'est un phénomène d'immaturité provoquée et entretenue par l'ignorance crasse. La plus belle illustration nous en est donnée dans les médias : ces dernières semaines, les seuls thèmes ou à peu près qu'on a associés au pape et à l'Église catholique, avec un parti pris évident et sans en débattre sur le fond, sont le mariage des prêtres et des homosexuels -- on ne s'est d'ailleurs pas privé d'associer les deux --, le sacerdoce des femmes, la contraception et l'avortement. Comme si les épines étaient l'essentiel de la rose.
L'Église catholique pour moi est une institution qui témoigne au monde entier de l'idéal de vie proposé par le Christ, Dieu fait homme qui, par sa résurrection, nous a révélé que la vie avait un sens. J'y adhère dans la mesure où cet idéal confronte ma liberté, respecte mes doutes et éclaire mes choix.
Suis-je catholique pour autant? Oui, si catholique veut dire baptisé et croyant en la vie. Non, si catholique veut dire pratiquant les 'commandements de l'Église', fervent et ayant une foi inébranlable en Dieu. Est-ce d'ailleurs si important d'avoir ou pas l'étiquette?
19 avril 2005
Entre-deux
Entre deux papes et entre deux gouvernements à Ottawa, nous sommes menés par qui et par quoi? Les lois du marché? Les lois naturelles? Les lois de Dieu? Toutes et aucune?
Je me dis parfois que la connaissance sinon la reconnaissance pratiquement unanime des 'commandements de Dieu' par nos pères et mères avait du bon. Je ne suis pas certain que comme société nous soyons gagnants d'avoir accepté que les 'lois de Dieu' soient supplantées par les 'lois du marché'. Je suis encore moins certain que comme individus, nous soyons vraiment convertis aux lois du marché. Conditionnés, oui. Mais, convertis...
Le hic, c'est qu'il faut choisir parce que ce sont, à mon avis, deux diktats absolument irréconciliables. En fait, tout se passe comme si la société était régie par les lois du marché alors que la majorité des individus qui la composent avait plutôt besoin d'être soumise aux 'lois de Dieu'.
Une minorité d'individus a réussi à s'affranchir des lois de Dieu et à se soumettre uniquement aux lois du marché. Ceux-là sont en symbiose avec 'la société' dite moderne; tellement en symbiose, qu'ils peuvent contrôler la majorité qui la compose, elle toujours soumise aux 'lois de Dieu'.
Tout cela peut paraître bien théorique; il n'en est rien pourtant.
Prenons les septième et dixième commandements : « Tu ne voleras pas. (Le bien d'autrui tu ne prendras, Ni retiendras sciemment.) » et « Tu ne désireras pas injustement le bien des autres. (Biens d'autrui ne désireras, Pour les avoir injustement.) » La majorité des gens ne volent pas; ils sont soumis aux 'lois de Dieu'. Mais la minorité convertie aux lois du marché ne s'en prive pas, une des lois du marché étant celle du profit et le profit ne pouvant se réaliser qu'en prenant le bien des autres : pour que B ait +1 il faut que A ait -1 parce que rien ne se perd ni ne se crée. L'effet est connu et même admis universellement : plus les riches s'enrichissent, plus les pauvres s'appauvrissent. Et les deux sont satisfaits : les riches parce que plus ils sont riches, plus ils sont reconnus par le marché; les pauvres, parce que plus ils sont pauvres plus ils sont bienheureux et reconnus par Dieu.
Ai-je besoin de faire la même démonstration avec les sixième et neuvième commandements?
L'équilibre parfait. Tellement parfait qu'il se maintient même pendant cette période sans pape et sans gouvernement à Ottawa.
18 avril 2005
Pas de débats, pas de démocratie
En revoyant hier l'entrevue de Michaëlle Jean avec Daniel Pinard, j'ai eu la nostalgie des grands débats qui ont eu cours il y a quelques années sur les ondes de notre télévision publique. La tour de Babel, par exemple, qui réunissait des gens de qualité autour de sujets de fond. Aujourd'hui, cotes d'écoute obligeant, il faut se contenter de 'shows de plogues' menés par la 'gang de RBO' et autres petits drôles!
Et pendant que nous nous esclafons tout en devenant obèses (excellent dossier de Découverte en fin de semaine sur le sujet), les ressources de notre Terre sont dilapidées par une minorité et la majorité d'impuissants que nous sommes laisse la démocratie s'étioler. Daniel Pinard en donne des exemples sidérants ici même au Québec dans les domaines de l'agriculture mondialisée et de l'alimentation industrielle.
