06 juillet 2004

Sans drapeau

La fierté d'un peuple se voit quand on sort les drapeaux. Hier, c'était la fierté grecque réveillée par la victoire de leur équipe à l'Euro. Les Grecs si discrets depuis tant d'années ont maintenant une raison d'être fiers et de sortir leur drapeau.


C'était avant les référendums. Nous sortions les drapeaux deux fois par année, le même mois, pour célébrer d'abord la Fête Dieu, puis la Saint Jean-Baptiste. Tout le long du parcours de la procession et de la parade dans les rues pavoisées, nous brandissions fièrement nos deux petits drapeaux, le bleu fleurdelysé du Québec, le jaune à la clé d'or du Vatican. La fête, les drapeaux, la fierté.


Vinrent le drapeau canadien, la 'révolution tranquille', le parti québécois, le premier référendum, le rapatriement de la constitution, le deuxième référendum : bref, vinrent les divisions politiques nationales. Dieu se mit à disparaître, la Fête Dieu, la procession, les drapeaux jaunes. De fête nationale qu'elle était, la Saint Jean-Baptiste devint une manifestation nationaliste, parfois violente. Symbole de tout un peuple, le fleurdysé devint symbole d'un groupe nationaliste, symbole de division.


Je suis maintenant sans drapeau : péquistes et bloquistes québécois se sont appropriés le fleurdelysé; j'ai été exclu de l'unifolié en 1982 en même temps qu'on me refusait une constitution où je pourrais prendre ma place.


En regardant les Grecs manifester en bleu et blanc leur fierté retrouvée, j'ai compris un peu mieux l'importance d'un drapeau pour unifier les nations et les peuples. Et je me suis mis à espérer que nos petits-enfants, un jour, se donnent un drapeau qui les unissent au delà de la carte géographique, un drapeau rouge et bleu et blanc avec feuille d'érable, fleur de lys et bras grands ouverts.


Sinon, comment pourront-ils jamais manifester au monde leur fierté, unis sous un même drapeau?

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