30 septembre 2004

Adieu, Expos!



Adieu, Youppi!

29 septembre 2004

Et vous, qu'en pensez-vous à Radio-Canada?

 


Une question pour Enjeux , pour Second regard et pour La facture :


Comment expliquer que dans un pays aussi riche que le nôtre il y ait encore des enfants pauvres?

Une question pour Zone libre, Le Point et 5 sur 5 :


Comment comprendre que nos divers paliers de gouvernement allouent si peu de ressources aux organismes de terrain?

Une question pour Tout le monde en parle ou devrait en parler, pour C'est ou ça devrait être dans l'air et pour Second ou je ne sais plus combien de regards :


Que devrions-nous faire comme société pour vraiment sortir une bonne fois pour toutes de la misère et de l'indigence?

Voilà le type de convergence qu'on attend de Radio-Canada.


Source des questions : Bertrand Hall, « Qu'en pensez-vous? », La solidarité internationale, Le Téléjournal Montréal, édition du 28 septembre 2004

28 septembre 2004

Premiers livres

Grâce à mon abonnement RSS chez Gutenberg, j'ai retrouvé mon premier vrai livre de jeunesse dans lequel il n'y avait que des mots : Les lettres de mon moulin, d'Alphonse Daudet.


Ça m'a fait drôle de voir défiler tous ces mots à l'écran du premier au dernier, sans pouvoir passer la main sur la couverture glacée, sans pouvoir respirer l'odeur du papier jauni, sans pouvoir entendre le froissement des pages tournées à la hâte, sans pouvoir tenir le livre dans mes mains comme s'il avait été écrit pour moi tout seul.



Mais dès les premières lignes, la magie a vite pris le dessus. Et me revoilà en Provence. « Un joli bois de pins tout étincelant de lumière dégringole devant moi jusqu'au bas de la côte. À l'horizon, les Alpilles découpent leurs
crêtes fines... Pas de bruit... A peine, de loin en loin, un son de
fifre, un courlis dans les lavandes, un grelot de mules sur la route... » J'y retrouve le moulin tel qu'il était alors, avec les mêmes lapins « assis en rond sur la plate-forme, en train de se chauffer les pattes à un rayon de lune », et le même hibou « sinistre, à tête de penseur, dans la chambre du haut, immobile et droit sur l'arbre de couche, au milieu des plâtras, des tuiles tombées (secouant) péniblement ses ailes grises de poussière... »



En explorant les rayons de Gutenberg, j'ai aussi retrouvé avec plaisir Le petit chose, un ami d'enfance. Et vous savez quoi? Il n'a pas vieilli, lui.


27 septembre 2004

Bas prix Gros profits quotidiens

Les membres de la famille Walton, qui tirent leur forture de la chaîne de magasins Wal-Mart, occupent toujours les places de quatre à huit pour Helen, Robson, John, Jim et Alice, avec chacun une fortune estimée à 18 milliards de dollars.
(De plus en plus de milliardaires aux États-Unis, dans Le Nouvel Observateur, édition du 24 septembre 2004)


5 fois 18 milliards, donc une fortune totale colossale de 90 milliards de dollars, tirée des bas prix quotidiens coupés jour après jour... Que la concurrence se le tienne pour dit : plus les prix sont bas, plus c'est payant!




26 septembre 2004

laculture.ecole : .qc.ca ou .net ou .com?

Le langage machine des adresses URL utilisées dans les TICC fait maintenant partie de notre culture. En cette dernière Journée de la culture, je me questionnerai tout haut sur laculture à l'école : la culture ou l'aculture?



    La culture, c'est le regard qu'on porte sur les lieux, les choses et les gens, c'est l'oreille qu'on leur tend. Ma culture, c'est ma façon de regarder, d'écouter, de sentir, de goûter, de toucher. C'est aussi ma façon d'exprimer ce que je perçois et ce que je ressens. Ma culture, c'est mon être.


L'école amène-t-elle l'enfant à regarder? À distinguer la télé de la réalité, le beau vrai du faux beau, l'art visuel de l'art virtuel? À apprivoiser le noir, à ne pas être ébloui par le blanc, à se laisser apaiser par la gamme des verts et des bleus du parc avoisinant le firmament qui semble si lointain? À lire entre les lignes et à travers les mots des livres? Y a-t-il un parc et un firmament à portée de vue des enfants à l'école? Y a-t-il quelques rayons de livres mystérieux sur le mur de leurs classes?



L'école amène-t-elle l'enfant à écouter? À distinguer l'homme de parole du beau parleur, l'harmonie de la cacophonie? À reconnaître la musique à travers le bruit? À apprécier le son pur d'un instrument sans ampli? À accorder ses pulsations au rythme d'un tamtam rassurant? À se méfier des décibels déchirants? À se laisser envoûter par le gazouillis d'une volée d'oiseaux, par le bruissement des feuilles d'un chêne, par le chuintement du vent, par le clapotis du ruisseau voisin? Y a-t-il un parc et un ruisseau à un jet de pierre de l'école?



L'école amène-t-elle l'enfant à sentir les parfums des fleurs qui sentent bon et à caractériser les fragrances à peine perceptibles des autres? À détecter et à distinguer les odeurs les plus insidieuses? À repérer les émanations fétides ou pestulentes et à chercher ce qui les cause? Y a-t-il des fleurs dans les écoles? L'air que l'enfant y respire est-il bon?



L'école amène-t-elle l'enfant à goûter? Y partage-t-on quand c'est fête du pain chaud, un potage de légumes frais, un gâteau aux petits fruits à savourer encore fumants? Apprend-on à l'enfant d'où vient son lait, son jus et ce que contient sa boisson gazeuse? À lire comme il faut Coca-Cola eau gazéifiée, sucre/glucose-fructose, colorant au caramel, acide phosphorique, essences naturelles, caféines avant d'ouvrir et d'avaler d'une traite? Y a-t-il une cuisinière bien branchée dans chaque école? Y fait-on un jardin?