Le cas de la fièvre électorale qui s'est emparée de nos politiciens illustre on ne peut mieux combien notre démocratie est chambranlante. Le financement occulte des partis politiques révélé par la Commission Gomery devrait susciter un débat de fond à Ottawa et déboucher sur une révision complète des règles qui régissent la politique canadienne (lire à ce sujet l'éditorial de Bernard Descôteaux). Au lieu de cela, on s'accuse bêtement à qui mieux-mieux et on menace de 'faire tomber' le gouvernement en faisant semblant d'ignorer le raz-le-bol de la population : bref, dans le fond, on tient à conserver le statu quo. Sans doute parce qu'il fait l'affaire de tous les partis.
Et les campagnes électorales étant ce qu'elles sont, c'est-à-dire des campagnes publicitaires dont les électeurs font les frais (dans tous les sens du mot) au lieu d'occasions de débats sur les sujets cruciaux, il ne nous restera de démocratique qu'un petit vote symbolique pour le parti qui aura le mieux réussi à nous embobiner.
Dans ce pays on nous traite de plus en plus et, pire encore, nous nous laissons de plus en plus traiter comme une bande d'adolescents attardés.
17 avril 2005
Vers 2009...
16 avril 2005
À vous dégoûter d'être un homme
- Peut-être l'avez vous regardée ou vous promettez-vous de le faire? C'était au RDI, hier soir; en reprise, ce soir. Sinon, vous pouvez l'écouter sur radio-canada.ca : je parle de l'entrevue de Michaëlle Jean avec Richard Poulin sur le marché mondial du sexe. Cinquante minutes impitoyables, sans 'pauses' publicitaires, sur la pornographie omniprésente et omnipotente.
Un tableau peu reluisant de notre société mondialement sex oriented : la femme de plus en plus esclave sexuelle de l'homme. Le riche, le pauvre : le misérable.
À vous dégoûter d'en être un.
Une entrevue sans issue cependant, comme le sujet qui y est abordé : toutes les solutions 'législatives' semblent avoir plutôt accentué le problème depuis que le monde est monde, notamment la légalisation de la prostitution...
À quand un vrai débat de société public, entre hommes dignes de ce nom, sur la condition et le sort de nos femmes et de nos filles?
- Et qu'en est-il chez nos jeunes? Marie-Andrée Chouinard trace le portrait de nos ados au pays de la porno dans ledevoir.com, édition d'aujourd'hui. Quelle tristesse!
15 avril 2005
Sans commandites
Ce blogue est entièrement gratuit. Son auteur a bénéficié d'un système d'éducation gratuit. Il est produit à l'aide de Blogger, un outil de publication en ligne gratuit dans le navigateur Web gratuit Firefox. Il est hébergé gratuitement chez Blogspot, le serveur de Blogger. Chaque billet est le résultat d'un processus qui exige fréquemment des consultations en ligne gratuites. Pour l'inspiration, la 'salle de lecture' gratuite Bloglines. Pour la vérification des événements récents : Google actualités, le portail gratuit des nouvelles du monde. Pour l'accès aux connaissances encyclopédiques, l'outil de recherche gratuit Google. Pour le choix des mots, le Dictionnaire des synonymes gratuit du CNRS. Pour le choix des termes techniques : Le grand dictionnaire terminologique gratuit de l'OLF. Pour le sens des termes usuels, le Trésor de la langue française informatisé : aussi du CNRS et aussi gratuit. Les post-scriptum sont hébergés gratuitement chez Enetation; les commentaires des lecteurs, gratuitement chez Blogger. L'outil de recherche interne de Franchement! est fourni gratuitement par MySiteSearch. Le design du site est une gracieuseté de Noipo.
Le blogue comme moyen d'expression accessible et à la portée de tous ou presque : voilà une réalisation de notre époque dont je suis particulièrement fier.
14 avril 2005
Retours
- Retour du soleil. C'est donc vraiment le printemps?
Retour de Jean Charest. Au Point. Il s'est engagé à être dorénavant plus communicatif et plus transparent. En l'entendant énumérer les 'bons coups' de son gouvernement, je me suis demandé si le rejet populaire dont il est malgré tout l'objet ne venait pas d'un simple quiproquo : nous avons voté pour un gouvernement libéral; ses politiques s'avèrent être celles d'un gouvernement conservateur... Reagan, Thatcher, Harris... Ici, Bouchard et maintenant Charest, mais sous de faux labels. Vous étiez prêt, mais étiez-vous vrai?
