31 juillet 2004

La vie en rose



Il suffit parfois de lever un peu les yeux
pour voir la vie en rose.

30 juillet 2004

Sillogismes (sic)

Tu prends la parole et tu la tiens.

Tu la donnes et elle s'envole!


Tu donnes ta parole et tu la tiens.

Tu prends la parole et elle s'envole!


Tu prends un écrit et tu le tiens.

Tu le donnes et il reste!



29 juillet 2004

Les justes (4)

La disparition d'un mot n'est pas fortuite. Les justes sont aujourd'hui disparus. On reconnaissait les justes à leur fidèle observance des commandements de Dieu. Les commandements de Dieu sont disparus. Dieu lui-même est en voie de disparition; alors, ses commandements et ceux qui les observent... Vous avez déjà entendu dire de quelqu'un : c'est un juste!



La disparition d'une communauté n'est pas fortuite. Trois églises témoignent encore de la vitalité de Philipsburg au siècle dernier; il y eut jusqu'à trois écoles dans le village qui, avec le temps, se sont tues. Une communauté est vouée à disparaître lorsqu'elle n'a plus de lieu pour parler et plus personne pour lui donner la parole.



Étrange quand même que Philipsburg se soit tue. Un village si plein d'histoire, si bien situé, au bord d'un si beau lac, dans un si beau paysage...



« Allez, dans la paix du Christ. »



« Seigneur, peut-être trouvera-t-on seulement dix justes? » Et le Seigneur répondit : « Pour dix, je ne détruirai pas la ville de Sodome. »

28 juillet 2004

Les justes (3)

Face à la baie Missisquoi désertée par les villégiateurs, devant le sanctuaire Notre-Dame-du-Laus déserté par les pellerins, au milieu du village de Philipsburg déserté par les jeunes, nous étions cent cinquante 'justes' de la région rassemblés par la messe annuelle en plein air.



Tout était beau dans cette église à ciel ouvert : le temps qu'il faisait, le lac et l'horizon bien calmes au fond du choeur, les nuages sur le fond bleu de la voûte, les arbres et le gazon tout verts dans la nef, les chants de la chorale paroissiale accompagnés par le vent, les prêtres en blanc un peu perdus dans cette cathédrale d'un jour, les gens endimanchés en quête de regards flatteurs, les casques futuristes et distrayants des cyclistes nous jetant un coup d'oeil furtif et intrigué au passage... Tout était beau, simple et bon. Tout était paisible aussi, de cette paix qu'on aime partager.


« Cela est juste et bon. »


« Que la paix soit avec toi! »


« Seigneur, peut-être y aura-t-il seulement vingt justes? -- Pour vingt, je ne détruirai pas. »

27 juillet 2004

Les justes (2)

On était bien cent cinquante personnes à cette messe en plein air à Philipsburg au sanctuaire Notre-Dame-du-Laus jadis très fréquenté par des pellerins, face à la baie Missisquoi jadis très fréquentée par des villlégiateurs.... Le ciel était partiellement nuageux, il faisait un peu frais, le lac était désert comme un marécage en ce dernier dimanche de juillet.


Autour de moi, je n'ai pas senti que le coeur y était; j'ai senti plutôt que le coeur n'y était pas. Était-ce dû au départ prochain pour l'unité pastorale voisine du prêtre officiant qui sait si bien s'adresser aux âmes? Ou celui des soeurs qui vendent leur maison de retraites et s'apprêtent à partir avec un gros morceau du coeur du village? Était-ce dû au fait qu'il y avait à peine quelques jeunes dans cette assemblée perçue comme étant d'un autre âge? N'était-ce pas dû à une certaine nostalgie implicitement partagée des grands rassemblements d'antan dans ces lieux? Ou n'était-ce pas dû plutôt à ce sentiment collectif refoulé d'impuissance devant la baie qui s'étalait douceureusement devant nos yeux, belle au-dessus, infecte en-dessous?


« Pardonne-nous nos offenses, comme nous pardonnons aussi à ceux qui nous ont offensés. »


« Seigneur, peut-être sur les cinquante justes, en manquera-t-il cinq : pour ces cinq-là, vas tu détruire toute la ville? - Non, je ne la détruirai pas, si j'en trouve quarante-cinq. »

26 juillet 2004

Les justes (1)

Hier, sursaut de dévotion : je suis allé à une messe en plein air à Philipsburg au sanctuaire Notre-Dame-du-Laus jadis très fréquenté par des pellerins, face à la baie Missisquoi jadis très fréquentée par des villlégiateurs.


Il n'y a maintenant ni pellerins au sanctuaire, ni villégiateurs à la baie. Philipsburg, village hier prospère et plein de vie est aujourd'hui au bord du déclin comme sa baie polluée à laquelle son sort est lié.