L'école amène-t-elle l'enfant à toucher ou est-ce un autre lieu du ne-touchez-pas. L'écorce des arbres autour, le sable ou l'herbe fraîchement coupée de la cour, le marbre du vestibule, la pierre à l'entrée, le tissu des rideaux, le bois du plancher, le plâtre des murs, la sculpture au bout du corridor : peut-on y toucher, en ressentir la chaleur ou le froid, la fragilité ou la rigidité, la douceur ou l'âpreté? L'école invite-elle les enfants à se donner la main pour s'encourager ou se féliciter? Y a-t-il dans l'année des occasions de le faire? Y a-t-il dans la cour de chaque école au moins un arbre, un peu d'herbe et de sable?



La culture dans les écoles est-elle seulement grands arts inaccessibles? En vitrine, sur les plus hauts rayons de la bibliothèque, dans des cadres empoussiérés sur les murs, au fond des armoires dans les coulisses de la scène fourre-tout au fond de la grande salle? Culture réservée? Culture pour la frime?



Autant de questions auxquelles je ne saurais répondre parce que je n'y suis plus sinon de coeur. Ce que je sais cependant, c'est que nos enfants sont en culture à l'école et qu'ils ont droit à la culture dans son vrai sens pour pouvoir faire leurs choix présents et futurs. Nous n'avons pas le droit de leur transmettre notre aculturation même en toute inconscience.



laculture.ecole.qc.ca au primaire; puis, au secondaire, laculture.ecole.net. Mais je crains tellement qu'elle ne devienne ou même qu'elle ne soit déjà .com!


25 septembre 2004

L'aculturation

    « La notion d'aculture me fait penser à l'aculturation résultant d'une boulimie de cultures importées », écrivait zero sans accent en post-scriptum à mon billet d'hier.


Je définirais l'aculturation comme étant la neutralisation et l'uniformisation de la culture. L'aculturation mène tout droit à la dépersonnalisation. À plus long terme, l'aculturation prépare l'homo economicus dont on trouve déjà plusieurs spécimens en mutation : ces femmes et ces hommes en nombre croissant qui regardent, écoutent, sentent, goûtent et touchent avec une apparente satisfaction le même genre de produits.



Je crains moins l'aculturation pouvant résulter de cultures importées que celle résultant de la société de production-consommation-profit savamment propagée par les médias qui en dépendent. Je crains plus encore l'aculturation résultant de l'éducation tous azimuts par compétences (compétences à produire) : parce c'est un choix collectif financé par nos deniers et sanctionné par nos gouvernements, soi-disant défenseurs de nos valeurs traditionnelles et citoyennes.



Irrémédiablement, nous nous dirigeons vers une société d'aculturation-production-consommation-profit. Le profit n'est pas bête : il a compris que l'aculturation populaire lui permettra de se perpétuer et de croître sans risques.



La culture permet de prendre conscience du phénomène et de choisir. Choisir d'en tirer son propre profit ou de s'en libérer. Choisir d'avoir ou d'être. Mais qui se préoccupe de la culture? Combien de générations pourront encore faire ce choix?



Bonnes Journées de la culture!



24 septembre 2004

L'aculture

Depuis quelques années, la première fin de semaine de l'automne est consacrée à la culture au Québec. Ce sont les Journées de la culture.


« Les Journées de la culture ont pour but de valoriser, renforcer et accélérer la démocratisation de la culture au Québec en encourageant l'accès et la fréquentation de l'art et de la culture au plus grand nombre par des communications directes avec les artistes, artisans et les travailleurs culturels ».


Cette description trouvée sur le site Web de l'événement me laisse perplexe : la culture aurait donc suivi la tendance de la normalisation? Elle se pratiquerait par des travailleurs spécialisés dans des milieux fermés? Ces journées seraient en quelque sorte des « journées portes ouvertes » pour notre industrie culturelle? Et notre culture souffrirait d'un déficit démocratique?



Où vis-je? Où vais-je? Que fais-je pendant les trois cent soixante-deux ou trois autres jours de l'année, n'étant ni artiste, ni artisan, ni travailleur culturel? De l'aculture? Voyons donc!



Que l'art ait ses règles et se pratique en chapelles par des maîtres de l'art, soit. Que les artistes forment une caste à part, soit. Mais n'enfermons pas la culture dans un cagibi. On peut fréquenter les arts et les artistes, mais on ne fréquente pas la culture. La culture nous entoure où que l'on soit, on y participe activement ou passivement chaque jour. Chacun a sa culture, façonnée à partir de ce qu'on lui a inculqué, de ce qu'il fréquente et de ce qu'il cherche. La culture de l'universitaire n'est pas meilleure que celle de l'analphabète : ce sont deux cultures différentes, point. Et c'est cette différence qui en fait la richesse.



On ne fréquente pas la culture : on fréquente des lieux et des gens. La culture, c'est le regard qu'on porte sur ces lieux et sur ces gens, c'est l'oreille qu'on leur tend. Ma culture, c'est ma façon de regarder, d'écouter, de sentir, de goûter, de toucher.



L'inculte, s'il existait, se contenterait de voir, d'entendre, de respirer, d'engouffrer et de frapper; parce qu'on ne lui aurait pas montré à regarder, à écouter, à sentir, à goûter, à toucher. « On », c'est-à-dire au premier chef sa mère, son père, ses profs et ses vrais amis. L'inculte aurait été sans mère, ni père, ni profs, ni vrais amis. L'inculte n'existe que dans les préjugés.



Le 'cultivé' n'existe pas non plus, même s'il le prétend par méprise ou ignorance (eh, oui!) : cultivé ou prétentieux? pédant? arrivé? arriviste? parvenu? Incapable en fait de regarder, d'écouter, de sentir, de goûter, de toucher... Inculte, donc?



