La souveraineté canadienne est en sursis. Dans combien de décennies ou de générations les Canadiens seront-ils tous des Américains? Je ne saurais le dire, bien sûr; mais c'est irrémédiable. Cela se fera sans guerre, tout naturellement : un jour les Canadiens s'apercevront qu'ils sont Canado-américains, puis Américains. Et ils en seront fiers et rassurés. Il y aura alors trois grandes forces mondiales : l'américaine, l'européenne et l'asiatique.
Pas même besoin d'une boule de cristal pour l'affirmer. Les conditions en place mènent là inexorablement : le libre-échange asymétrique pan américain, une économie régionale de moins en moins autosuffisante et de plus en plus dépendante de l'import-export, la globalisation des marchés financiers, le renforcement implacable de l'Union européenne, la montée de l'économie asiatique aux répercussions politiques prévisibles (bloc asiatique), la disparition des identités nationales (ce n'est pas un phénomène proprement québécois), la dénatalité encouragée, la multiculturisation et la multiethnisation, l'amalgamisation culturelle, bref la primauté absolue à l'économique... (En se mettant ensemble, on pourrait compléter cette liste de signes qui est loin d'être exhaustive.)
En bout de ligne, l'humanité en sortira probablement gagnante sur le plan matériel, à la condition que d'ici là l'Afrique y trouve son compte et que les pays arabes retrouvent leur fierté (les signes sont peu encourageants de ce côté-là, j'en conviens). Sur le plan de la diversité culturelle, il restera au moins nos archives numérisées pour les futurs archéologues.
Les résultats de la prochaine élections présidentielle risquent cependant d'accélérer cette échéance si G. W. Bush est réélu, ce qui est plus que probable. « L'occupation préventive » et la « menace terroriste venant du Canada » : ça vous dit quelque chose? Nos voisins veillent au grain.
En ces temps encore lointains, le Québec sera devenu la Nouvelle-Louisianne ou la Lousianne du Nord. Et j'espère qu'à cette époque où nous ne serons plus, disons en 2104, il y aura un Néo-louisiannais québécoijun pour donner son opinion en français sur les candidats aux présidentielles d'Amérique. Comme Zachary Richard le fait ce mois-ci, courageusement et en français, dans son rapport mensuel en provenance de la Louisianne. J'en cite quelques extraits pour me les rappeler (il faut lire son 'rapport' au moins une fois en entier) :
Les USA sont devenus le royaume du « sound bite », où la raison a cédé la place à l'image. Comment expliquer la situation autrement? Quand « aucun enfant abandonné » (no child left behind) veut dire, en vérité « aucune aide aux écoles ». Où la politique « d'air et d"eau pure » veut dire, en vérité, « moins de contrôles, et plus de pollution ». Où la loi dite « Patriot » veut dire, en vérité « le gouvernement vous surveille ». Il semble que dans cette culture, tant que vous avez le contrôle des images, vous pouvez faire croire qu'une saucisse est un bifteck. Et la vraie tragédie c'est qu'il semble qu'au moins la moitié des Américains s'en fout, ou ne comprend pas ou les deux.
Les Américains ne semblent plus intéressés à comprendre ce qui se passe dans le monde, et pour cela nous avons le président qu'il faut. Tout doit être condensé en « sound bite » de 30 secondes pour que les gens s'y intéressent. Tout ce qui est analyse est trop exigeant. On n'arrive pas à se concentrer. On ne cherche qu'à se divertir. Alors dans ces conditions, celui qui manipule l'image de la façon la plus efficace a raison.
Au lieu de gouverner, George W. Bush essaie d'imposer sa vision du monde sans avoir la compréhension nécessaire. Le résultat est le déficit le plus important de l'histoire (en trois ans, les USA sont allés du plus grand surplus budgétaire au déficit le plus important), pas de solution à la question d'assurance maladie, un taux de pauvreté grimpant et une guerre en Iraq basée sur une information fausse, et qui a le résultat contraire de celui qu'on espérait.
En plus, nous sommes gardés dans un état de peur permanent. On a vu, depuis l'inauguration du système d'alarme anti-terroriste, les couleurs du code se balancer entre jaune et orange (n'attendez pas de voir le vert ni le bleu, et encore moins le rouge). Le système ne fait strictement rien pour améliorer la sécurité. Par contre, les citoyens sont assiégés par une information douteuse qui ne sert qu'à augmenter l'anxiété dans le pays. Il semble que la peur sert bien les objectifs domestiques de George W. Bush.
Je veux vivre dans une Amérique qui s'inspire de courage et non de peur. Où l'image n'est pas manipulée à des fins politiques. Où les USA font briller leur lumière pour servir de phare au monde. (...) Je veux vivre dans un pays où je peux avoir confiance dans l'avenir, un pays où l'on agit par courage et non pas par peur. Un pays où l'éducation et l'environnement naturel sont respectés. Un pays où tous sont assurés contre la maladie. Un pays où la politique étrangère est basée sur la collaboration avec le monde plutôt que sur l'arrogance. Un pays dont je peux être fier.
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