- Dois-je au préalable rappeler qui je suis et que je ne suis d'aucun parti?
Ce qui se passe maintenant dans l'antre péquiste ne surprendra personne de ma génération : le PQ est en pleine crise de la quarantaine. Comment pourrait-il en être autrement au tournant d'un parcours marqué par un discours devenu aussi captieux. Ce parti caractérisé au départ par la recherche, la défense et l'expression démocratiques de notre identité dans un cadre politique ouvert aux débats publics est devenu, comme les autres, obnubilé par le pouvoir et l'électoralisme. Les débats ont fait place aux stratégies, la démocratie, au culte du chef, l'identité, à l'image bien léchée et à la langue de bois. Le PQ est devenu un produit politique parmi d'autres, erronément libellé québécois -- sauf dans son acception territoriale.
Je me limiterai dans ce billet à souligner le culte du chef. Les partis n'en ont que pour leur chef : on ne montre que le chef (les ministres sont montrés seulement dans leur ministère, les députés, seulement dans leur comté) seul le chef peut parler universellement ou 'au nom du parti' (les ministres ne parlent que de leur ministère, les députés, que de et dans leur comté). Le PQ comme les autres. Alors, il arrive ce qui devait arriver : comme seul un chef peut succéder au chef, ministres et députés sont déboutés faute d'avoir été suffisamment vus et entendus. Les Libéraux ont ainsi fait appel à Jean Charest, un chef conservateur d'Ottawa, comme les péquistes l'avaient fait avant eux avec un autre chef d'Ottawa, Lucien Bouchard, et comme il aurait été tellement simple de le refaire en remplaçant le chef Bernard Landry par le chef Gilles Duceppe, d'Ottawa également et étrangement.
Le mythe du chef nous colle à la peau depuis un certain Maurice Duplessis qu'on ne cesse pourtant de pourfendre chez les bien-pensants. Et, comble de ce syndrome du chef, la majorité péquiste voudrait maintenant que le chef autoproclamé Bernard Landry démissionnaire ne soit le seul â pouvoir se succéder à lui-même... Réaction fort compréhensible dans un contexte où seul le chef du parti et du gouvernement prend parole et peut ainsi faire croire qu'il est seul maître d'oeuvre du moindre bon coup politique. Stratégie à bien court terme puisqu'elle étouffe toute manifestation de leadership dans l'entourage du chef, de la part des ministres ou des députés. On en subit collectivement le contrecoup maintenant : comment des candidats à la chefferie marqués au coin de la subordination silencieuse et obligée à leur chef peuvent-ils prétendre avoir le leadership nécessaire pour diriger un parti, une province et, prétendûment, un pays?
Pour un gouvernement et un parti, les grands débats sur la place publique sont plus risqués certes sur le plan électoral que les assemblées en catimini. Mais ils sont aussi porteurs de changements espérés et tribunes inespérées où se manifestent les leaders dont nous aurons besoin demain. Dans cette campagne à la chefferie, le PQ récolte ce qu'il a semé; le drame, c'est qu'il puisse encore se dire québécois.
2 commentaires:
Faut-il s'en étonner ? Ce parti est toujours hanté par l'image charismatique de René Lévesque. Considérant que tous les chefs de parti politique sont aujourd'hui à la merci d'une image médiatique, le Parti Québécois a toujours mis la barre très haute.
Par ailleurs, il n'y a pas qu'ici où la démocratie n'est qu'une figure de proue pour les chefs politique. Cela fait l'affaire d'une tapée de politiciens fadasses qui comptent sur l'éclat de leur chef pour se faire élire. Combien de députés à l'Assemblée Nationale ont été élus sur le mérite de leur personnalité et non celle de leur chef ?
La démocratie a toujours eu ses failles, la prise de décision en fonction de la prochaine élection (plutôt que la gestion à long terme) n'étant pas la moindre. Il va falloir une sacrée révolution pour la renverser ou lui redonner ses lettres de noblesse. Cette révolution est à l'état embryonnaire. C'est celle qui émane de la collectivité. Elle commence seulement à s'organiser. Pour réussir, elle dispose d'une arme très puissante : les TIC. Oserais-je l'appeler le collectivisme ?
Le Rapport Ménard sur le financement des soins de santé est un bel exemple de simulacre de démocratie (comme tous les rapports semblables, d'ailleurs). Dans ma conception de la démocratie, ce sont les députés qui ont le mandat d'écouter la population, de susciter des débats axés sur la recherche de solutions, de créer des consensus populaires et d'amener l'Assemblée législative à agir en conséquence. Pas des non-élus à la solde d'on-ne-sait-trop-qui. C'est pour cette unique raison que nous élisons nos députés et, dans le système actuel, ils sont à toutes fins utiles, consultés à la marge (lorsqu'ils le sont). C'est bien triste de penser qu'il faudrait une révolution pour arriver à la 'démocratie de proximité'.
Quand aux TIC, l'usage qu'en fait actuellement le gouvernement du Québec -- sur la Stratégie d?action jeunesse, par exemple -- est à l'opposé du collectivisme : centralisée et pas du tout transparente. Le chef peut faire dire ce qu'il veut à ce genre de consultation... comme il peut faire dire ce qu'il veut aux mille et un rapports Ménard qu'il commandite.
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