22 août 2004

Un tiers du monde en trop, bientôt deux

À travers les fictions et les Jeux qui accaparent actuellement la programmation estivale de nos chaînes de télé, un documentaire important a réussi à se faire une place sur Télé-Québec hier, à l'heure du souper : Les oubliés du XXIe siècle ou la fin du travail, de Jean-Claude Burger [Office national du film du Canada, 2000].



C'est un tableau saisissant de notre société tourné il y a quatre ans. Le film aurait pu être fait hier. Rien n'a changé depuis, sinon pour le pire : les riches deviennent de plus en plus riches et s'isolent de plus en plus; les pauvres deviennent de plus en plus pauvres et sont de plus en plus isolés; et, coincés entre les deux, nous travaillons comme des malades pour tirer notre épingle du jeu et combattre l'isolement.



Si les prédictions des personnalités interviewées dans ce film s'avèrent, nous nous dirigeons tout droit vers une catastrophe humanitaire provoquée sciemment par l'homo economicus lui-même. Et elles s'avèrent : l'homme et la femme sont de plus en plus considérés comme une ressource parmi d'autres que les compagnies et les gouvernements exploitent au plus bas prix.



Le film suggère implicitement le scénario suivant pour les siècles à venir, avec la mondialisation comme fil conducteur :


  1. Le tiers monde riche devient de plus en plus riche en exploitant les deux autres tiers du monde, il s'isole de plus en plus en sécurisant ses territoires et ses biens (cela se vérifie très concrètement depuis le 11 septembre 2001!).

  2. Avec les avancées technologiques et la robotique, le tiers monde riche aura de moins en moins besoin de main-d'oeuvre et se suffira à lui-même.

  3. La seule valeur reconnue étant économique, toute personne qui n'est pas rentable donc inutile sera de plus en plus laissée pour compte (bon débarras!).

  4. Les prochains siècles verront l'apparition d'un monde idéal : la population aura baissé des deux tiers et, ainsi, tout le monde sera riche et pourra vivre en paix dans des tours d'ivoire.



Chaque fois que j'ouvrirai le publi-sac et que je verrai dans les circulaires de Wal-Mart ou de Radio-Shack des marques comme Acer, Lexmark et Philips (anciennement à Montréal), je ne pourrai m'empêcher de repenser à ces gigantesques usines juxtaposées à la frontière du Mexique dans un parc industriel moderne entouré de clôtures (barbelées?) hautes comme celles de nos zoos (image du film), où entrent et sortent des 'autobus scolaires' remplis de travailleurs payés 3,20 $ par jour, à peine ce qu'il faut pour revenir nourrir leur famille dans le bidonville voisin.


À lire : le commentaire d'un plus jeune sur ce film.



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