05 novembre 2023

Reculer

M'est venue une drôle d'idée ce matin en reculant l'heure à l'horloge numérique de la cuisinière : pouvoir reculer les pages du calendrier... Pouvoir magiquement revenir à cet âge de ma vie où l'univers était notre 'carré de sable' dans le terrain vague d'à-côté.

03 novembre 2023

Être humain aujourd'hui

Je me sens piégé. Comme dans ce labyrinthe de foire où, enfant, je ne trouvais plus la sortie. Emmuré dans ma COVID longue, seul dans un appartement trop grand avec vue sur le monde par écrans interposés, vue sur la planète Terre en déroute. Pourtant. Pourtant chaque matin, quand je descends les vingt-deux marches qui me permettent d'atterrir sur la terre ferme, je retrouve inlassablement le calme qui caractérise mon village d'adoption. Les ouvriers de l'immeuble d'à-côté, la plupart immigrés temporaires, qui partent courageusement s'échiner aux champs, les enfants encore endormis dans l'autobus scolaire qui passe, l'église désertée en face, quelques vieux et vieilles esseulés — qu'on appelle de nos jours « retraités » pour ne pas les effrayer — qui promènent sur la rue Principale leur petit chien en laisse, et le va-et-vient des camions, tracteurs, machineries agricoles comme dans tout village encore digne de ce nom. Je vis dans deux mondes aux antipodes : celui de mes écrans 'branchés' sur « l'actualité » mortifère; celui de mon village 'branché' sur la vie qui bat son plein éperdument. Lequel est fiction? Lequel est réalité? Je ne le sais plus trop; comme tout être humain de nos jours sans doute, je vis en même temps dans ces deux mondes qui s'entremêlent jour après jour, d'heure en heure, dans ma tête de vieux qui a de la misère à suivre...

11 mars 2022

Les Ukrainiens, c'est nous autres...

Depuis les premières heures de l'invasion de l'Ukraine par l'armée russe, j'ai mal en-dedans. Et je me demande tous les jours pourquoi. Après tout, c'est loin l'Ukraine. Contrairement aux Européens, nous ne risquons pas ou peu que cette guerre nous atteigne directement... Et pourtant...

Je me suis réveillé ce matin avec, peut-être, la réponse : « Mais, les Ukrainiens, c'est nous autres! » L'invasion de l'armée en octobre 1970... à peine un mois après notre mariage et les rêves qui y étaient associés, perturbés, peut-être à jamais compromis. En rétrospective, l'issue de 'nos' combats territoriaux à forces inégales de 1995, 1980, 1945, 1914, 1876 (oui), 1837-38, 1755 (pour plusieurs d'entre nous)... Et j'en oublie/ignore comme des grands pans de notre histoire. Occultés.

Il y des évènements dont la portée dépasse notre individualité et notre longévité, des évènements inscrits à notre insu dans notre ADN; comme si la Vie voulait nous obliger à ne pas les oublier de génération en génération. Pour, peut-être un jour, en tirer des leçons. À tout le moins, entretenir notre compassion.