Le premier centre dont j'ai mémoire est le CENTRE DU MEUBLE sur la rue Jean-de-Brébeuf, près de la rue où j'habitais, enfant. À l'époque, au début des années 1950, c'était le seul centre à Drummondville, en autant que je me souviennes. Puis vinrent les centres d'achats, comme on les appelait dans les années 1960. Les Centres d'achats Pie-IX et Domaine furent parmi les premiers du genre à Montréal.
Aujourd'hui, des centres, il n'y a que ça. Des centres hospitaliers, des centres jeunesse, des centres d'hébergement, des centres de formation, des centres de loisirs, des centres de la petite enfance, des centres de réhabilitation, des centres médicaux, des centres pour personnes handicapées, des centres de détention, des centres communautaires, des centres de jour, des centres financiers, des centres dentaires, des centres de rénovation, des centres de main-d'oeuvre, des centres de santé, des centres de développement, des centres de conditionnement physique... sans compter les centres siglés CLSC, CHU, CLD, CHSLD... et j'en passe!
La prolifération des centres n'est pas un hasard. Elle marque concrètement le passage, je dirais même la mutation de la société québécoise d'une époque où notre vie était encadrée par la famille et la paroisse, à une autre dans laquelle nous avons déjà un pied et où notre vie sera entièrement prise en charge par les gouvernements et les grosses compagnies dans leurs différents centres.
On est loin du CENTRE DU MEUBLE où mon petit groupe d'amis se donnait rendez-vous les samedis soirs pour regarder La soirée du hockey en noir et blanc... Car les soirs où le hockey et la lutte étaient télévisés en direct du Forum, Monsieur Letendre, en bon vendeur de meubles qu'il était, plaçait pour nous un téléviseur allumé dans la vitrine ou dans la porte grande ouverte de son magasin, sachant très bien que nos parents finiraient par en acheter un pour nous ramener à la maison...
La société d'aujourd'hui s'accommode très bien -- du moins en apparence -- de cette organisation de la vie de centre en centre et de ces passages obligés d'un centre à un autre. Il en est tout autrement de l'individu. De l'homme, de la femme, du jeune, du vieux dans ces centres. C'est que le centre des centres, ce n'est ni l'homme, ni la femme, ni le jeune, ni le vieux, c'est... C'est quoi, en fait?
Il est drôlement temps de s'arrêter pour réfléchir sur notre rôle de femme et d'homme dans ce 'monde à centres'. Et je crois que la Lettre aux évêques de l'Église catholique sur la collaboration de l'homme et de la femme dans l'Église et dans le monde (paragraphes 2, 3, 4, 13 et 14) contient les éléments qu'il faut pour alimenter cette réflexion à laquelle je vous convie. [Biblivore a déjà mis sur la table des aspects bien concrets dans son commentaire d'hier...]
Dire que j'ai neuf chances (!) sur dix de finir ma vie dans un CH quelque chose, et que ce CH n'a rien à voir avec La soirée du hockey... À moins que.. À moins que le CH des CHUM, CHUS, CHUQ, CHSLD et compagnie ne soit tout simplement un CH d'origine subliminale!
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