08 août 2004

Défi démographique : la responsabilité des hommes

Ça va?


Ça va. La santé est bonne. J'aimerais en dire autant de notre démographie...



Qu'est-ce qu'elle a, notre démographie?


Je suis franchement inquiet pour notre avenir démographique.



Comment ça?


T'as vu les statistiques? Les Québécoises font de moins en moins d'enfants.



C'est comme ça. Et alors?


J'trouve pas ça normal. Il y en a qui s'inquiètent pour les espèces menacées... moi, je pense que l'espèce québécoise est menacée.



C'est l'évolution. Qu'est-ce qu'on peut y faire?


On peut au moins en prendre conscience, analyser le phénomène, se demander s'il faut et si on peut faire quelque chose...



On peut quand même pas forcer les femmes à avoir des enfants.


Charrie pas. Avoir des enfants, c'est dans la nature même de la femme; pourtant, elles en font de moins en moins...



Arrive en 2004, le père. Aujourd'hui, les femmes sont comme les hommes : elles ont des diplômes, un métier, une carrière. Elles n'ont plus besoin d'avoir des enfants pour se réaliser et elles n'ont plus besoin des hommes pour faire leur vie... Elles peuvent choisir. Elles sont libres. Comme les hommes. Et c'est un progrès sur l'ancien temps.


Je suis d'accord pour le progrès, mais c'est un progrès qui m'inquiète! Je ne peux par rester indifférent devant la disparition à p'tits feux de l'espèce québécoise. Regarde les statistiques, regarde les projections pour les années qui viennent!



On ne peut rien y faire maintenant que les femmes sont libres.


Je vais te dire le fond de ma pensée, mon gars. Ça s'peut pas que les femmes aient perdu le goût d'avoir des enfants. C'est trop naturel, la maternité. Si elles en sont arrivées là, c'est parce qu'elles n'ont pas le choix, c'est parce qu'on ne ne leur donne pas vraiment le choix d'être mères. Elles ont seulement le choix d'être femmes si elles veulent survivre, aujourd'hui.



Voyons donc!


Écoute-moi sérieusement. C'est facile à comprendre... Aujourd'hui, toutes les valeurs se ramènent à une seule : l'argent. Les personnes comme les choses ont la valeur de leur prix en argent. Les choses ont une valeur si on peut les acheter ou les vendre; les personnes ont une valeur si elles font de l'argent ou si elles en ont. On a une valeur en autant qu'on 'rapporte' quelque chose. Est-ce qu'il faut que je te donne des exemples?



Non. Non. C'est comme ça. Mais, viens-en au fait.


Là où je veux en venir, c'est que pour toutes sortes de raisons historiques et philosophiques qu'on trouve dans les université et dans Internet, ce sont les hommes qui ont décrété la valeur des choses et des personnes (les femmes ont été consultées dans certains cas, mais c'est trop récent dans l'histoire pour qu'on en perçoive les résultats). Et dans l'échelle de valeurs des hommes, les enfants et la maternité, ça n'a pratiquement pas de valeur : ça fait partie des nécessités de la vie. Et ce n'est que tout récemment que la femme elle-même est apparue dans l'échelle des valeurs. En fait, c'est depuis que quelqu'un s'est aperçu que la femme faisait vendre, qu'elle pouvait rapporter, comme un homme. Qu'elle pouvait faire autre chose qu'être mère. Tu me suis toujours?



Oui, oui. Mais où veux-tu en venir?


À ceci. Comme la maternité et les enfants ne font pas encore partie des valeurs reconnues par les hommes, les femmes n'ont pas d'autre choix que d'y renoncer si elles veulent être reconnues. Les femmes n'ont pas d'autre choix que d'adhérer à l'échelle de valeur des hommes et de poursuivre les mêmes ambitions. Ça se comprend : pourquoi choisiraient-elles d'être dévalorisées et défavorisées en devenant mère? Et c'est ici que je veux en venir : le défi démographique est d'abord la responsabilité des hommes et c'est aux hommes de le relever. C'est aux hommes de valoriser la maternité s'ils veulent une descendance. C'est aux hommes de donner aux femmes un vrai choix, un choix valorisant, un choix qui ne les oblige pas à se sacrifier comme femmes pour devenir mères. C'est aux hommes parce c'est eux qui ont l'argent et le pouvoir de leur offrir ce choix. Le message des femmes aux hommes est pourtant clair : la maternité, ça se paie. Et les hommes ont le devoir d'inclure la maternité dans leurs valeurs, s'ils sont de vrais hommes! Et s'ils ne le font pas, ils ne méritent tout simplement pas de descendance.


O.K., j'ai compris! Écoute, j'aimerais ça te montrer le nouveau char qu'on vient de s'acheter... Et puis, je voulais te parler de notre grand projet, ma copine et moi : on veut faire le tour du monde...









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