En faisant mes recherches sur l'époque des chemins de fer à Saint-Armand, je suis tombé sur des cartes fort précieuses pour comprendre comment s'est fait, notamment, le développement de la rive sud du Saint-Laurent. L'une d'elle date de 1885, avant donc l'apparition de l'automobile et des routes telles qu'on les connait. On y voit le tracé des principaux chemins de fer du temps avec les noms des stations où le train à vapeur s'arrêtait.
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On entend souvent parler des difficultés que rencontre aujourd'hui le développement régional. En regardant cette carte d'il y a 120 ans, on constate qu'il s'en faisait alors du développement régional : en utilisant le dernier-né des moyens de communication, le train à vapeur. Un chapelet de petites municipalités ont ainsi vu le jour et profité de la technologie de la locomotive et du rail pour se développer.
Depuis, l'automobile et le camion ont supplanté le train : plus grande mobilité exige. Des autoroutes ont été construites pour en permettre l'utilisation et réunir les capitales régionales en prenant soin de contourner les ralentissantes petites municipalités, amenant de facto un grand nombre de ces dernières à péricliter.
Le développement du Québec et du Canada a suivi celui des grandes voies de communication depuis 1534 : d'abord le fleuve et les rivières, puis les chemins de fer, le réseau routier enfin. Nos ancêtres ont développé une infrastructure fluviale pour leurs bateaux et une infrastructure ferroviaire pour leurs trains; nos pères, une infrastructure pour leurs cylindrées et les nôtres...
En ce troisième millénaire, la nouvelle génération dispose d'une nouvelle voie de communication, Internet. Qu'est-ce qu'on attend pour mettre en place une infrastructure de communications pan québécoise pour que toutes les municipalités puissent profiter de l'immense potentiel de développement lié aux télécommunications numériques? Il n'y a aucune raison pour que les investissements dans ce domaine se fassent uniquement dans les 'villes centres'. Quand viendra quelqu'un avec une vision ouverte du développement, une vision de véritable développement durable capable, grâce à la 'macroréseautique' de concilier production, rentabilité, exploitation durable du territoire et qualité de vie?
En regardant cette carte des chemins de fer de 1885, donc d'avant l'apparition des routes carossables, je me suis demandé si nous n'avions pas perdu cette audace des pionniers et des défricheurs qui caractérisaient nos pères, et si nous n'étions pas en train de devenir ce qu'ils ont toujours refusé d'être et refusé que nous soyons : des colonisés résignés. Pis encore, des colonisés qui payent 'de leurs poches' le développement qui se fait ailleurs, dans les régions du monde où ils ont compris les leçons du passé.
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