Un agréable vent de libération souffle en ce début de saison sur notre radio-télédiffuseur public, la Société Radio-Canada. Après avoir brisé sa chaîne culturelle pour laisser sa deuxième fréquence FM prendre le large dans l'espace musical, la SRC s'apprête à couper le cordon commercial du Téléjournal.
J'attends du Téléjournal sans publicité qu'il profite de sa liberté pour nous mieux informer : rien d'autre. Jusqu'à maintenant, pieds et mains liés par ses cotes d'écoute et son chiffre d'affaires de 4 millions de $, le Tj n'avait pas d'autre choix que de livrer l'information attendue par les publicitaires. N'ayant plus à vendre ses nouvelles, le Tj pourra dorénavant livrer l'information due aux citoyennes et aux citoyens, ses désormais uniques bailleurs de fonds.
L'équipe du Téléjournal est-elle consciente de sa nouvelle responsabilité? Je le crois puisqu'elle s'est constamment démarquée par son professionnalisme. Est-elle prête à faire le virage citoyen? Nous allons le voir dans les prochaines semaines.
Nous allons voir si le Téléjournal est capable de faire de la place à l'information concernant les petits autant qu'à l'information qui concerne les gros : celle du petit monde comme celle du grand monde, celle des petites entreprises tracassées comme celle des grosses sociétés subventionnées, celle des petits partis à petite caisse comme celle des grands à grosse caisse, celle des sans-voix ni antenne comme celle des grandes gueules à micros, celle des pauvres humiliés par l'État comme celle des gras-durs grâce à l'État, celle des défenseurs de nos ressources communes comme celle de ses sauvages exploiteurs, celle des femmes et des enfants comme celle des hommes, celle des victimes comme celle des agresseurs, celle des régions éloignées des villes comme celle des villes éloignées des campagnes, celle de la vérité comme celle de la vraisemblance, celle des valeurs comme celle des profits, celle de la justice comme celle des partis pris, celle de l'échec comme celle du succès, celle des efforts de paix comme celle des trophées de guerre, celle de la beauté vraie comme celle de la beauté fatale... Bref, l'information touchant l'être tout autant que celle du paraître et du tout-avoir; bref, l'information qui donne le choix aux citoyens censés que nous sommes ou que nous sommes censés être.
J'en mets un peu beaucoup sur les épaules de l'équipe du Téléjournal; je le sais et ne m'en excuse pas. Ces gens-là n'ont pas peur des défis quand vient le temps d'informer : ils en ont maintes fois fait la preuve. Bientôt libres (le 16?), ils pourront nous faire voir autre chose que seulement ce qui se vend bien.
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