Coïncidence? On nous a lu le début du tragique récit de Sodome et Gomorrhe :


« Seigneur, peut-être y a-t-il cinquante justes dans la ville. Vas-tu vraiment les faire périr? - Si je trouve cinquante justes, à cause d'eux je pardonnerai à toute la ville. » (Genèse, 18)


Nous étions une bonne centaine de 'justes' rassemblés là par le besoin de prier...


25 juillet 2004

Après la traversée

À 74 ans, Robert Cossette vient de traverser en solitaire les 26 kilomètres du Lac Saint-Jean en moins de dix heures en nageant seulement avec ses deux bras. À la SRC, on nous a montré quelques images du départ, quelques images de son équipe de soutien sur l'eau au 10e kilomètre et l'image du nageur exténué à l'arrivée...


Je pense aux milliers d'heures d'entraînement et de préparation qu'il a dû consacrer, seul, à ce projet... Je pense à ce qu'il a dû entendre dans son entourage : insensé, téméraire, trop vieux, malade, fou... Je pense à la volonté qu'il lui a fallu mettre pour tenir le coup rendu aux derniers kilomètres... Je pense à sa fierté de vieux vainqueur et au soulagement de ses supporteurs... Je pense à tous nous autres spectateurs attentistes sympathiques aux exploits et aux records des autres...


Mais qu'est-ce qui fait que certains agissent et d'autres pas?


24 juillet 2004

Auguste hasard

J'ai passé cent fois au moins sur le Boulevard Tachereau, Rive-Sud, où on peut filer gaiement à 70 km/h d'un centre commercial à l'autre... Encore jeudi midi dernier. Je roule en direction est, à la hauteur du concessionnaire Lexus Prestige. Le prochain feu de circulation vire au jaune. J'applique instinctivement les freins comme je l'ai fait au moins cent mille fois auparavant à la vue d'un feu jaune. Mais cette fois, la cent mille et unième fois : plus de freins! Pédale au fond. Une fois, deux fois, trois fois : la Caravan 96 ne ralentit pas, elle continue à avancer à la même vitesse. Je suis pris de panique : une fraction de seconde. Je me ressaisis la fraction de seconde d'après : il faut éviter le tamponnement, le carambolage, la tragédie fatale... Quelles sont les options... Grâce au hasard ou grâce à Dieu, je suis sur la voie de droite et je peux encore m'engager dans une bretelle juste à côté où, grâce au hasard ou grâce à Dieu, il n'y a aucun véhicule et où je peux continuer à rouler toujours sans freins sur la voie de droite de la rue transversale, toujours sur mon élan, virer dans la première entrée qui, grâce au hasard ou grâce à Dieu, était l'accès du stationnement d'un Canadian Tire peu encombré à cette heure, dans lequel la bête mécanique finit par s'immobiliser.


J'aurais pu, j'aurais dû... mettre la transmission au neutre, couper le moteur, utiliser le frein manuel, klaxonner... Non! Stupidement,  j'ai continué à rouler avec l'unique préoccupation d'éviter les obstacles et d'amener la bête en état d'inertie.


J'ai repassé au même endroit le jour d'après avec un système de freinage tout neuf. J'ai revu la bretelle. Et j'ai compris pourquoi aucun véhicule n'y était la veille : « Passage réservé aux autobus et aux taxis ». Grâce à Dieu et à je ne sais quel ingénieur en transport urbain.


J'ai aussi décidé de faire officiellement mienne la devise d'Auguste : Festina lente (Hâte-toi lentement!) après m'être aperçu que la rue transversale avait pour nom Auguste.






23 juillet 2004

Le temps de l'amour

 
Quand le temps s'arrêtera, je t'aimerai encore. Je ne sais pas où, je ne sais pas quand, mais je sais que je t'aimerai encore.
(Serge Reggiani, juillet 2003)

22 juillet 2004

Et maintenant : Picasa

Une fois de plus, Google m'impressionne. Par son professionnalisme et par sa générosité. Voilà une compagnie (maintenant inscrite en bourse) qui est en train de me réconcilier avec un certain capitalisme. Après l'outil de recherche Google dont je ne saurais plus me passer, après Blogger dont ils sont en train de faire le meilleur outil d'édition en ligne, après Hello/Bloggerbot qui facilite l'intégration de photos dans Blogger, voici maintenant que Google nous fait cadeau du logiciel organiseur de photos Picasa. Et tous ces produits -- Google, Blogger, Hello, Picasa -- sont gratuits : aucuns frais à payer, tout au plus quelques discrets encadrés textuels publicitaires à tolérer.


