26 septembre 2004

laculture.ecole : .qc.ca ou .net ou .com?

Le langage machine des adresses URL utilisées dans les TICC fait maintenant partie de notre culture. En cette dernière Journée de la culture, je me questionnerai tout haut sur laculture à l'école : la culture ou l'aculture?



    La culture, c'est le regard qu'on porte sur les lieux, les choses et les gens, c'est l'oreille qu'on leur tend. Ma culture, c'est ma façon de regarder, d'écouter, de sentir, de goûter, de toucher. C'est aussi ma façon d'exprimer ce que je perçois et ce que je ressens. Ma culture, c'est mon être.


L'école amène-t-elle l'enfant à regarder? À distinguer la télé de la réalité, le beau vrai du faux beau, l'art visuel de l'art virtuel? À apprivoiser le noir, à ne pas être ébloui par le blanc, à se laisser apaiser par la gamme des verts et des bleus du parc avoisinant le firmament qui semble si lointain? À lire entre les lignes et à travers les mots des livres? Y a-t-il un parc et un firmament à portée de vue des enfants à l'école? Y a-t-il quelques rayons de livres mystérieux sur le mur de leurs classes?



L'école amène-t-elle l'enfant à écouter? À distinguer l'homme de parole du beau parleur, l'harmonie de la cacophonie? À reconnaître la musique à travers le bruit? À apprécier le son pur d'un instrument sans ampli? À accorder ses pulsations au rythme d'un tamtam rassurant? À se méfier des décibels déchirants? À se laisser envoûter par le gazouillis d'une volée d'oiseaux, par le bruissement des feuilles d'un chêne, par le chuintement du vent, par le clapotis du ruisseau voisin? Y a-t-il un parc et un ruisseau à un jet de pierre de l'école?



L'école amène-t-elle l'enfant à sentir les parfums des fleurs qui sentent bon et à caractériser les fragrances à peine perceptibles des autres? À détecter et à distinguer les odeurs les plus insidieuses? À repérer les émanations fétides ou pestulentes et à chercher ce qui les cause? Y a-t-il des fleurs dans les écoles? L'air que l'enfant y respire est-il bon?



L'école amène-t-elle l'enfant à goûter? Y partage-t-on quand c'est fête du pain chaud, un potage de légumes frais, un gâteau aux petits fruits à savourer encore fumants? Apprend-on à l'enfant d'où vient son lait, son jus et ce que contient sa boisson gazeuse? À lire comme il faut Coca-Cola eau gazéifiée, sucre/glucose-fructose, colorant au caramel, acide phosphorique, essences naturelles, caféines avant d'ouvrir et d'avaler d'une traite? Y a-t-il une cuisinière bien branchée dans chaque école? Y fait-on un jardin?



L'école amène-t-elle l'enfant à toucher ou est-ce un autre lieu du ne-touchez-pas. L'écorce des arbres autour, le sable ou l'herbe fraîchement coupée de la cour, le marbre du vestibule, la pierre à l'entrée, le tissu des rideaux, le bois du plancher, le plâtre des murs, la sculpture au bout du corridor : peut-on y toucher, en ressentir la chaleur ou le froid, la fragilité ou la rigidité, la douceur ou l'âpreté? L'école invite-elle les enfants à se donner la main pour s'encourager ou se féliciter? Y a-t-il dans l'année des occasions de le faire? Y a-t-il dans la cour de chaque école au moins un arbre, un peu d'herbe et de sable?



La culture dans les écoles est-elle seulement grands arts inaccessibles? En vitrine, sur les plus hauts rayons de la bibliothèque, dans des cadres empoussiérés sur les murs, au fond des armoires dans les coulisses de la scène fourre-tout au fond de la grande salle? Culture réservée? Culture pour la frime?



Autant de questions auxquelles je ne saurais répondre parce que je n'y suis plus sinon de coeur. Ce que je sais cependant, c'est que nos enfants sont en culture à l'école et qu'ils ont droit à la culture dans son vrai sens pour pouvoir faire leurs choix présents et futurs. Nous n'avons pas le droit de leur transmettre notre aculturation même en toute inconscience.



laculture.ecole.qc.ca au primaire; puis, au secondaire, laculture.ecole.net. Mais je crains tellement qu'elle ne devienne ou même qu'elle ne soit déjà .com!


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