Bonnes journeesdelaculture.qc.ca! (Journées de l'aculture?)



CULTURE, subst. fém. Au fig. Fructification des dons naturels permettant à l'homme de s'élever au-dessus de sa condition initiale et d'accéder individuellement ou collectivement à un état supérieur. A. Ensemble des moyens mis en oeuvre par l'homme pour augmenter ses connaissances, développer et améliorer les facultés de son esprit, notamment le jugement et le goût. 1. Absol. Travail assidu et méthodique (collectif ou individuel) qui tend à élever un être humain au-dessus de l'état de nature, à développer ses qualités, à pallier ses manques, à favoriser l'éclosion harmonieuse de sa personnalité. (TLFi)

23 septembre 2004

Pourtant...

Pourtant la journée s'annonce ensoleillée. Pourtant Chantal Petitclerc nous fait honneur aux Jeux paralympiques. Pourtant autour les couleurs de l'automne commencent à pointer. Pourtant Paul Martin a vraiment bien parlé hier aux Nations unies. Pourtant notre santé de corps, d'âme et de couple va bien selon toute apparence. Pourtant Liza Frula semble bien défendre notre diversité culturelle à l'UNESCO. Pourtant la mécanique du chat, du chien et de la Caravan, ça va. Pourtant l'espérance de vie en CHSLD continue à augmenter au pays. Pourtant tout semble bien aller du côté des garçons : pas de nouvelles, bonnes nouvelles. Pourtant, dieu soit béni, il n'y a plus de publicité pendant le Téléjournal. Pourtant le travail ne manque pas au moins pour quelques semaines encore...



Ces images de l'Irak occupée qui tue et s'entretue... Ces images du Darfour entassé qui a faim... Ces images d'Haïti submergée qui se noie... Ces images d'impuissance lointaine révélatrices de ma propre impuissance...



Il y a ceux qui ont trop, beaucoup trop et qui amassent encore. Il y a ceux qui n'ont rien, moins que rien et qu'on dépouille encore. Entre les deux, nous, les impuissants, les inconscients, les indifférents et eux, les ONGénéreux sans frontières et sans autres moyens que l'utopie ou leur passion humanitaire.



J'en veux aux personnes morales sans compassion sinon boursière. J'en veux à celles qui perfectionnent et multiplient les armes pour les vendre à profit aux Irak à colère et à sang. J'en veux à celles qui stockent à craquer les vivres qu'ils produisent et laissent les Darfour à leur faim. J'en veux à celles qui s'assoient sur leurs tonnes de médicaments brevetés et regardent les Haïti mourir.



Pourtant...





22 septembre 2004

Odeurs

Ça sent l'automne. Les parfums de récoltes mûries qui se mêlent aux exhalaisons rancies des lisiers éjectés à pleins sols et à l'âcre flagrance de la mouffette cavalière qui se faufile parmi les arômes automnales. Je me suis souvent demandé comment les mouffettes règlent leurs querelles de ménage.

21 septembre 2004

Le chat sort du publisac

Dépouiller le publisac fait partie de la routine de mes dimanches. Je suis chaque fois étonné que ce banal sac -- fait d'un plastique si mince que les poignées déchirent dès qu'on a le malheur de les prendre -- contienne les circulaires des grands et gros du commerce national et mondial implantés dans nos 101 capitales régionales québécoises : Wal-Mart, RadioShack, Canadian Tire, Loblaws, Super-C, Métro, etc.



Dans le publisac, on trouve aussi l'hebdo régional L'Avenir & Des Rivières du groupe Le Canada-français dans lequel les petits commerçants de la région s'annoncent tant bien que mal. Jusqu'à récemment s'y ajoutait le mensuel Les Professionnels d'ici, un jeune journal indépendant qui nous fait découvrir des aspects moins connus de nos cantons avec une approche commerciale personnalisée. « Jusqu'à récemment », parce que le dernier numéro n'y était pas : Les Professionnels d'ici, édition de septembre, est arrivé quelques jours après le publisac, tout seul dans la boîte aux lettres parmi les comptes. En le parcourant, j'ai compris pourquoi.



C'est suite à des pressions d'une chaîne régionale, propriétaire de plusieurs journaux locaux qui veut la disparition des journaux indépendants de son territoire, que Publi-Sac refuse maintenant d'accueillir notre clientèle. (...) Celui qui nous crée cet obstacle sait que la livraison postale d'un journal, en plus de devoir répondre à des exigences particulières de pliage -- donc, coût additionnel --, coûte plus cher que celle effectuée par Publi-Sac, au point de gruger une partie importante des profits. (...) En bloquant la livraison par Publi-Sac, il ajoute aux coûts de l'indépendant qu'il espère ainsi décourager. (...) Le journal en question veut le monopole sur le territoire et n'hésite pas à multiplier les jambettes à tout concurrent qui se présente.


Extraits de « Transcontinental, division Publi-Sac, se plie à l'intimidation d'un gros client », par Hélène Paquette, directrice du journal régional Les professionnels d'ici


Je comprends maintenant mieux pourquoi on trouve surtout les circulaires des 101 gros et grands dans le publisac : chez Transcontinental/Publi-Sac, on se moque de l'éthique concurrentielle et on favorise l'exclusivité plus payante. En toute honnêteté, Transcontinental devrait au moins afficher ses couleurs : Publi-sac, distributeur exclusif de..., de... et de...



Quant aux journaux du groupe Le Canada-français, ils viennent de perdre beaucoup de crédibilité à mes yeux : quelque chose me dit que libre concurrence et liberté de presse vont de pair, et qu'empêcher l'une, c'est révéler qu'on peut aussi se moquer de l'autre si le profit est en cause.