Ça tombe bien : je commençais à ne plus me retrouver dans mon classement hétéroclite de photos numérisées. Un clic et Picasa a rassemblé agréablement toutes les photos et toutes les illustrations qui s'accumulent ici et là sur mon disque. Hier, c'était le chaos dans mes photos; aujourd'hui, elles forment une véritable galerie que je consulte avec plaisir. Merci encore, Google! Et j'espère que cette belle générosité ne nous réserve pas un compte à payer éventuellement : ça s'est déjà vu la générosité comme moyen de commercialisation...


Si vous ne vous y retrouvez plus dans vos photos numérisées, je vous recommande de télécharger gratuitement Picasa sans tarder... Un charme! (Windows only, malheureusement...)


21 juillet 2004

Petite politique

J'ai écouté hier l'assermentation du nouveau cabinet Martin. Trois dissonances ont fait titiller mes oreilles : la courte cérémonie 'traditionnelle' à l'entrée; le bilinguisme des ministres assermentés; l'absence du député de Brome-Missisquoi.



J'ai trouvé que le son des tam-tams retentissait plus bruyamment qu'à l'accoutumée pendant cette cérémonie initiatique (ou folklorique?) à laquelle se sont prêtés des Autochtones. Comme s'ils en profitaient pour se faire entendre : au moins là. Mais personne pour nous livrer le sens profond de ce rite détonnant... Je comprends mal que les Autochtones ne soient pas encore représentés d'office par au moins un député au Parlement. Et il faudra bien qu'un jour le ministère des 'Affaires indiennes' soit dirigé par un Autochtone.



Comme tout le monde, j'ai forcément remarqué que les ministres du Québec étaient à peu près les seuls à prêter serment en anglais et en véritable français. Je n'ai pas trop compris pourquoi la majorité des ministres des autres provinces ne prêtaient serment qu'en anglais. Sont-ils vraiment des Canadiens? S'agit-il bien d'un gouvernement libéral? Le Canada n'est-il pas un pays officiellement bilingue depuis trente-cinq ans (1969)? Si cette loi ne s'applique pas à des ministres, à qui donc s'applique-t-elle?



Enfin, je déplore que notre député, Denis Paradis, ait été ignoré, lui qui était pourtant ministre (ministre discret, mais bel et bien ministre aux Institutions financières) dans le cabinet précédent. En a-t-il alors trop, mal ou pas assez fait? Aurait-il trop, mal ou pas assez parlé? Dur coup pour la fierté missisquoienne déjà minée depuis le sort fait à Pierre Paradis par Jean Charest à l'Assemblée nationale. Pierre Paradis qui, depuis lors, s'est tu, a 'pris son trou', comme aurait dit mon père.



Petite politique. Basse politique aussi que cet enterrement de dernière classe réservé aux 'fidèles' de Jean Chrétien. C'est peut-être pour ça que le son des tam-tams retentissait plus bruyamment qu'à l'accoutumée...



20 juillet 2004

Denise Bombardier, recto verso

J'apprends ce matin que « Licenciée par courriel par Radio-Canada l'an dernier, l'animatrice et écrivaine Denise Bombardier passe au réseau TVA. Elle sera commentatrice dans les différents bulletins de nouvelles du réseau de télévision privé. »


 

De trois choses l'une : ou bien l'information à TVA s'apprête à changer du tout au tout, ou bien la direction de TVA ne connaît pas Denise Bombardier et cette dernière n'y fera pas long feu, ou bien Denise Bombardier a décidé de renoncer à ses principes et à ses idéaux, elle qui écrivait dans sa chronique du 6 septembre 2003 :


À vrai dire, la télé-réalité n'est plus un genre télévisuel, elle est devenue, en quelque sorte, toute la télévision. Or, celle-ci avait déjà imposé une première tyrannie devenue sacrée : la crédibilité. La crédibilité est un concept plus qu'ambigu et moins vertueux qu'on ne l'imagine. La crédibilité n'est surtout pas la vérité. Un journaliste crédible, un politicien crédible ne sont que des incarnations superficielles de l'idéal recherché. Car le pouvoir de conviction est-il autre chose que la capacité de manipuler ? La recherche de cette crédibilité, dramatisée par la culture télévisuelle, mène au cul-de-sac idéologique et moral. On peut être à la fois éminemment crédible et absolument fourbe. De même que la télé-réalité représente la plus dangereuse mystification de la réalité elle-même. Or comment vivre raisonnablement sans la capacité d'appréhender le réel et de le distinguer de la fiction?

Enfin, (...) chacun aspire à devenir une star, c'est-à-dire à trouver la justification de son existence à travers le regard du plus grand nombre. (...) Le « Je pense, donc je suis » de Descartes est révolu. De nos jours, « La caméra s'allume sur moi, donc je suis ». Dure, dure, la réalité.

