20 juillet 2004

Denise Bombardier, recto verso

J'apprends ce matin que « Licenciée par courriel par Radio-Canada l'an dernier, l'animatrice et écrivaine Denise Bombardier passe au réseau TVA. Elle sera commentatrice dans les différents bulletins de nouvelles du réseau de télévision privé. »


 

De trois choses l'une : ou bien l'information à TVA s'apprête à changer du tout au tout, ou bien la direction de TVA ne connaît pas Denise Bombardier et cette dernière n'y fera pas long feu, ou bien Denise Bombardier a décidé de renoncer à ses principes et à ses idéaux, elle qui écrivait dans sa chronique du 6 septembre 2003 :


À vrai dire, la télé-réalité n'est plus un genre télévisuel, elle est devenue, en quelque sorte, toute la télévision. Or, celle-ci avait déjà imposé une première tyrannie devenue sacrée : la crédibilité. La crédibilité est un concept plus qu'ambigu et moins vertueux qu'on ne l'imagine. La crédibilité n'est surtout pas la vérité. Un journaliste crédible, un politicien crédible ne sont que des incarnations superficielles de l'idéal recherché. Car le pouvoir de conviction est-il autre chose que la capacité de manipuler ? La recherche de cette crédibilité, dramatisée par la culture télévisuelle, mène au cul-de-sac idéologique et moral. On peut être à la fois éminemment crédible et absolument fourbe. De même que la télé-réalité représente la plus dangereuse mystification de la réalité elle-même. Or comment vivre raisonnablement sans la capacité d'appréhender le réel et de le distinguer de la fiction?

Enfin, (...) chacun aspire à devenir une star, c'est-à-dire à trouver la justification de son existence à travers le regard du plus grand nombre. (...) Le « Je pense, donc je suis » de Descartes est révolu. De nos jours, « La caméra s'allume sur moi, donc je suis ». Dure, dure, la réalité.

 

Hier, Jean-Sébastien Marsan écrivait dans une lettre ouverte au Devoir à l'occasion de la mort du magazine indépendant Recto Verso :


En quelques années seulement, la concentration de la propriété des médias québécois a battu des records, la convergence, les « synergies » et la télé-réalité ont consacré l'omniprésence de l'information-spectacle, les gouvernements ont continué à soutenir financièrement les médias commerciaux sans accorder la moindre attention aux médias indépendants et le milieu journalistique s'est montré incapable de contrer cette régression.
À moins d'une révolution, il n'y aura plus de journalistes au Québec dans cinq ou dix ans, et ne subsisteront que des « fournisseurs de contenu » à la solde d'entreprises pour lesquelles l'information est un produit parmi d'autres, standardisé, conformiste, sans débats ni engagement idéologique.

Denise Bombardier à TVA...





Aucun commentaire: