Certains mots nous interpellent plus que d'autres. Le mot catholique est un de ceux-là. Le mot Église aussi; et le mot pape. Ce sont pourtant des mots dont le sens est très commun : père, assemblée, universel. Lus ainsi, pas surprenant que le pape et l'Église catholique aient rassemblé autant de monde de partout ces dernières semaines. Nous avons tous un besoin viscéral de nous rassembler : c'est notre côté troupeau ou moutons, bref, notre côté bonnes bêtes.
En tant que Québécois, notre rapport aux mots église, catholique et pape (et à tout autre mot qui y réfère) est étrange et énigmatique. D'abord, ce sont des mots que nous utilisons peu ou pas de peur d'être ridicules, si ce n'est inconsciemment (« Faut quand même pas être plus catholique que le pape! », pour défouler (« Calice! ») ou pour en faire des gorges chaudes juste pour rire.
J'ai longtemps pensé que ces attitudes découlaient d'une sursaturation de petit catéchisme qui se serait en quelque sorte transmise dans une mémoire diffuse transgénérationnelle; je crois maintenant que c'est un phénomène d'immaturité provoquée et entretenue par l'ignorance crasse. La plus belle illustration nous en est donnée dans les médias : ces dernières semaines, les seuls thèmes ou à peu près qu'on a associés au pape et à l'Église catholique, avec un parti pris évident et sans en débattre sur le fond, sont le mariage des prêtres et des homosexuels -- on ne s'est d'ailleurs pas privé d'associer les deux --, le sacerdoce des femmes, la contraception et l'avortement. Comme si les épines étaient l'essentiel de la rose.
L'Église catholique pour moi est une institution qui témoigne au monde entier de l'idéal de vie proposé par le Christ, Dieu fait homme qui, par sa résurrection, nous a révélé que la vie avait un sens. J'y adhère dans la mesure où cet idéal confronte ma liberté, respecte mes doutes et éclaire mes choix.
Suis-je catholique pour autant? Oui, si catholique veut dire baptisé et croyant en la vie. Non, si catholique veut dire pratiquant les 'commandements de l'Église', fervent et ayant une foi inébranlable en Dieu. Est-ce d'ailleurs si important d'avoir ou pas l'étiquette?
1 commentaire:
Contrairement à une idée trop facilement répandue, je prétends que le véritable point de rupture entre le catholicisme et les courants occidentaux modernes n'est pas d'ordre moral, mais métaphysique.
Un mot qui en fera rugir plus d'un, mais que je n'hésite pas à lâcher.
Et si je ne rejoins pas forcément Benoît XVI sur toutes les positions morales qu'il a défendues alors qu'il était cardinal, je me sens en profonde communion d'esprit avec lui sur les principes métaphysiques fondamentaux qu'il défend.
Normand
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