 

Hier, Jean-Sébastien Marsan écrivait dans une lettre ouverte au Devoir à l'occasion de la mort du magazine indépendant Recto Verso :


En quelques années seulement, la concentration de la propriété des médias québécois a battu des records, la convergence, les « synergies » et la télé-réalité ont consacré l'omniprésence de l'information-spectacle, les gouvernements ont continué à soutenir financièrement les médias commerciaux sans accorder la moindre attention aux médias indépendants et le milieu journalistique s'est montré incapable de contrer cette régression.
À moins d'une révolution, il n'y aura plus de journalistes au Québec dans cinq ou dix ans, et ne subsisteront que des « fournisseurs de contenu » à la solde d'entreprises pour lesquelles l'information est un produit parmi d'autres, standardisé, conformiste, sans débats ni engagement idéologique.

Denise Bombardier à TVA...





19 juillet 2004

Construction

Je profite des vacances de la construction pour faire quelques propositions constructives à nos gouvernements.
  • Décréter des vacances de la destruction.

  • Faire une loi anti briseurs de rêves.

  • Créer un ministère de la Dignité, de l'Équité et de la Responsabilité citoyennes avec un triple mandat :
    1. S'assurer que chaque citoyen ait un revenu suffisant pour qu'il puisse payer des impôts;

    2. Voir à ce que les revenus provenant du hasard, de la spéculation et des profits exhorbitants soient doublement imposés;

    3. Faire en sorte que les revenus qui proviennent d'un travail néfaste pour la santé et pour l'environnement soient imposés suffisamment pour compenser les frais d'hospitalisation et de décontamination qui en découleront.



18 juillet 2004

Ailleurs

il y a un ailleurs dans le ciel

il y a un ailleurs dans le beau


il y a un ailleurs dans tes yeux

il y a un ailleurs dans l'amour


il y a un ailleurs dans mes rêves

il y a un ailleurs dans la vie


il y a un ailleurs dans l'espoir

il y a un ailleurs dans la mort


17 juillet 2004

Gros lot et petit lopin

Rien de logique dans les loteries.  Tu mises 2, 5, 10, 30 dollars avec neuf cent quatre-vingt-dix-neuf mille neuf cent quatre-vingt-dix-neuf chances sur un million de les perdre. En fait, s'il y a une logique dans les loteries, c'est une logique de perdant : les exploitants de loteries misent sur notre persistance à ne pas vouloir perdre pour ramasser le gros lot. Tu commences par te dire : je n'ai rien à perdre. Puis, pour rien perdre, tu te convaincs qu'à force de perdre, tu finiras bien par gagner... Et tu mises, tu mises, tu mises...


 

La logique du gagnant est pourtant simple. Avec la même somme de 2, 5, 10, 30 dollars, il achète de petites enveloppes dans lesquelles il y a des graines de semences. Il les met en terre avec un peu d'eau. Il vient ensuite, périodiquement, extirper les intrus de son carré de terre. Quelques semaines après, il récolte le gros lot : radis, laitue, fèves, carottes, tomates... 10 fois, 100 fois, 1000 fois la mise. Sans compter le plaisir de gagner à tout coup, de déguster et de partager les gains, et de faire d'autres gains sans exploiter personne.


 

Gros lot ou petit lopin? Le choix entre le rêve et la réalité. Pourquoi donc choisissons-nous sempiternellement le rêve du gros lot?


16 juillet 2004

Bloguer = partager

De tous temps, des femmes et des hommes ont réfléchi tout haut, voulu partager leurs connaissances, leurs découvertes, leurs opinions, leurs émotions, leurs préoccupations et leurs rêves pour changer le monde. En d'autres mots, les 'blogueurs' ont toujours existé. « Il y a plus de quarante ans que je blogue sans que j'en susse rien », dirait le bourgeois gentilhomme si Molière pouvait encore écrire. 



Ce qui distingue les blogueurs d'aujourd'hui de ceux d'hier, ce sont les outils d'expression et de communication. En cinquante ans, nous sommes passés de la plume trempée dans l'encrier pour griffonner péniblement sur du papier ligné, au traitement de texte individuel en ligne qui permet de publier sur tous les écrans d'ordinateurs en réseau dans le monde...  sans qu'il en coûte beaucoup plus cher, toutes proportions gardées.



J'écris ce billet dans la nouvelle interface d'édition de Blogger : c'est ni plus ni moins qu'un petit traitement de texte en ligne gratuit (merci, Google!). Mais ce qui dépasse l'entendement, c'est qu'en cliquant sur 'Publish Post', les internautes du monde entier pourront lire ce billet, quelques instants après, en pointant sur un mot à leur écran : Franchement!. Et toutes celles et ceux qui veulent partager leurs connaissances, leurs découvertes, leurs opinions, leurs émotions, leurs préoccupations et leurs rêves peuvent faire de même... incluant vous, qui lisez ceci et qui hésitez encore à bloguer... (Le premier pas à faire, c'est de CLIQUER ICI.)



