25 janvier 2005

L'ornithosophie

    Moins 20 degrés Celcius et il y a des oiseaux qui viennent faire leur tour dans les vieux pommiers des alentours en attente d'au moins encore un printemps. Être ornithologue, je vous décrirais en détails ces braveurs d'hiver : des geais bleus, des étourneaux sansonnets et des mésanges à tête noire. Mais je ne suis pas ornithologue; tout au plus ornithosophe...


L'ornithosophie est la plus abordable des sciences essentielles : n'importe qui peut s'y adonner. Où? Dans un boisé silencieux (quelques arbres suffisent). Comment? Les mains dans les poches ou derrière le dos, sans trop bouger, les yeux et les oreilles grands ouverts tendus un peu vers le haut.



Quelques minutes de guet, quelques heures tout au plus, et la pratique de l'ornithosophie nous apprend que la vie est toute simple quand on sait voler. On trouve de quoi manger, on s'amuse à créer des amitiés en vol et, à l'arrêt, en choisissant bien sa branche et son arbre, on peut voir des beautés à faire chanter. Le bonheur, quoi. Et qu'il ne faut surtout pas s'arrêter trop longtemps sur la même branche : pour durer, le bonheur a besoin de bouger.



Après plusieurs jours d'observation oisive, l'ornithosophie nous apprend aussi que le bonheur ne peut être longtemps bonheur s'il n'est pas partagé. Vous savez : le nid qu'il faut construire, les oeufs qu'il faut tenir au chaud, les oisillons qu'il faut nourrir et à qui il faut apprendre à voler de leurs propres ailes pour qu'ils découvrent à leur tour le bonheur de voler...



Je connais deux catégories d'ornitosophes. Ceux qui pestent parce qu'ils n'ont pas d'ailes pour pouvoir être heureux. Et ceux qui croient qu'on peut être heureux sans ailes, qu'on peut sans voler trouver de quoi manger, créer des amitiés, voir des beautés à faire chanter, et partager ce bonheur pour qu'il grandisse.



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