Depuis quelques années, la première fin de semaine de l'automne est consacrée à la culture au Québec. Ce sont les Journées de la culture.
« Les Journées de la culture ont pour but de valoriser, renforcer et accélérer la démocratisation de la culture au Québec en encourageant l'accès et la fréquentation de l'art et de la culture au plus grand nombre par des communications directes avec les artistes, artisans et les travailleurs culturels ».
Cette description trouvée sur le site Web de l'événement me laisse perplexe : la culture aurait donc suivi la tendance de la normalisation? Elle se pratiquerait par des travailleurs spécialisés dans des milieux fermés? Ces journées seraient en quelque sorte des « journées portes ouvertes » pour notre industrie culturelle? Et notre culture souffrirait d'un déficit démocratique?
Où vis-je? Où vais-je? Que fais-je pendant les trois cent soixante-deux ou trois autres jours de l'année, n'étant ni artiste, ni artisan, ni travailleur culturel? De l'aculture? Voyons donc!
Que l'art ait ses règles et se pratique en chapelles par des maîtres de l'art, soit. Que les artistes forment une caste à part, soit. Mais n'enfermons pas la culture dans un cagibi. On peut fréquenter les arts et les artistes, mais on ne fréquente pas la culture. La culture nous entoure où que l'on soit, on y participe activement ou passivement chaque jour. Chacun a sa culture, façonnée à partir de ce qu'on lui a inculqué, de ce qu'il fréquente et de ce qu'il cherche. La culture de l'universitaire n'est pas meilleure que celle de l'analphabète : ce sont deux cultures différentes, point. Et c'est cette différence qui en fait la richesse.
On ne fréquente pas la culture : on fréquente des lieux et des gens. La culture, c'est le regard qu'on porte sur ces lieux et sur ces gens, c'est l'oreille qu'on leur tend. Ma culture, c'est ma façon de regarder, d'écouter, de sentir, de goûter, de toucher.
L'inculte, s'il existait, se contenterait de voir, d'entendre, de respirer, d'engouffrer et de frapper; parce qu'on ne lui aurait pas montré à regarder, à écouter, à sentir, à goûter, à toucher. « On », c'est-à-dire au premier chef sa mère, son père, ses profs et ses vrais amis. L'inculte aurait été sans mère, ni père, ni profs, ni vrais amis. L'inculte n'existe que dans les préjugés.
Le 'cultivé' n'existe pas non plus, même s'il le prétend par méprise ou ignorance (eh, oui!) : cultivé ou prétentieux? pédant? arrivé? arriviste? parvenu? Incapable en fait de regarder, d'écouter, de sentir, de goûter, de toucher... Inculte, donc?
Bonnes journeesdelaculture.qc.ca! (Journées de l'aculture?)
CULTURE, subst. fém. Au fig. Fructification des dons naturels permettant à l'homme de s'élever au-dessus de sa condition initiale et d'accéder individuellement ou collectivement à un état supérieur. A. Ensemble des moyens mis en oeuvre par l'homme pour augmenter ses connaissances, développer et améliorer les facultés de son esprit, notamment le jugement et le goût. 1. Absol. Travail assidu et méthodique (collectif ou individuel) qui tend à élever un être humain au-dessus de l'état de nature, à développer ses qualités, à pallier ses manques, à favoriser l'éclosion harmonieuse de sa personnalité. (TLFi)
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