On a maintenant les moyens de partager avec tous notre vision du monde, reste à trouver les moyens de le changer. Parce que les hommes et les femmes ont eu beau réfléchir tout haut depuis des siècles chacun chacune dans sa petite sphère individuelle ou locale, le monde reste encore à humaniser.


Beau défi pour les blogueurs de demain!






15 juillet 2004

Basculade

La mode est au cul, au petit cul. Le cul nous est monté à la tête, nous a fait perdre le sens de la gravité. La nouvelle culture, c'est la culture du cul. Pas d'autre choix : parler de cul ou passer pour con. Méprisez le cul et vous serez qualifié d' inculte. On disait fièrement : belle tête! On dit maintenant : beau cul! On disait péjorativement : petite tête! On dit maintenant : gros cul! Ceux qui ont une grosse tête peuvent se consoler en prenant leur tête à deux mains et en pensant à ce qu'il y a dedans; mais comment se consoler si on a un gros cul et qu'on a perdu la tête? Tout compte fait, on serait mieux de se rhabiller : le cul, c'est privé, private.

14 juillet 2004

Français?

Je ne suis jamais allé en France. J'ai pourtant l'impression de connaître la France, une certaine France, du moins. Sans doute à cause des programmes d'études fortement françaises de ma jeunesse et, aujourd'hui, à cause d'Internet. Mais je ne suis pas Français : c'est évident chaque fois que je tombe face à face avec un vrai Français. Contre toute apparence, nous ne parlons pas vraiment la même langue : avec les mêmes mots, nous ne disons pas les mêmes choses.



Prenons la 'langue' française. Pour une Française ou un Français, il y a le français, sa langue, et il y a les autres langues, étrangères. Pour nous, Québécois Canadiens français, c'est tout le contraire. Nous ne savons où donner de la tête avec notre langue. Chacune de nos phrases, chaque mot qui les composent ou presque est le résultat d'un choix, un choix de langue. Et ce choix n'est pas simple parce que nous ne sommes pas tous outillés de la même façon pour le faire; parce que, aussi, nous n'avons pas tous la même conscience de la signification et de la portée de ce choix. Un Français parle français sans se poser de question, sans avoir à choisir : tout ce qu'un Français dit est ipso facto français (c'est sans doute ce qui donne à certains Français cette assurance souvent déplaisante ;-). Un Québécois par contre parle français en remettant sans cesse en question, consciemment ou pas, les mots qu'il choisit et même ses constructions de phrases. Un Québécois qui parle anglais vit d'ailleurs la même 'ambiguïté expressive'. Cela fait partie de notre identité multiple et riche; cela fait même partie de notre liberté.



N'empêche, j'aime bien les Français quand même! Bon anniversaire, Xavier, Jean-Luc et toute la 'gang' française de France chez mediaTIC.




13 juillet 2004

Ralentir le temps

Existe-t-il une façon de ralentir le temps? Une seule? Il y a des centaines de moyens pour accélérer le temps, le faire passer plus vite... On peut aussi l'arrêter définitivement. Mais comment le ralentir?

12 juillet 2004

Les murs

D'un côté du mur, on se sent accueilli et en sécurité. De l'autre côté, on se sent exclu et vulnérable. C'est pourtant le même mur.



C'est à la hauteur des murs qu'on reconnaît une prison ou un château.



Les murs permettent de distinguer les bons des méchants, les civilisé des sauvages, les riches des pauvres : ceux qui ont besoin de murs et les autres.



On peut être devant un mur ou frapper un mur sans qu'il y ait de mur.



On a le choix : regarder le mur ou lui tourner le dos et regarder ailleurs.



La fenêtre dans le mur fait oublier le mur.



11 juillet 2004

Merci! Encore!

Merci à la Société Radio-Canada (SRC) d'avoir télédiffusé le spectacle d'ouverture et le spectacle de clôture du Festival international de Jazz de Montréal. Deux soirées inoubliables avec Diana Krall, Oliver Jones et Oscar Peterson grâce à une retransfusion 'live' impeccable! Je fais le souhait que notre télévision publique nous fasse partager de plus en plus souvent des prestations de nos grands musiciens canadiens.



J'aime le jazz. C'est plus qu'une musique, c'est l'incarnation harmonieuse de « liberté, égalité, fraternité ». La liberté d'improviser ou de recréer, l'égalité des musiciens chacun son tour soliste, la fraternité qui réunit tous les âges, tous les styles, toutes les modes et toutes les couleurs sans égard à la fortune et à l'origine!



