À Radio-Canada, on a mis à la retraite la voix pleine d'éclats de rire et de vie de Myra Cree. Elle n'a pas perdu la parole pour autant. Aujourd'hui, elle se fait entendre dans une Lettre ouverte à ce passionné de cactus, par ailleurs ministre de la Sécurité publique :
« Ô Ponce Pilate, tu t'es lavé les mains de nous. » Depuis trop longtemps déjà nous vivons à Kanesatake une situation dont le ridicule le dispute au tragique. Et quand l'accablement me gagne, que je désespère de notre communauté, que je constate encore une fois avec quelle facilité les gouvernements se dérobent, je repense à la réflexion désabusée de ce grand-père kurde: « Notre passé est triste, notre présent est catastrophique, mais heureusement nous n'avons pas d'avenir... »
(...)
Maintenant que les célébrations de la fierté provinciale et fédérale sont passées, maintenant que M. Martin, qui n'avait d'oreille jusqu'à tout récemment que pour « la sonate au clair de l'urne », est assuré d'un destin national, si bancal soit-il, et malgré les vacances, peut-être voudra-t-on se souvenir de ma communauté. Ou est-ce là espérer contre toute espérance?
(...)
Moi qui n'étais pas de vote avis, qui ne le suis toujours pas, je n'aurais jamais cru que vous passeriez l'hiver -- et nous sommes en juillet, et vous êtes en vacances, et vous mettez les voiles et nous restons en rade. Connaissant votre penchant pour les citations, puis-je vous suggérer d'occuper une partie de vos loisirs à plancher sur celle-ci : « Ce n'est pas parce que c'est difficile que nous avons peur d'agir, c'est parce que nous avons peur d'agir que c'est difficile. »
Une lettre à coeur ouvert, sans complaisance, sereine, cynique et déchirante à la fois. À lire et à relire dans ledevoir.com, édition du 10 juillet 2004.
En rappel : Tragédie chez nos frères mohawks
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