20 septembre 2004

Pour en finir avec ceux qui tendent la main casquette

J'aime bien sortir de la campagne une fois de temps à autre, aller prendre l'air à Montréal. Jeudi soir dernier, j'ai pu stationner la Caravan '96 rue Sainte-Catherine face au Futureshop près du Carré Philips et m'accorder 40 minutes de liberté pour 1 $. En marchant sur le trottoir avec une centaine d'autres solitaires errants, je me suis mis à la recherche des nouveautés dans ce coin typique de la ville.



Une grande affiche attire d'abord mon attention sur la façade en décrépitude du défunt Sam The Recordman : on y annonce la mise en valeur de l'église St-James dont je vois plus loin parmi les vitrines la porte d'entrée surmontée d'une enseigne au néon, comme s'il s'agissait d'un commerce parmi d'autres. Verra-t-on enfin la cathédrale gothique surgir de l'arrière-cour où elle se cache depuis des décades? Deviendra-t-elle un autre musée de la religion tranquille? À moins qu'on ne veuille faire descendre le tourisme religieux de la montagne pour l'amener magasiner au centre-ville?



Besoin naturel pressant : je choisis le magasin La Baie pour le soulager en toute dignité. À peine entré, je suis immédiatement envahi par un éclairage aveuglant et un cocktail de parfums qui m'emmènent quelque part entre l'ennivrement et la suffocation. Plus de vendeuses que de clientes et de clients, toutes affairées à fignoler l'étalage tabernaculaire de leurs parfums aux noms audacieux et charmeurs : Angel, Cabotine, Allure, J'adore, Neiges, Opium, Coco; Swiss Army, Fahrenheit, Chrome, Eau sauvage, Hugo, Eternity et Chanel dont le No 5 résiste au temps... Ici et là, des flacons échantillons à disposition pour en faire l'essai devant des miroirs immaculés, question d'en voir l'effet sur soi sans doute. Après avoir enfin repéré avec l'aide d'un vendeur un peu empesé la pièce de résistance que je cherchais -- au deuxième, à gauche des ascenseurs, ça pourra peut-être vous être utile un jour! -- je retraverse en retenant mon souffle le sanctuaire des parfums pour retrouver l'air respirable de la ville.



En refaisant le trottoir vers l'est, plus lentement cette fois mais pas trop, parcomètre oblige, je suis trois fois encore interpellé par une casquette tendue. Et je réalise soudain que la mendicité n'est plus ce qu'elle était : on ne tend plus la main, debout au coin d'une rue, en disant « s'il-vous-plaît » et en vous regardant dans les yeux; on tend la casquette graisseuse, assis ou accroupi devant une vitrine, en grognant et sans vous regarder. Un de ces tendeurs de casquettes s'était même ficelé un carton sur la poitrine, sur lequel il avait inscrit à la main « Aidé moi ». Comme la plupart des passants, je n'avais pas de monnaie ce soir-là et je dus me contenter de leur souhaiter l'un après l'autre des jours meilleurs en mon fors intérieur.



Arrivé au parcomètre, je vis qu'il indiquait 'violation'. Tout près, le dernier croisé enfonçait sa casquette dans sa poche et essayait de se relever en titubant, visiblement fatigué de sa journée. Et je me demandai pourquoi on ne recyclerait pas les vieux parcomètres en casquomètres pour les mendiants : un passant y mettrait un huard bon pour 40 minutes, après quoi en voyant 'violation' apparaître, un autre pourrait faire de même... Personne n'aurait plus besoin de culpabiliser chaque fois qu'un mendiant lui présente sa casquette sur la rue Sainte-Catherine et qu'il est sans monnaie; il suffirait de quelques piétons ayant encore quelques sous et un peu de compassion pour s'occuper des mendiants en 'violation'.



19 septembre 2004

Toi

sans toi

avoir froid même en juillet

avec toi

sentir la chaleur même sous zéro



sans toi

paysages ternes et gris jusqu'à l'horizon en plein soleil

avec toi

arbres châtoyants et fleurs aux couleurs séductrices même la nuit



sans toi

cacophonie partout

avec toi

partout musique et harmonie



sans toi

l'air irrespirable, fétide, étouffant

avec toi

parfums capiteux, arômes grisants dans l'air



sans toi

rugosité, aspérités ne-touchez-pas

avec toi

douceur caressante pour main chercheuse



sans toi

vite bouffe fade plein la gueule

avec toi

bouchées de bon pain fraîchement sorti du four



sans toi

chaque seconde en trop

avec toi

l'éternité en rappel



sans toi

le vide

avec toi

la plénitude



18 septembre 2004

Le droit des pauvres

    La pauvreté constitue une violation de droits, estime le président de la Commission des droits de la personne du Québec, Me Pierre Marois. Intervenant au congrès de l'Institut international de l'Ombudsman, il a déclaré : « Nous avons tous le devoir de hausser le ton face à la persistance et à l'aggravation de la pauvreté. La pauvreté n'est pas un inconvénient regrettable. C'est un déni de droit. Elle doit nous faire honte et être abolie ». Au Québec, 16,5 pour cent de la population vit en dessous du seuil de la pauvreté. Chez les familles monoparentales québécoises, le taux de pauvreté dépasse les 90 pour cent.

(selon Matinternet, édition du 7 septembre 2004)


Heureusement pour notre confort collectif, les pauvres n'ont pas l'argent qu'il en coûte pour faire reconnaître ce droit par la Cour et obtenir ainsi la part de la richesse collective qui leur revient! La « pauvreté zéro », on en parle pour se déculpabiliser dans des congrès, durant les commissions parlementaires et en campagne électorale. Entretenir périodiquement l'espoir d'une société juste, ça n'enlève rien à personne, ça ne coûte pas cher -- même que ça rapporte gros à l'État via Loto-Québec et les taxes sur le tabac -- et ça fait que le monde habitué de vivre avec le manque-à-gagner de l'espoir continue à en vivre jusqu'à en mourir.


17 septembre 2004

Potager 2004 - Découverte de l'été



Les merveilleux pois mange-tout (Snow Pea - Pisum sativum L.)

16 septembre 2004

Les Bougon décadents?

Radio-Canada pour le meilleur et pour le pire... J'ai déjà dit que Les Bougon n'avaient pas leur place à la télévision publique. Je récidive après le premier épisode de cette nouvelle saison où on a eu droit à un véritable freak show.



Au milieu du siècle dernier, les freak shows étaient populaires dans les petites villes du Québec : des spectacles où on faisait figurer des hommes et des femmes difformes et monstrueux, des 'légumes' disait-on, juste pour faire rire le monde 'normal'. La réprobation populaire finit par venir à bout de cette exploitation éhontée des plus faibles. Du moins je le croyais.



Hier, je n'ai pas du tout trouvé drôle cette parodie des malades mentaux à la télévision publique. Et quelle déception d'apprendre que la brillante (je n'en suis plus si sûr) Fabienne Larouche alias Virginie en était la productrice!



Jusqu'où n'irait-on pas pour avoir la cote d'écoute payante. Humour libre? À mon avis, c'est plutôt de l'humour décadent.



DÉCADENCE, subst. fém. État de ce qui commence à se dégrader et évolue progressivement vers sa fin ou sa ruine. (TLFi)

« Mais c'est aussi ça la vie. »

À la suite de la publication de mon billet sur Les Bougon, j'ai reçu un courriel du producteur de l'émission. Je le reproduis ci-après, avec son autorisation. C'est un point de vue qui m'a fait réfléchir... Et pour marquer cette réflexion, j'ai ajouté un point d'interrogation au titre.



Il y a deux choses dans la vie auxquelles on n'échappe pas. La première est la critique. C'est une bonne et belle chose. Elle sous-entend que dès qu'on met le nez dehors, on prend le risque de s'exposer au vent mauvais.


En cette matière, il y a deux types de promeneurs: ceux qui sortent à visage découvert, et ceux qui préfèrent le faire sous de grands manteaux. À mon avis, il n'y a pas de réel courage à porter un habit de soldat si ce n'est que pour aller au front. Les auteurs des Bougon ont au moins le courage de se montrer le nez dehors, et de prendre le risque d'être très mal compris.


François Avard et Jean-François Mercier n'ont pas du tout pour objectif de faire ce que vous dites. Votre jugement est intempestif et fondé sur des prémisses fausses. Il est possible que le moyen pour faire passer leurs idées ne soit pas le bon, mais lorsque vous questionnez leurs intentions même, vous leur faites subir un procès qu'ils ne méritent pas avec des moyens pas meilleurs que les leurs.


Ceci dit, je peux comprendre que cela puisse faire le plus grand bien, parfois, de crier son indignation C'est si rare; on ne le fait pas assez. Et vos préoccupations sont sûrement louables.


L'épisode d'hier soir ne visait pas du tout à ridiculiser les personnes malades mais plutôt à mettre l'accent sur notre indifférence. Je ne répondrai pas pour Fabienne, que vous semblez avoir en haute estime, malgré vos menaces de désaffection. Soyez rassuré, elle aborde elle aussi cette question, cette année, dans Virginie. Probablement sur un ton moins ironique et plus direct, plus apte à faire comprendre par un large public la même idée que dans LES BOUGONS.


Même un peu choquantes, même déroutantes par rapport au message contenu dans la série, vos critiques sont importantes et très utiles et nous vous en remercions.


En terminant, la seconde chose à laquelle personne n'échappe, c'est le doute. Penser en faire l'économie n'est pas une solution. L'artiste, au contraire de certains critiques, n'a pas les moyens de le faire.
C'est donc une lutte à armes inégales... mais c'est aussi ça la vie.


Sincèrement


Michel Trudeau

Producteur LES BOUGONS

15 septembre 2004

Au village global des valeurs

Qui a dit : « On vaut ce qu'on est capable de négocier. »?


  1. Un premier ministre en marge de la Conférence sur la santé?

  2. Un employé en grève de l'Agence du Revenu du Canada?

  3. Un joueur de la Ligue nationale de hockey?

  4. Un membre d'un groupe terroriste islamique?

  5. Un collaborateur proche de G. W. Bush?


Vous pouvez vérifier si vous avez bien deviné dans le post-scriptum ci-après.

14 septembre 2004

Dans l'oeil d'Ivan

Étranges, ces images des dégâts laissés par le passage de l'ouragan Ivan en Jamaïque! On s'attendrait à voir les débris des hôtels luxueux de nos destinations soleil... On ne voit pourtant que des matériaux épars de ce qui semble avoir été des cabanes ou d'humbles maisonnettes de pauvres gens : des images à saveur de tiers-monde. Mais où est donc allé tout cet argent des milliers de vacanciers et des centaines d'abrifiscalistes qui, depuis cinquante ans, profitent de ces ïles paradisiaques?

13 septembre 2004

Publicité « no-fault »

Dans les médias, il est difficile de ne pas faire une association entre les images qu'on nous présente chaque fois qu'il y a un accident de la route -- comme le carambolage des derniers jours -- et celles des messages publicitaires des constructeurs automobiles qui annoncent leurs véhicules entre deux nouvelles. D'un côté, on fait la promotion de bolides rapides et 'sécuritaires'; de l'autre, on montre des images de véhicules tordus, méconnaissables, juste bons pour la ferraille en mentionnant la plupart du temps la vitesse comme cause probable de l'accident.



Dans tous les cas il n'y a que des victimes : des morts, des blessés et nous tous assurés dociles qui n'en finissons pas de payer des augmentations de primes. Personne n'est responsable. Conséquence de notre régime public d'assurance sans égard à la responsabilité? L'accident et ses victimes passent vite aux statistiques et, comme si de rien n'était, les 'grands' de l'auto continuent à faire la promotion de la performance sécuritaire flamboyante à bon prix.



Que des victimes? Pas tout à fait : les fabricants et les vendeurs de chars y trouvent leur compte avec les assureurs et les grandes agences de publicité. Sans être inquiétés : no-fault. Sans égard à leur responsabilité, même si on sait très bien que la promotion de la vitesse tue.



Les messages publicitaires devraient au moins être signés : on devrait y trouver le nom de l'agence avec son numéro de téléphone et son adresse de courriel. L'anonymat actuel favorise et perpétue l'inconscience et l'irresponsabilité des annonceurs. Et puis, si la publicité était signée, on y trouverait moins d'horreurs parce qu'elles seraient vite pourchassées.



12 septembre 2004

Vive le Téléjournal libre!

Un agréable vent de libération souffle en ce début de saison sur notre radio-télédiffuseur public, la Société Radio-Canada. Après avoir brisé sa chaîne culturelle pour laisser sa deuxième fréquence FM prendre le large dans l'espace musical, la SRC s'apprête à couper le cordon commercial du Téléjournal.



J'attends du Téléjournal sans publicité qu'il profite de sa liberté pour nous mieux informer : rien d'autre. Jusqu'à maintenant, pieds et mains liés par ses cotes d'écoute et son chiffre d'affaires de 4 millions de $, le Tj n'avait pas d'autre choix que de livrer l'information attendue par les publicitaires. N'ayant plus à vendre ses nouvelles, le Tj pourra dorénavant livrer l'information due aux citoyennes et aux citoyens, ses désormais uniques bailleurs de fonds.



L'équipe du Téléjournal est-elle consciente de sa nouvelle responsabilité? Je le crois puisqu'elle s'est constamment démarquée par son professionnalisme. Est-elle prête à faire le virage citoyen? Nous allons le voir dans les prochaines semaines.



Nous allons voir si le Téléjournal est capable de faire de la place à l'information concernant les petits autant qu'à l'information qui concerne les gros : celle du petit monde comme celle du grand monde, celle des petites entreprises tracassées comme celle des grosses sociétés subventionnées, celle des petits partis à petite caisse comme celle des grands à grosse caisse, celle des sans-voix ni antenne comme celle des grandes gueules à micros, celle des pauvres humiliés par l'État comme celle des gras-durs grâce à l'État, celle des défenseurs de nos ressources communes comme celle de ses sauvages exploiteurs, celle des femmes et des enfants comme celle des hommes, celle des victimes comme celle des agresseurs, celle des régions éloignées des villes comme celle des villes éloignées des campagnes, celle de la vérité comme celle de la vraisemblance, celle des valeurs comme celle des profits, celle de la justice comme celle des partis pris, celle de l'échec comme celle du succès, celle des efforts de paix comme celle des trophées de guerre, celle de la beauté vraie comme celle de la beauté fatale... Bref, l'information touchant l'être tout autant que celle du paraître et du tout-avoir; bref, l'information qui donne le choix aux citoyens censés que nous sommes ou que nous sommes censés être.



J'en mets un peu beaucoup sur les épaules de l'équipe du Téléjournal; je le sais et ne m'en excuse pas. Ces gens-là n'ont pas peur des défis quand vient le temps d'informer : ils en ont maintes fois fait la preuve. Bientôt libres (le 16?), ils pourront nous faire voir autre chose que seulement ce qui se vend bien.


11 septembre 2004

Supplication



9-1-1

Inspiré par la photo d'une des tours jumelles
prise en 1999 par Renaud Amar

10 septembre 2004

Question à un milliardaire

Le slogan publicitaire de MasterCard m'interpelle chaque fois que je l'entends : « Il y a des choses qui ne s'achètent pas. Pour... »



Et chaque fois je me dis que la prochaine fois que je rencontrerai un -- ou une, s'il en est -- milliardaire, je lui demanderai : « Lesquelles? »



09 septembre 2004

La responsabilitélé

Sur toutes les télés du monde on a pu voir hier des images prises à l'intérieur de l'école de Beslan en Ossétie montrant des centaines d'enfants et d'adultes atterrés, menacés par quelques hommes cagoulés armés et vêtus comme des soldats. C'était quelques heures avant leur mort. Sur France 2, on a passé les images au ralenti pour nous expliquer et bien nous faire voir que des explosifs avaient été placés à des endroits stratégiques dans le gymnase, et comment ils étaient reliés par des fils à un détonateur placé sous le pied d'un des hommes en kaki.



Le principe de la télé est simple : Vous voulez voir? Vous allez voir. Le reste, ce qu'on nous fait voir, est une affaire de gros sous. Il faut en faire voir plus et plus vite que les autres canaux pour avoir la cote, la cote payante dite d'écoute. On l'oublie trop facilement : la télé est un produit.



RESPONSABILITÉ, subst. fém. Obligation faite à une personne de répondre de ses actes du fait du rôle, des charges qu'elle doit assumer et d'en supporter toutes les conséquences. (TLFi)


Le mot responsabilitélé n'existe pas bien sûr puisqu'il désigne quelque chose qui n'existe pas : la responsabilité de la télévision. Qu'est-ce que cette idée de vouloir associer responsabilité et télévision? Associe-t-on responsabilité et libre marché, responsabilité et libre concurrence, responsabilité et profit? Les images sont faites pour être montrées : on les montre! Point. Les cotes payantes d'écoute boursières détermineront si on avait raison ou non de les montrer...



La diffusion d'images violentes n'a aucune influence : l'augmentation de la violence chez les jeunes est un phénomène mondial normal. La diffusion d'images pornographiques n'a aucune influence : l'hypersexualisation est une évolution normale de la société. La diffusion d'images qui banalisent la souffrance et la mort n'a aucune influence. La diffusion d'images, quelles qu'elles soient, n'a aucune influence... J'aimerais bien savoir si nos télédiffuseurs tiennent le même discours auprès de leurs commanditaires quand vient le moment de renouveler leur contrat.