10 juillet 2004

La voix de Myra Cree, Mohawk

À Radio-Canada, on a mis à la retraite la voix pleine d'éclats de rire et de vie de Myra Cree. Elle n'a pas perdu la parole pour autant. Aujourd'hui, elle se fait entendre dans une Lettre ouverte à ce passionné de cactus, par ailleurs ministre de la Sécurité publique :


« Ô Ponce Pilate, tu t'es lavé les mains de nous. » Depuis trop longtemps déjà nous vivons à Kanesatake une situation dont le ridicule le dispute au tragique. Et quand l'accablement me gagne, que je désespère de notre communauté, que je constate encore une fois avec quelle facilité les gouvernements se dérobent, je repense à la réflexion désabusée de ce grand-père kurde: « Notre passé est triste, notre présent est catastrophique, mais heureusement nous n'avons pas d'avenir... »

(...)

Maintenant que les célébrations de la fierté provinciale et fédérale sont passées, maintenant que M. Martin, qui n'avait d'oreille jusqu'à tout récemment que pour « la sonate au clair de l'urne », est assuré d'un destin national, si bancal soit-il, et malgré les vacances, peut-être voudra-t-on se souvenir de ma communauté. Ou est-ce là espérer contre toute espérance?

(...)

Moi qui n'étais pas de vote avis, qui ne le suis toujours pas, je n'aurais jamais cru que vous passeriez l'hiver -- et nous sommes en juillet, et vous êtes en vacances, et vous mettez les voiles et nous restons en rade. Connaissant votre penchant pour les citations, puis-je vous suggérer d'occuper une partie de vos loisirs à plancher sur celle-ci : « Ce n'est pas parce que c'est difficile que nous avons peur d'agir, c'est parce que nous avons peur d'agir que c'est difficile. »

Une lettre à coeur ouvert, sans complaisance, sereine, cynique et déchirante à la fois. À lire et à relire dans ledevoir.com, édition du 10 juillet 2004.


En rappel : Tragédie chez nos frères mohawks


09 juillet 2004

L'homme prédateur

L'homme dont les comportements sont déterminés essentiellement par son sexe animal. L'homme qui s'impose, qui domine, qui s'empare de tout ce qu'il convoite. L'homme qui a tous les droits : ceux qu'il s'arroge et ceux qu'il achète. L'animal homme agressif, violent, non dompté, indomptable, sauvage. Imposant. Rassurant par la force que lui vaut sa fougue, son applomb, le butin de ses conquêtes. L'homme prédateur.



L'homme prédateur fait les manchettes tous les jours; on voit ses mille et un visages dans tous les médias. Parce que les médias aiment l'homme prédateur. Ils l'admirent et le craignent à la fois; ils sont prêts à tout pour rester dans ses bonnes grâces. Instinct de survie médiatique. Ils sont prêts à faire l'éloge de sa voracité, à louer ses stratégie guerrières, à montrer ses prises, à raconter ses frasques, à suivre ses avancées en laissant dans l'ombre ses proies trop faibles, victimes nécessaires, sans intérêt pour le public en mal de vainqueurs. Parce que le public, victime, n'aime pas les victimes; le public préfère l'homme prédateur.




08 juillet 2004

Où sont les enfants?

Il n'y a plus d'enfants. Quelques bébés poussés fièrement par leur jeune maman. Mais d'enfants, presque plus. C'est le constat que j'ai fait chaque fois que je suis allé à Montréal ces derniers mois et que j'ai pu m'y promener un peu. Je me disais : ils sont sans doute à l'école car on va à l'école de plus en plus jeune de nos jours. Mais hier, en juillet? Où étaient donc les enfants?



Sans enfants, la ville est étrange, presque étrangère, sans éclats de voix, sans rires aigus, sans cris spontanés, sans petites jambes qui courent partout pour le seul plaisir de courir, sans petites mains qui frôlent tout pour le seul plaisir de toucher, sans les sourires nostalgiques des passants qui ont tout le temps de les regarder vivre leur propre innocence...



Faute d'enfants à observer, j'ai donc eu tout le loisir de regarder la ville elle-même. Une belle ville, Montréal, en perpétuelle mutation. On construit, construit, construit : immeubles neufs, vieux immeubles qu'on restaure ou qu'on réaménage, condos qu'on empile pour voir plus loin d'en haut, c'est tellement beau plus loin. La vie rêvée! Bachelor à partir de 89 900 $... Et toutes ces routes urbaines qu'on reconfigure et qu'on élargit pour améliorer la fluidité de la circulation. Parce qu'on circule en ville; on circule et on sort.



1, 2, 3, 4... 50 : prêt ou pas prêt, j'y vais! Vous êtes cachés quelque part, bien cachés, mais je vais vous trouver; il faut que je vous trouve... C'est une question de vie. Sortez de vos cachettes, qu'on vous voit! Parce qu'une ville sans enfants, ç'a pas d'maudit bon sens!



07 juillet 2004

Être accueilli

Comment est-ce que je vais être accueilli? Question angoissante s'il en est une. Nous avons tellement besoin d'être accueillis. C'est de naissance.