- Retour du grand silence autour du catholicisme québécois ressassé de toutes sortes de façons dans les médias pendant les quelques jours de l'agonie, de la mort et des funérailles de Jean-Paul II. Nos pères et mères étaient Canadiens-français catholiques. Ils avaient une identité : un grand pays, une belle langue et des valeurs spirituelles. Mais ils n'étaient pas libres : conquis, colonisés et endoctrinés. Prétendument. Nous sommes enfin libérés, libres et libertaires. Apparemment. Mais sans autre identité que notre individualité et notre mondialité.
Retour inéluctable des élections fédérales. Monsieur le Juge Gomery, vous n'accepteriez pas d'être candidat au poste de Premier ministre? Ce pays aurait tellement besoin d'un dirigeant vraiment intègre et vraiment indépendant. S'il vous plaît! Après tout, ce sont de plus en plus les tribunaux qui nous mènent, qui nous mènent...
- Retour de Franchement! au quotidien. Vous avez vu : j'ai enfin trouvé un outil de recherche sur mesure pour retracer le contenu de mes précédents soliloques, question de prévenir autant que possible le radotage et l'inconsistance. Le serveur a un peu de difficulté à fournir à la demande mais les résultats sont inespérés. Et c'est gratuit : merci, MySiteSearch.com!
09 avril 2005
Et maintenant...
- Je m'étais promis d'être plus constructif en 2005 : la situation politique m'en donne l'occasion.
Le peu de confiance que nous avions dans nos institutions politiques est en train de s'effriter. Dorénavant, les lois, les règlements, les nominations, les grands projets et les appels d'offres gouvernementals seront suspects aux yeux des contribuables. Le cynisme et le doute sont passés en mode suspicion quasi-totale : cela ne doit pas durer.
Et ce n'est pas une nouvelle élection qui y changera quelque chose : blanc bonnet, bonnet blanc. Il faudra auparavant une réforme en profondeur pour que notre système démocratique aussi bien fédéral que provincial retrouve un minimum de crédibilité. Parallèlement à la poursuite des révélations révoltantes que la Commission Gomery n'a pas fini de nous faire, j'espère que quelque part les gens de pouvoir encore honnêtes se demandent comment dorénavant garantir à la population un minimum d'intégrité politique.
J'ai quelques suggestions à leur intention sous le signe de l'imputabilité et de la transparence dans une perspective de redressement majeur de notre démocratie chancelante.
- Que les partis politiques soient financés par le Conseil du Trésor.
- Ainsi, les partis seraient imputables à la population et non à leurs plus gros contributeurs.
- Le financement pourrait être limité à 50 %, au prorata des membres et de leurs cotisations.
- Que le salaire de nos ministres et de nos députés soit doublé.
- Cela afin de leur assurer une plus grande indépendance financière, donc indépendance tout court.
- Afin également d'attirer un plus grand nombre de candidates et candidats de qualité.
- Que toutes les interventions faites par les groupes de pression auprès des gouvernements soient rendues publiques.
- Cela permettrait à la population de mieux comprendre le cheminement et les enjeux des grandes décisions politiques.
- Et obligerait les groupes de pression à développer un argumentaire défendable auprès de la population.
- Que chaque ministère ait son vérificateur général avec un pouvoir de recommandation.
- Les pertes ainsi jugulées paieraient amplement son salaire.
- Chaque ministre pourrait ainsi compter sur un contrôle neutre des différents aspects de son administration en plus de celui de l'opposition.
- Qu'une période de question quotidienne soit adjugée au public lors des sessions de la Chambre des Communes et de l'Assemblée nationale, et qu'elle soit diffusée par la télévision publique.
- Afin de susciter un plus grand intérêt dans la population pour la chose publique.
- Afin également de hausser le niveau de certains débats parlementaires qui ressemblent trop souvent à une foire d'empoigne.
- Que toutes les dépenses gouvernementales passent par les députés dans leurs comtés respectifs et qu'ils aient à en rendre compte à leurs électeurs.
- Ce serait une façon de renforcer l'imputabilité de chaque député auprès de ses électeurs.
- Et assurerait une distribution des fonds publics plus équitable entre les régions en permettant de comparer les données ainsi rendues accessibles.
