Mon cher fils,
Tu as peut-être été aussi surpris de lire mon billet d'hier sur le sexe industrialisé que je l'ai été moi-même à l'écrire. À distance, tu dois te demander ce qui se passe avec ton père pour qu'il fasse un tel tête-à-queue... Je pense qu'une explication s'impose.
J'ai horreur de tout ce qui est faux et je me méfie des illusionnistes véreux. Je fuis les vendeurs de rêves; ils sont tous, à des degrés divers, des exploiteurs de notre naïveté chronique. Les 'vrais rêves' ne s'achètent pas.
La pornographie constitue à mes yeux un des combles de la fausseté : en la décrivant crûment, j'ai voulu en quelque sorte l'exorciser. Tout à fait légale avec son hypocrite label 18 ans+ qui met en garde en même temps qu'il incite, la pornographie exploite ce que chacun de nous a de plus humain, de plus sacré et de plus vulnérable : notre sexe.
Notre sexe est en effet ce que nous avons de plus humain parce qu'il fait de nous un homme ou une femme; de plus sacré parce que sa fonction est de donner la vie; de plus vulnérable parce qu'il nous met en contact intime avec l'autre dans une relation de confiance, d'amour et d'abandon. Rien de tel dans la pornographie : le sexe y est objet, gadget, chose étalée mise à prix.
Mon billet d'hier, c'était une façon d'exprimer ma colère face à des hommes tout à leurs poches dans les trois sens du mot parce qu'ils le sont, des hommes sans vergogne qui profitent de notre besoin d'établir une relation vitale, qui jouent grossièrement avec nos cordes les plus sensibles appelées désir, libido et besoin d'amour, qui exploitent effrontément la beauté, l'innocence et le désemparement de jeunes filles tiraillées entre les mirages et la réalité.
Dans notre société où tout se mesure uniquement à l'argent qu'il rapporte, 'l'industrie adulte' du faux sexe est là pour rester, hélas! Les produits qu'elle étale à foison et ad nauseam n'ont qu'un seul mérite : ils nous forcent à choisir entre le vrai et le faux, entre le nous et le moi, entre l'amour et son simulâcre.
J'espère, fiston, que cette mise au point t'a rassuré au moins un peu sur ma santé mentale... De ton côté, ça va? Plutôt pluvieux comme été, tu ne trouves pas?
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