20 octobre 2004

La queue du mulet

Un de mes profs de français, conteur à ses heures, nous avait raconté un jour l'histoire d'un mulet pour illustrer l'opiniâtreté.



Un mulet broutait dans un beau grand champ dont l'herbe verte aurait pu nourrir tout un troupeau. Soudain, au loin, un muret de vieilles pierres attira son attention. C'était un brise-vent construit jadis par un berger frileux. Comme il n'y avait qu'un mur dans tout le paysage, cela l'intrigua et il voulut le voir de plus près : les mulets sont curieux. À mesure qu'il s'approchait du mur, ce dernier lui apparaissait de plus en plus long et de plus en plus haut. Si bien qu'il ne vit bientôt plus que les pierres du muret et s'imagina que le pré avec l'herbe hors de sa vue étaient de l'autre côté du mur : c'est que les mulets sont aussi bornés. Déterminé de le faire tomber pour retrouver son pâturage, il s'attaqua au mur à grands coups de tête de mule. Et vlan et vlan et vlan... mais le mur ne bronchait pas. Le lendemain, quelqu'un passant par là vit un spectacle étrange : un bout de queue au beau milieu du mur qui martelait, martelait, martelait sans arrêt la même pierre...



Je me suis rappelé cette histoire ces jours derniers en entendant les ténors péquistes ramener l'idée d'un référendum comme enjeu de la prochaine élection provinciale. Je ne m'habitue pas à la démocratie incohérente péquiste. Nous avons rejeté par deux fois l'indépendance du Québec : pourquoi leur faut-il un troisième référendum pour en prendre note? Ne devraient-ils pas plutôt faire le bilan de leur dernier passage au pouvoir sur le plan démocratique? Quel est ce mur sur lequel ils s'acharnent? Le Québec d'aujourd'hui n'est plus en compétition avec le reste du Canada mais avec l'Amérique et le monde entier.



Ce dont nous avons besoin maintenant, c'est d'un projet plus grand que Québécois. Un projet francophone. Les Québécois, parti et bloc, on fait leur temps. Nous ne sommes plus d'une province, nous ne sommes plus d'une religion ni d'une culture unique : seule la langue française nous distingue maintenant. Il serait temps qu'un parti en témoigne et en assure la défense et la pérennité sur tout le continent nord américain.


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