En rappel : Les profits de notre insouciance


08 septembre 2004

Le vrai et le faux

Mon cher fils,



Tu as peut-être été aussi surpris de lire mon billet d'hier sur le sexe industrialisé que je l'ai été moi-même à l'écrire. À distance, tu dois te demander ce qui se passe avec ton père pour qu'il fasse un tel tête-à-queue... Je pense qu'une explication s'impose.



J'ai horreur de tout ce qui est faux et je me méfie des illusionnistes véreux. Je fuis les vendeurs de rêves; ils sont tous, à des degrés divers, des exploiteurs de notre naïveté chronique. Les 'vrais rêves' ne s'achètent pas.



La pornographie constitue à mes yeux un des combles de la fausseté : en la décrivant crûment, j'ai voulu en quelque sorte l'exorciser. Tout à fait légale avec son hypocrite label 18 ans+ qui met en garde en même temps qu'il incite, la pornographie exploite ce que chacun de nous a de plus humain, de plus sacré et de plus vulnérable : notre sexe.



Notre sexe est en effet ce que nous avons de plus humain parce qu'il fait de nous un homme ou une femme; de plus sacré parce que sa fonction est de donner la vie; de plus vulnérable parce qu'il nous met en contact intime avec l'autre dans une relation de confiance, d'amour et d'abandon. Rien de tel dans la pornographie : le sexe y est objet, gadget, chose étalée mise à prix.



Mon billet d'hier, c'était une façon d'exprimer ma colère face à des hommes tout à leurs poches dans les trois sens du mot parce qu'ils le sont, des hommes sans vergogne qui profitent de notre besoin d'établir une relation vitale, qui jouent grossièrement avec nos cordes les plus sensibles appelées désir, libido et besoin d'amour, qui exploitent effrontément la beauté, l'innocence et le désemparement de jeunes filles tiraillées entre les mirages et la réalité.



Dans notre société où tout se mesure uniquement à l'argent qu'il rapporte, 'l'industrie adulte' du faux sexe est là pour rester, hélas! Les produits qu'elle étale à foison et ad nauseam n'ont qu'un seul mérite : ils nous forcent à choisir entre le vrai et le faux, entre le nous et le moi, entre l'amour et son simulâcre.



J'espère, fiston, que cette mise au point t'a rassuré au moins un peu sur ma santé mentale... De ton côté, ça va? Plutôt pluvieux comme été, tu ne trouves pas?


07 septembre 2004

Le sexe industriel



J'me déculotte, tu m'tripotes à volonté, tu mets ta capote, tu rentres et tu sors tant que tu peux, tu payes selon les faveurs obtenues, tu te sauves ni vu ni connu; next... Voilà, à quelques variantes près, le schéma de base du sexe 'industrialisé'. Montréal serait la troisième 'capitale du pornstar' après Los Angeles et Amsterdam, s'il faut en croire un reportage de la série SexTek, au canal Z (ou D ou S ou V, peu importe), les jeunes Québécoises seraient très en demande dans 'l'industrie adulte', belles, bilingues, ambitieuses, audacieuses, mettez-en-c'est-pas-de-l'onguent-et-c'est-payant-pour-l'exploitant.



L'industrie du sexe est florissante. Au siècle de l'homo economicus neo-liberalis, il y a de moins en moins de débouchés pour la femme-épouse et pour la femme-mère; de plus en plus pour la femme-jouet, la femme-marchandise. Plus besoin d'être époux, plus besoin d'être père, l'homme a enfin trouvé dans le sexe industriel qui n'engage à rien comment satisfaire à la fois sa dominance, sa liberté, son plaisir et son profit.




06 septembre 2004

Hein!

Imparfait.

Impardonnable?



Impatient!

Hein!



Impeccable.

Impérieux?



Impensable!

Hein!



Imbriqué.

Impliqué?



Impitoyable!

Hein!



Important.

Impotent?



Impossible!

Hein!



Impulsif.

Impudent?



Impuissant!

Hein!



IMPUISSANT.

Impuissant...







05 septembre 2004

La compassion menacée

Un des traits distinctifs de l'espèce humaine jusqu'à récemment, c'était sa capacité de compassion.


COMPASSION, subst. fém. Sentiment qui incline à partager les maux et les souffrances d'autrui. (TLFi)

La compassion est en voie d'être supplantée par son contraire : l'indifférence. En même temps que la Terre réchauffe, les Terriens refroidissent. Plusieurs facteurs ont contribué à ce refroidissement du coeur mais le plus décisif et le plus incisif, à mon sens, ce sont les médias, avec la télévision en tête de liste.



Les médias n'ont pas de coeur, c'est bien connu. Ils transmettent et ils reflètent la réalité et la fiction, la grandeur et la bêtise, en fait les quatre à la fois la plupart du temps, dans un subtil agencement destiné à nous captiver, à nous capturer, à nous acheter et à nous vendre.



La compassion est un sentiment intime, délicat, fragile et relationnel. La compassion n'est pas 'vendeuse', pas plus que la souffrance, la misère et la douleur qu'elle partage. La compassion est silencieuse; manifestée et maintenue, elle peut cependant être porteuse de solidarité et de changements. Vue de cet angle, la compassion peut déranger et être 'subversive'. Elle est donc à l'opposé du pouvoir.



Dans un monde où tout se mesure à l'argent que cela coûte ou procure, il y a bien peu de place pour la compassion. Je ne parle pas de la fiction avidement compatissante qui, elle, est payante, et comment! Je parle de la véritable, de celle qui pourrait amener l'homme, la femme, l'humanité au respect, à la justice et au partage.



COMPASSION, subst. fém. Antonymes : dureté, indifférence, insensibilité. (TLFi)


Aux antonymes, j'ajouterais : terrorisme et répression.


04 septembre 2004

Tchéchénie, Palestine, Darfour, Tibet, Kanesatake...