L'accueil, c'est ce qui donne un sens à ce qu'on fait; c'est ce qui en détermine la suite. Notre vie se faufille entre les accueils et les rejets.


L'amour et l'amitié ne sont rien d'autre qu'accueil et durent tant que dure l'accueil.


Et notre angoisse viscérale devant la mort tient à cette seule question : est-ce que je vais être accueilli?


06 juillet 2004

Sans drapeau

La fierté d'un peuple se voit quand on sort les drapeaux. Hier, c'était la fierté grecque réveillée par la victoire de leur équipe à l'Euro. Les Grecs si discrets depuis tant d'années ont maintenant une raison d'être fiers et de sortir leur drapeau.


C'était avant les référendums. Nous sortions les drapeaux deux fois par année, le même mois, pour célébrer d'abord la Fête Dieu, puis la Saint Jean-Baptiste. Tout le long du parcours de la procession et de la parade dans les rues pavoisées, nous brandissions fièrement nos deux petits drapeaux, le bleu fleurdelysé du Québec, le jaune à la clé d'or du Vatican. La fête, les drapeaux, la fierté.


Vinrent le drapeau canadien, la 'révolution tranquille', le parti québécois, le premier référendum, le rapatriement de la constitution, le deuxième référendum : bref, vinrent les divisions politiques nationales. Dieu se mit à disparaître, la Fête Dieu, la procession, les drapeaux jaunes. De fête nationale qu'elle était, la Saint Jean-Baptiste devint une manifestation nationaliste, parfois violente. Symbole de tout un peuple, le fleurdysé devint symbole d'un groupe nationaliste, symbole de division.


Je suis maintenant sans drapeau : péquistes et bloquistes québécois se sont appropriés le fleurdelysé; j'ai été exclu de l'unifolié en 1982 en même temps qu'on me refusait une constitution où je pourrais prendre ma place.


En regardant les Grecs manifester en bleu et blanc leur fierté retrouvée, j'ai compris un peu mieux l'importance d'un drapeau pour unifier les nations et les peuples. Et je me suis mis à espérer que nos petits-enfants, un jour, se donnent un drapeau qui les unissent au delà de la carte géographique, un drapeau rouge et bleu et blanc avec feuille d'érable, fleur de lys et bras grands ouverts.


Sinon, comment pourront-ils jamais manifester au monde leur fierté, unis sous un même drapeau?

05 juillet 2004

Grandeurs

Matin d'embouteillage en tête. Trop de sujets en même temps dans le 'réfléchissoire'.


La première pierre de la Tour de la Liberté à Ground Zero :


Pour honorer et garder en mémoire ceux qui ont perdu leur vie le 11 septembre 2001 et pour rendre hommage à l'esprit immuable de la liberté. Le 4 juillet 2004.

À quand la Tour de l'Égalité?


La fierté grecque a maintenant un nouveau nom, Charisteas, qui rejoint les dieux du stade de ce jour, Federer, Schumacher...


Nortel récidiviste; ces grands financiers milliardaires qui soutirent à qui mieux mieux tout le jus de notre crédulité pour ensuite planter là ses travailleurs et ses petits actionnaires avec leurs rêves anéantis, vendre la baraque, aller presser, sous un nouveau nom en -onics d'autres citrons humains...


Cassini qui se ballade à travers les anneaux de Saturne, à la recherche de l'au-delà terrestre...


Ou l'essentiel? L'essentiel auquel nous a convié Claude Messier avant de mourir... Le documentaire d'Yves Langlois L'envol du monarque ne cesse de m'interpeller. C'était mon billet, hier : inachevé, enregistré en 'draft'. Je finirai bien par le publier. Il s'intitule : Grandeur de l'âme.


04 juillet 2004

Pouvoir

Le vrai pouvoir est entre les mains de celles et ceux qui sont capables de séduire celles et ceux qui croient l'avoir.

03 juillet 2004

Le cynisme, remède et poison

Retour de la série Bunker à la télé de Radio-Canada. Cette série on ne peut plus cynique à l'égard de nos moeurs politiques et journalistiques. À l'autre bout des classes, mais tout aussi cynique, il y a eu la série Les Bougons il y a quelques mois.



Le cynisme est un art tant qu'il se limite à relever les contradictions de nos moeurs et de nos habitudes politiques et sociales. C'est même un art thérapeutique : la plupart de nos humoristes ne font rien d'autre que de la thérapie de groupe. Ce n'est pas pour rien qu'après les médecins, ce sont les humoristes qui sont les mieux payés au Québec : c'est là une affirmation 'gratuite' mais certainement très proche de la réalité.