- Que le Premier ministre s'adresse directement à la population au moins quatre fois l'an pour l'informer de ses choix politiques et de la vision qui les sous-tend. Que le chef de chaque parti d'opposition puisse ensuite y réagir, aussi publiquement.
- Une occasion pour le Premier ministre de parler directement aux électeurs autrement que pendant les campagnes électorales.
- Et, pour la population, d'évaluer périodiquement la cohérence et le bien-fondé des politiques mises en place.
- Une façon, enfin, d'apporter un contrepoids aux médias dont la couverture du politique donne souvent l'impression d'être à la merci du sensationnel au détriment des valeurs véritablement démocratiques.
Nous avons deux autres choix : le statu quo stérile et démobilisateur; l'abandon définitif de nos institutions démocratiques aux milliardaires et aux profiteurs, aussi bien dire notre annexion aux États-Unis.
06 avril 2005
Vivre par procuration
Une réflexion fondamentale : Le messager a l'importance de son message, par Robert Blondin, dans ledevoir.com, édition du mercredi 6 avril 2005
Nous vivons l'âge d'or de la procuration. Nous sommes célèbres par procuration en dévorant les états d'âme des vedettes. Nous sommes amoureux par procuration en nous identifiant à des personnages de téléromans. Nous sommes vindicatifs par conflits lointains interposés. Nous sommes violents par faits divers interposés. Nous sommes beaux par procuration. Nous mourrons même par procuration. Nous avons massivement délégué au dieu cathodique le soin de vivre pour nous. Nous nous octroyons l'importance des médias. Nous sommes les médias. Essayez de vivre sans médias...
05 avril 2005
Les sujets ne manquent pourtant pas...
Ce ne sont pas les sujets qui manquent ces jours-ci, mais le temps pour y réfléchir. Je les énumère ici, espérant pouvoir y revenir.
- Jean-Paul II, le fascinant
- La maffia québécoise enfin détroussée
- L'omnipotente télé
- Jean Charest ou l'incommunicabilité
02 avril 2005
L'environnement : un problème global dont la solution est locale
Je n'ai pas le temps d'élaborer mais ne peux m'empêcher de noter ici l'importance de l'implication citoyenne locale dans la solution des problèmes liés à l'environnement qui mettent en péril la survie des espèces, incluant l'espèce humaine. Deux rapports internationaux viennent de le rappeler à nos gouvernements, dont l'un me tient particulièrement à coeur puisqu'il concerne la baie Missisquoi.
Dans ce dernier cas, les recommandations de la Commission mixte internationale sont sans ambages. Après avoir ratifié l'avis du Groupe de travail qui conclut que l'enlèvement du pont-jetée aurait une incidence négligeable sur les niveaux
de phosphore dans la baie, elle recommande pourtant qu'il soit enlevé.
Les activités humaines ont mené la planète vers un point limite au-delà duquel on peut s'attendre à une vague massive d'extinction des espèces, renforçant encore la menace sur notre propre bien-être. La pression sur les écosystèmes va augmenter de manière globale dans les décennies à venir si les attitudes et les actions humaines ne changent pas.
Les mesures de conservation des ressources naturelles ont plus de chances de réussir si on en donne la responsabilité aux communautés locales, que les bénéfices sont partagés avec elles et qu'elles sont impliquées dans les décisions.
Rapport des Nations Unies, Vivre au-dessus de nos moyens -- Actifs naturels et bien-être humain, mars 2005
En ce qui a trait au pont-jetée, la Commission appuie la conclusion du groupe de travail, selon laquelle l'enlèvement du pont-jetée aurait une incidence négligeable sur les niveaux de phosphore dans la baie. Toutefois, la Commission est consciente que la majorité des résidents de la région croient que le pont-jetée est une des principales causes des problèmes de pollution de la baie. En fait, ces résidents y croient si fermement que la Commission est d'avis que tant que le pont-jetée restera en place, les collectivités locales ne prendront pas les mesures nécessaires pour réduire les apports de phosphore dans la baie. Par conséquent, la Commission recommande que le pont-jetée soit enlevé, à condition que les gouvernements du Canada et du Québec consacrent un montant équivalent au coût de l'enlèvement du pont-jetée à des initiatives visant à réduire les apports de phosphore dans la baie et à faciliter l'aménagement d'un habitat à la tortue molle à épines.
