- Voici un bel exemple de la considération (lire : de l'inconsidération) que peut avoir un diffuseur pour les auteurs. C'est d'autant plus décevant (lire : inacceptable) ici qu'il s'agit de la Société Radio-Canada. Et d'autant plus symptomatique (lire : choquant) que le concours est organisé à l'occasion de la Soirée des Jutra, ainsi nommée en hommage posthume au regretté cinéaste Claude Jutra, décédé dans les circonstance que l'on sait. À un moment où on aurait tellement besoin de jeunes créateurs, auteurs et scénaristes de talent, je ne comprends pas qu'un organisme comme Les rendez-vous du cinéma québécois s'associe à pareille mesquinerie et à pareille arrogance.
Résumé et extraits des Règlements du concours :
LE CONCOURS
On fait tous du cinéma!
L'OBJET DU CONCOURS
Rédiger, seul ou en équipe, un scénario de court métrage de fiction d'une durée d'une minute 30 secondes.
LE PRIX À GAGNER
(je souligne en gras l'arrogance) :
« Les (trois) scénarios gagnants seront réalisés par une équipe professionnelle de la Société Radio-Canada. (...) Les gagnants auront l'opportunité d'assister au tournage s'ils le désirent. Aucune allocation ne sera accordée pour le transport, les repas et l'hébergement si nécessaires. La Société Radio-Canada et La Grande nuit du cinéma se réservent le droit de modifier les scénarios gagnants pour répondre à leurs besoins de diffusion et de production, ce qui inclut notamment la possibilité de changer les noms des personnages, la distribution des rôles suggérée, le nombre de personnages ou autres. La diffusion des trois films aura lieu lors de la Soirée des Jutra à Radio-Canada le 20 février 2005. Les gagnants recevront chacun une paire de billets pour assister à cette soirée. Ils devront se rendre à la soirée par leurs propres moyens, aucune allocation ne sera accordée. La valeur approximative du prix est de 150 $, pour un total de 450 $. (...) Le prix devra être accepté comme tel et ne pourra être échangé contre une somme d'argent, ni vendu, ni transféré. Aucune substitution ne sera accordée. »
LES CONDITIONS
(notons ici la grandeur des exigences comparativement à la mesquinerie du prix) :
« Pour participer au concours On fait tous du cinéma,
- Les téléspectateurs/auditeurs doivent rédiger, seul ou en équipe, un scénario de court métrage de fiction d'une durée d'une minute 30 secondes.
- Le scénario de court métrage doit être rédigé en français. Un scénario décrit de façon précise, scène par scène, le déroulement de l'histoire.
- Le scénario ne doit pas avoir été déjà diffusé ou publié.
- Le scénario doit être réalisable dans un maximum de quatre (4) heures.
- Utilisation d'une caméra seulement.
- La post-production (incluant la post-production sonore) doit se faire dans un maximum de cinq (5) heures.
- Un jury composé à la discrétion de La Grande nuit du cinéma et de la Société Radio-Canada retiendra trois (3) scénarios, selon les critères suivants :
- Originalité de l'intrigue ou de l'histoire
- Précision du scénario (lieu, décor, heure du jour, ambiance, dialogue, etc.)
- Description des personnages (attitudes, intentions, physique, psychologie, etc.)
- Qualité des dialogues
- Indications nécessaires au tournage (type d'éclairage, mouvement de la caméra, effets spéciaux, etc.)
- Clarté de la présentation du scénario
- Qualité du français et de l'écriture »
- La mentalité de la télé-réalité (qui exploite la naiveté de jeunes prêts à faire n'importe quoi pour avoir leurs deux minutes de gloire à la télé) serait-elle maintenant rendue à la Société Radio-Canada?
- Bonne chance quand même aux participants! Encore en 2004, comme au temps de Claude Jutra, ça prend du coeur et du désintéressement pour devenir auteur (lire : il faut accepter de se faire exploiter)!
* 'cheap' : chez nous, quand on disait de quelqu'un qu'il était 'cheap', c'était pour faire ressortir combien il était chiche et mesquin.
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