Il est temps qu'on se dote d'un organisme international qui puisse intervenir dans les pays qui traitent leurs minorités comme au temps de l'impérialisme et du colonialisme, un organisme neutre qui puisse servir d'intermédiaire entre majorité et minorités, promouvoir la négociation, élaborer avec les parties qui s'affrontent des formules de gouvernement qui respectent l'identité et le besoin d'autonomie des minorités... Il est temps que cesse le 'colonialisme national' sous couvert de démocratie -- qui donne tous les droits à la majorité dominante -- et que la possibilité de se distinguer à l'intérieur d'une nation puisse être reconnue mondialement sans qu'il faille braquer les armes du terrorisme impuissant sur des innocents.



Au Canada, par exemple, comment se fait-il qu'on n'ait pas encore trouvé une formule politique qui fasse une place réelle aux minorités autochtones au sein même des gouvernements? Tout se passe, dans ce pays comme dans les autres, comme s'il fallait, au nom de la démocratie majoritaire, faire perdurer les inégalités dans les minorités et préparer ainsi des conflits futurs. Et pourquoi donc? Les gouvernements auraient-ils trouvé là un moyen de justifier l'importance qu'ils accordent à leur armée, à la sécurité publique et à la justice avec un petit 'j' : à leur pouvoir? Belle démocratie!



03 septembre 2004

Être ou ne pas

Écrire, peindre, chanter, courir

Sortir ce qui déborde en soi

Libérer le trop-plein



Lire, contempler, écouter, goûter, caresser

S'ouvrir à ce qui déborde autour

Remplir le trop-vide



Ou se bercer en fermant les yeux

Et attendre l'anéantissement



02 septembre 2004

Les armes de l'impuissance

La prise d'otages à des fins politiques n'est pas nouvelle et suscite chaque fois des sentiments unanimes de réprobation. Quel que soit l'objectif poursuivi par les auteurs de cet acte inhumain, jamais personne n'ose prendre parti en leur faveur. L'événement est traité manu militari et se termine dans un bain de sang neuf fois sur dix. Il est impensable que des minorités revendicatrices fassent fléchir le pouvoir politico-militaire par des prises d'otages innocents, des enfants par surcroît.



Il m'est arrivé plus d'une fois d'avoir le sentiment d'avoir été très injustement traité par 'le système', de m'être senti exploité, méprisé par ceux-là même qui sont supposés servir les citoyens de par leur fonction publique. Je vous fais grâce des détails anecdotiques. Là où je veux en venir, c'est qu'il peut arriver des moments où on se sent totalement impuissant à défendre une cause qu'on croit juste : parce qu'on a fait le tour de tous les interlocuteurs possibles, qu'on est à bout d'arguments face à des lois et règlements à sens unique et qu'on se sent de moins appuyé par des pairs qui ne peuvent quand même pas tout risquer pour une cause perdue...



Dans des moments comme ceux-là, acculé au pied du mur, on en vient à penser aux armes de l'impuissance : dans sa tête, on devient vandale, fauteur de trouble, incendiaire, faiseur de barrages routiers, preneur d'otages... en croyant pouvoir ainsi attirer les médias et réveiller quelque part un interlocuteur, un médiateur, un juge, un humain au pouvoir. On ne passe pas à l'acte car on sait bien qu'aucun interlocuteur ne se pointera après des gestes aussi répréhensibles. On ne passe pas à l'acte car on sait bien que c'est 'le système' qui entrera de facto en mode répression légale, répondant aux armes par les armes, aux armes de l'impuissance par les armes du pouvoir.





01 septembre 2004

Politicatimini

Dans ma conception de la politique, les politiciens sont des gens de parole publique : des gens qui ont quelque chose à dire sur la vie et qui ne se gênent pas pour le dire sur les toits; des gens qui ont des projets pour améliorer les conditions de la vie citoyenne et qui aiment profiter de toutes les tribunes pour en débattre; des gens qui ne craignent pas de prendre des engagements ouvertement en faveur de leurs commettants et de les tenir. Dans ma conception de la politique, le catimini n'a pas sa place; le catimini est suspect; le catimini mine la démocratie.



Les élus libéraux, péquistes et adéquistes de notre belle province semblent avoir une autre conception de la politique. Du moins si je me fie à ce que j'entends d'eux ou plutôt à ce que je n'entends pas. Car ils parlent peu, ils nous parlent peu, on les entend peu parler. Pis encore, ils semblent ne pas trop aimer qu'on les entende parler.



Prenez les adéquistes du chef Dumont. Mauvais perdants, on ne les entend plus parler. Finiront-ils par sortir de leur période post-traumalectorale? Ont-ils compris le message démocratique? S'ils en parlent, c'est en catimini.



Prenez les péquistes du chef Landry. Ils viennent pour la ixième fois de rejeter une vraie 'course à la chefferie'. Ce faisant, ils viennent encore une fois de nous priver d'entendre leurs leaders nous dire ce qu'ils ont dans la tête et dans le coeur, nous dire pourquoi ils en veulent à ce pays et ce qu'ils ont à proposer de mieux. Ils viennent à 95 % de voter pour que leurs gens de parole se taisent, ils viennent à 95 % de voter pour le statu quo en catimini. En éludant les grands débats publics, le parti québécois est en train de devenir un bien petit parti, un parti de catimini.



Prenez les libéraux du chef Charest. Ils sont en pleine consultation populaire en vue « d'établir l'action du gouvernement en fonction des défis, des valeurs et des aspirations des Québécoises et Québécois ». Ils appellent ça « Place aux citoyens » : Briller parmi les meilleurs. On est en 2004, il y a Internet, il y a la télé satellite... Non. Rien ou presque ne transpire des forums régionaux où les élus et les élites régionales se parlent. Tout se passe en catimini.



Et tous ces élus sous leur chef se demandent comment il se fait que la masse citoyenne reste au chaud dans son inertie et leur fait le coup de la méfiance tranquille.