Dépouiller le publisac fait partie de la routine de mes dimanches. Je suis chaque fois étonné que ce banal sac -- fait d'un plastique si mince que les poignées déchirent dès qu'on a le malheur de les prendre -- contienne les circulaires des grands et gros du commerce national et mondial implantés dans nos 101 capitales régionales québécoises : Wal-Mart, RadioShack, Canadian Tire, Loblaws, Super-C, Métro, etc.
Dans le publisac, on trouve aussi l'hebdo régional L'Avenir & Des Rivières du groupe Le Canada-français dans lequel les petits commerçants de la région s'annoncent tant bien que mal. Jusqu'à récemment s'y ajoutait le mensuel Les Professionnels d'ici, un jeune journal indépendant qui nous fait découvrir des aspects moins connus de nos cantons avec une approche commerciale personnalisée. « Jusqu'à récemment », parce que le dernier numéro n'y était pas : Les Professionnels d'ici, édition de septembre, est arrivé quelques jours après le publisac, tout seul dans la boîte aux lettres parmi les comptes. En le parcourant, j'ai compris pourquoi.
C'est suite à des pressions d'une chaîne régionale, propriétaire de plusieurs journaux locaux qui veut la disparition des journaux indépendants de son territoire, que Publi-Sac refuse maintenant d'accueillir notre clientèle. (...) Celui qui nous crée cet obstacle sait que la livraison postale d'un journal, en plus de devoir répondre à des exigences particulières de pliage -- donc, coût additionnel --, coûte plus cher que celle effectuée par Publi-Sac, au point de gruger une partie importante des profits. (...) En bloquant la livraison par Publi-Sac, il ajoute aux coûts de l'indépendant qu'il espère ainsi décourager. (...) Le journal en question veut le monopole sur le territoire et n'hésite pas à multiplier les jambettes à tout concurrent qui se présente.
Extraits de « Transcontinental, division Publi-Sac, se plie à l'intimidation d'un gros client », par Hélène Paquette, directrice du journal régional Les professionnels d'ici
Je comprends maintenant mieux pourquoi on trouve surtout les circulaires des 101 gros et grands dans le publisac : chez Transcontinental/Publi-Sac, on se moque de l'éthique concurrentielle et on favorise l'exclusivité plus payante. En toute honnêteté, Transcontinental devrait au moins afficher ses couleurs : Publi-sac, distributeur exclusif de..., de... et de...
Quant aux journaux du groupe Le Canada-français, ils viennent de perdre beaucoup de crédibilité à mes yeux : quelque chose me dit que libre concurrence et liberté de presse vont de pair, et qu'empêcher l'une, c'est révéler qu'on peut aussi se moquer de l'autre si le profit est en cause.
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