Selon la Commission, l'enlèvement du pont-jetée a tellement retenu l'attention de la population que son maintien nuirait aux efforts de coopération que doivent multiplier les agriculteurs, les municipalités, les contribuables et les autres personnes intéressées pour réduire les charges de nutriments. Une intervention ciblée et bien structurée est essentielle et ne saurait être freinée d'aucune façon. En fait, l'intervention musclée des gouvernements peut parfois faire une grande différence en servant de catalyseur à un processus de renouvellement à long terme, même lorsque les avantages immédiats ne sont pas aussi importants que les coûts. La prise de mesures par les gouvernements peut aider à galvaniser l'action et à réaliser des progrès significatifs.
Commission mixte internationale, Impacts transfrontaliers du pont-jetée de la baie Missisquoi et du projet de construction d'un nouveau pont sur la baie Missisquoi, mars 2005
31 mars 2005
Les enfants de la Chambre des notaires
Les notaires du Québec ont décidé de nous faire la leçon sur la protection de notre patrimoine dans un blitz publicitaire télévisé (aussi en ligne) auquel s'est prêté l'ex-humoriste Pierre Légaré maintenant moraliste marchandiseur.
Il y aurait beaucoup à dire sur ce genre de campagne qui exploite la culpabilisation pour arriver à ses fins : « La seule façon 'd'être en règle', c'est de passer chez le notaire », semble en être le leitmotiv. Les avocats avaient utilisé le même procédé il y a quelques années après que la loi leur eût permis de se faire de la publicité : « Sans avocat, on risque à tout moment 'd'être dans le trouble' ».
Comment des corporations dites professionnelles en arrivent-elles à utiliser ce genre de stratagèmes douteux pour vendre leurs services? La plupart des avocats et des notaires que je connais ont pourtant non seulement un revenu mais aussi une intelligence au-dessus de la moyenne... Allez comprendre.
Dans un de ces monologues sur les indispensables notaires, Pierre Légaré nous apprend le prix d'un enfant : toute une révélation pour moi, qui ai toujours cru qu'un enfant n'avait pas de prix tellement il était important!
Selon lui, donc, un enfant (« une pinotte ») aura coûté 200 000 $ (« des pinottes ») à ses parents rendu à ses 18 ans (notez le vocabulaire humoristique tellement à propos).
C'était inévitable que l'homo économicus en vienne à chiffrer le prix de revient de sa postérité : 11 111,11 $ par année par enfant. C'est du moins le montant avancé par les notaires et leur humoriste de service. S'agit-il du prix de leurs propres enfants? Est-ce le PME (prix moyen des enfants)?
Questions que tous les jeunes couples devront dorénavant se poser en attendant que la Chambre des notaires rende tous les chiffres disponibles sur son site Internet :
- Tous les enfants coûtent-ils le même prix?
- Quels sont les facteurs qui peuvent faire varier leur prix moyen d'un enfant?
- Est-ce que le sexe et la couleur font partie de ces facteurs?
- Le métier ou la profession des parents entrent-ils en ligne de compte?
- Est-ce qu'un enfant coûte le même prix dans Outremont et dans Côte-des-Neiges? en ville, en banlieue ou à la campagne?
- Est-ce que son coût annuel peut influencer la personnalité de l'enfant et son développement?
- Y a-il des trucs qui fassent en sorte qu'un enfant coûte moins cher sans que sa valeur soit diminuée sur le marché du travail?
- Comment se compare le prix d'un enfant selon qu'il est élevé à la maison, en CPE ou en famille d'accueil?
- À 11 111,11 $ par année par enfant, quel revenu faut-il pour pouvoir se payer un enfant? Deux enfants? Trois?
- Quel est le seuil de rentabilité d'un enfant selon le revenu des parents?
- Dans quels pays les enfants coûtent-il le moins cher?
- Est-ce qu'un enfant importé de ces pays ne coûterait pas moins cher qu'un enfant made in Québec?
- Pour des raisons économiques, est-ce qu'on ne devrait pas cesser de faire des enfants ici et les importer plutôt déjà éduqués comme nos chaussures et nos vêtements prêts à porter?
29 mars 2005
Le parti pris des non-débats de société
J'y reviens, la rage au coeur.
Guy A. Lepage avait à sa table dimanche soir trois personnalités respectées et reconnues pour se tenir debout chacune dans son domaine, au moment même où la moitié des étudiants contestent en faisant l'école buissonnière les choix budgétaires de Jean Charest au silence éloquent.