Le cynisme est également un poison redoutable. Il y a de la méchanceté dans le cynisme, du mépris, un désir de vengeance. En cela, l'art qui s'appuie sur le cynisme est profondément inique. Lorsque des individus sont atteints, cela ne peut être sans conséquences. Ils n'en meurent peut-être pas mais se terrent et se taisent. « Il y a des limites à se faire tomber dessus! »



Et c'est ainsi que les intellectuels se terrent dans leurs livres et se taisent dans les médias, que les artistes se terrent dans leurs arts et se taisent dans les médias, que les philosophes et les humanistes se terrent dans leurs universités et se taisent dans les médias, que les hommes et femmes politiques se terrent dans leurs partis et se taisent dans les médias, que les scientifiques se terrent dans leurs laboratoires et se taisent dans les médias, que les élites religieuses se terrent dans leurs églises et se taisent dans les médias, que les profs se terrent dans leurs écoles et se taisent dans les médias... Et quand ils parlent, c'est pour sauver leurs écoles, leurs églises, leurs laboratoires, leurs partis, leurs universités, leurs arts, leurs livres, leurs valeurs, leurs traditions, leur patrimoine... c'est pour quêter des fonds pour les sauver... Et pour obtenir l'argent qu'il faut, il y a des choses qu'il vaut mieux taire... Et on se tait. Et on se terre.



Il n'y a que deux catégories de gens qui peuvent résister longtemps au cynisme : les millionnaires capables de le financer ou de le faire taire et les paumés qui n'ont rien à perdre et dont c'est l'ultime consolation. Entre les deux, on ne peut qu'en rire.



Quant aux médias, ils en vivent plus souvent qu'autrement.



02 juillet 2004

Moment d'arrêt

J'ai mis ce carnet au monde le premier janvier 2004, il y a donc 6 mois. J'y exprime chaque jour une parcelle de ma vision de la vie. Je le fais d'abord pour moi : pour clarifier et apprivoiser mes idées, mes principes, mes valeurs, mes sentiments, mes perceptions sensorielles. Pour faire la part des choses aussi entre l'essentiel et ce qui ne l'est pas à mes yeux. C'est une démarche exigeante que j'ai voulu graver dans le titre même de ce carnet : un titre sans concessions possibles.



Cet exercice m'est jusqu'à maintenant salutaire : il m'aide à me réconcilier avec la réalité. Il m'aide à voir la réalité, à la décrire telle que je la vois et à faire à travers les mots les ajustements nécessaires à son harmonisation avec mes perceptions. Il m'amène aussi à découvrir les perceptions d'autres bloguistes enchaînés eux aussi dans leur monde : curiosité saine, je crois, et parfois fort enrichissante.



J'aurais pu faire la même démarche en écrivant dans ma bulle un journal fermé. J'ai choisi de le faire de façon ouverte par le truchement d'un blogue. Un défi à la prétention : c'est trop facile de se trouver fin et beau ou dégoûtant dans son miroir bullique. C'est plus compromettant et plus risqué de se livrer en mots au regard de l'autre, mais aussi plus vivifiant. Contrairement au miroir, l'oeil de l'autre réfléchit intérieurement et peut agir sur ce qu'il voit ou lit, l'assumer ou pas et l'exprimer. Et tant mieux si quelqu'un y trouve son compte.



Assez d'auto-analyse bloguiste. Hier, c'était l'orage : éclairs soudains aux échos tonitruants, pluie impressionnante mêlée de grêle. Aujourd'hui, ciel bleu : comme si rien ne s'était passé la veille. Beau temps pour sortir de soi.


01 juillet 2004

Canadien français

Mes ancêtre étaient explorateurs, chasseurs, coureurs des bois.
Ils avaient la peau rouge, la peau blanche, la peau noire.
Ils avaient pour territoire l'Amérique entière.

Je suis Canadien français.



Je n'aime ni les clôture et les barrières, ni les murs et les plafonds.
J'aime le grand air, les portes et les fenêtres ouvertes.
J'aime la liberté, les grands espaces.

Je suis Canadien français.



Nos pères étaient de famille, nos mères d'enfants.
Ils savaient bâtir maisons pour rester, écoles pour grandir, églises pour rassembler, gares pour accueillir et monuments pour rester en mémoire.
Comme eux je suis croyant, croyant en l'avenir.

Je suis Canadien français.



Je refuse d'être conquis, colonisé, la chose de quelqu'un.
Je refuse d'être exploité par qui que ce soit d'ailleurs ou d'ici.
Je refuse d'être humilié même en français peu importe le prix offert.

Je suis Canadien français.



Je suis fier de ma langue rugueuse et de ma culture saisonnière.
Je suis fier de nos poètes metteurs en mots, en musique et en chansons.
Je suis fier d'être d'ici et de partout à la fois.

Je suis Canadien français.



On me dit Québécois, mot provincial de parti et de bloc.
Je le suis car je suis du Québec et je me souviens.
Mais je suis plus encore.

Je suis Canadien français.