03 juillet 2004

Le cynisme, remède et poison

Retour de la série Bunker à la télé de Radio-Canada. Cette série on ne peut plus cynique à l'égard de nos moeurs politiques et journalistiques. À l'autre bout des classes, mais tout aussi cynique, il y a eu la série Les Bougons il y a quelques mois.



Le cynisme est un art tant qu'il se limite à relever les contradictions de nos moeurs et de nos habitudes politiques et sociales. C'est même un art thérapeutique : la plupart de nos humoristes ne font rien d'autre que de la thérapie de groupe. Ce n'est pas pour rien qu'après les médecins, ce sont les humoristes qui sont les mieux payés au Québec : c'est là une affirmation 'gratuite' mais certainement très proche de la réalité.



Le cynisme est également un poison redoutable. Il y a de la méchanceté dans le cynisme, du mépris, un désir de vengeance. En cela, l'art qui s'appuie sur le cynisme est profondément inique. Lorsque des individus sont atteints, cela ne peut être sans conséquences. Ils n'en meurent peut-être pas mais se terrent et se taisent. « Il y a des limites à se faire tomber dessus! »



Et c'est ainsi que les intellectuels se terrent dans leurs livres et se taisent dans les médias, que les artistes se terrent dans leurs arts et se taisent dans les médias, que les philosophes et les humanistes se terrent dans leurs universités et se taisent dans les médias, que les hommes et femmes politiques se terrent dans leurs partis et se taisent dans les médias, que les scientifiques se terrent dans leurs laboratoires et se taisent dans les médias, que les élites religieuses se terrent dans leurs églises et se taisent dans les médias, que les profs se terrent dans leurs écoles et se taisent dans les médias... Et quand ils parlent, c'est pour sauver leurs écoles, leurs églises, leurs laboratoires, leurs partis, leurs universités, leurs arts, leurs livres, leurs valeurs, leurs traditions, leur patrimoine... c'est pour quêter des fonds pour les sauver... Et pour obtenir l'argent qu'il faut, il y a des choses qu'il vaut mieux taire... Et on se tait. Et on se terre.



Il n'y a que deux catégories de gens qui peuvent résister longtemps au cynisme : les millionnaires capables de le financer ou de le faire taire et les paumés qui n'ont rien à perdre et dont c'est l'ultime consolation. Entre les deux, on ne peut qu'en rire.



Quant aux médias, ils en vivent plus souvent qu'autrement.



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