Le billet du Magoua sur le confort intellectuel des 'barbares' que nous sommes en train de devenir illustre bien ce qui me fait apprécier certains blogues plus que d'autre. C'est l'étonnement. L'étonnement manifesté autant que l'étonnement suscité. Les blogues que je persiste à fréquenter sont de celles et de ceux qui expriment le leur ou suscitent le mien. L'étonnement, c'est comme une étincelle de vie. Étonner, c'est allumer. S'étonner, c'est se laisser allumer. En plus discret, mais comme le font la foudre et le tonnerre, d'où le mot « étonner » tient son étymologie.
En face à face, l'étonnement se manifeste par la brillance d'un regard, l'ébauche d'un sourire, le trémolo d'une intonation, la durée d'une hésitation, la fébrilité d'un geste... Dans le blogue, l'étonnement s'exprime par un mot inattendu, un qualificatif audacieux, une impertinence sémantique ou lexicologique; mais aussi par l'angle dont un sujet est abordé, par une ponctuation qui se rit des règles comme pour provoquer ou par une révélation imprévisible, apparentée à la 'confession' de jadis. « J'avoue... J'ose... Je ne devrais pas vous en parler, mais... », peut-on lire dans le non-écrit de qui sait étonner.
L'étonnement, c'est aussi de découvrir une face cachée du blogueur fréquenté. J'aurais dû chaque fois noter l'étonnement manifesté par les jeunes pères et mères de ma blogosphère lors de la naissance de leur petit dernier : l'étonnement dans toute sa pureté. Ou l'étonnement plus contenu à l'occasion d'un changement de vie ou de sphère. Ou encore l'étonnement, lui impossible à contenir, après une découverte elle-même étonnante. L'étonnement est communicatif. On le retrouve d'ailleurs dans bien des 'commentaires'.
Dans cette société de l'information et de la communication industrielles, programmées et envahissantes -- bref, convergentes --, le blogue est un des espaces encore vierges où, à distance et de gré à gré, on peut encore choisir de s'étonner et le manifester. C'est pourquoi je persiste à bloguer.
3 commentaires:
Que voilà un beau billet! Et un beau sujet surtout. L'étonnement. Aux antipodes d'une attitude conformiste et blasée. Le commencement de la philosophie, disaient Platon et Aristote.
Ah l'étonnement! Doux mélange d'émerveillement et de perplexité. Est-ce une émotion? une forme de mutisme intellectuel? Je ne saurais dire.
Ce que je sais par contre, c'est que je m'étonne de plus en plus. Et que des adultes ne s'étonnent plus, c'est cela qui m'étonne.
Normand Lamoureux
Quelle belle leçon pour tous les blogueurs, moi le premier ! Mais aussi, et avant tout, pour tous les enseignants, moi compris ! Je la retiens aussi pour les élèves, les miens surtout !
Ce genre de billet, on le lit avec un frémissement dans les lèvres.
Merci des compliments que je te retourne illico ;-) Et c'est ce que j'essaie humblement de faire dans mes cours: allumer l'étincelle de la curiosité dans l'esprit des étudiants. Tout est dans le regard qu'on porte aux choses et chaque jour est nouveau à cet égard.
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