À la même table, devant deux millions de Québécoises et de Québécois : le pouvoir, la finance et le sexe. Les trois forces qui drainent l'argent du (pauvre) monde étaient réunies : Philippe Couillard, Yves Michaud et Jocelyne Robert. Occasion inespérée pour susciter ouvertement un grand débat sur nos choix politiques et sur nos responsabilités individuelles.
Devant deux millions de téléspectateurs, Philippe Couillard vante l'investissement du siècle en santé (3 milliards de $ d'ici cinq ans dans le béton et la quincaillerie pour ériger trois hôpitaux en gros) sans que personne ne lui demande où le gouvernement prendra cet argent...
Devant deux millions de téléspectateurs, Yves Michaud rerereredit que les banques et les grandes sociétés canadiennes dirigées par des pdg aux salaires scandaleux camoufflent de plus en plus de milliards de $ (800 à ce jour, si je me souviens bien) dans les paradis fiscaux au vu et au su des gouvernements, privant ainsi le fisc de milliards de $...
Devant deux millions de téléspectateurs, Jocelyne Robert ose dire que le sexe médiatisé est de plus en plus connecté sur le cul et l'argent du cul, déshumanisé, en train de perdre son sens amoureux et même son plaisir, orienté totalement sur la performance à tout prix et à prix fort : le sexe objet, la femme de plus en plus objet (à quoi j'ajoute : l'embryon récrément, le foetus trop lourd à porter pour la société, le cher enfant trop cher...)
Constats ahurissants quand on y pense le moindrement. Mais constats seulement : chez Guy A. Lepage on ne tolère aucun débat qui ne puisse déclencher le rire. Le meneur de jeu sourire en coin avec son humoriste de service amènent plutôt Philippe Couillard à se défendre de toute ambition politique; Yves Michaud à rerererégler ses comptes avec le PQ et Lucien Bouchard (prédécesseur de Jean Charest, pour qui ne s'en souviendrait pas); Jocelyne Robert à commenter un soi-disant sondage sur les soi-disant pratiques sexuelles des Canadiens en âge de procréer.
Aucun débat : il ne faut pas sortir de leur torpeur (lire : amener à changer de canal) deux millions de citoyens bien assis devant leur cinéma maison en ce beau dimanche de Pâques, qui ne demandent rien d'autre que de pouvoir mourir de rire et vivre en paix.
Félicitations, Monsieur Couillard pour ces monuments qui seront construits à notre santé. Bonne chance Monsieur Michaud, avec le Château de l'Élysette du vignoble de votre ami Parizeau qu'au moins les banquiers pourront boire à notre santé. Et bon succès, Madame Robert avec la vente de votre livre : faute d'en débattre et d'être drôle, il fera peut-être réfléchir celles et ceux encore suffisamment en santé pour le lire.
The show must go on (traduction : ha! ha! ha!).
Le carré rouge itou.
28 mars 2005
La raison du grand nombre
Hier soir, j'ai fait un retour au grand show hebdomadaire de notre télévision publique Tout le monde en parle. Guy A. Lepage a d'entrée de jeu habilement relancé ses fidèles téléspectateurs avec une question qui visiblement le hante encore après six mois au petit écran : le nivellement par le bas qui caractériserait son émission, selon 'certains'. « C'est à nos deux millions de téléspectateurs d'en juger! »
- Deux millions de téléspectateurs témoignent de la qualité d'une émission de télé comme Tout le monde en parle. Deux millions de clients témoignent de la supériorité d'un magasin comme Wal-Mart. Deux millions de votes pour les Libéraux aux dernières élections témoignent de la compétence du gouvernement actuel. Deux millions de propriétaires de grosses cylindrées témoignent de la qualité de ces véhicules ultra polluants. Deux millions d'abonnés à Loto-Québec témoignent de la grandeur des jeux de hasard... Deux millions de personnes ne peuvent se tromper.
Quant au show lui-même, rien de nouveau : au grand jeu de la provocation, les invités sont amenés à dire et à faire tout et n'importe quoi pour ne pas perdre la face et vendre leur salade. La présence de Philippe Couillard, Jocelyne Robert et Yves Michaud m'amène à me poser de sérieuses questions sur ce qui motive les invités à accepter de participer à un tel cirque médiatique. Qu'est-ce qu'on ne ferait pas pour ploguer son parti, son livre, son film ou son produit devant deux millions de téléspectateurs inconditionnels?