23 janvier 2005

La diffusion tranquille

    En marge de la série Une révolution tranquille (Jacques Cossette-Trudel, Imavision, 2002) rediffusée sur Télé-Québec.


La série aurait dû s'intituler Un regard sur la révolution tranquille. Celui de Jacques Cossette-Trudel, à travers un choix d'images choisies à dessein comme pour prouver qu'il s'agissait bien d'une révolution. L'ex-felquiste ne manque pas une occasion de nous montrer les événements les plus violents de cette période de notre histoire autrement plus riche qu'il n'y paraît dans ce montage. L'insolence et le radicalisme des paroles qu'il nous fait entendre renforcent ce regard 'tendancieux'. Tout cela est loin de refléter l'état d'esprit général qui régnait alors.



J'ai vécu la période dite de la révolution tranquille comme des années de profonde remise en question, d'expérimentations débridées et de recherche en commun de notre identité. À cette époque comme maintenant, la violence était le fait d'une infime minorité qui n'avait pas du tout la sympathie populaire. En utilisant à outrance des images d'affrontements, Jacques Cossette-Trudel nous fait voir les événements à travers sa lorgnette de 'révolutionnaire'. Je ne remets pas en question sa sincérité ni sa bonne foi : c'est SA vision des événements. C'est aussi la limite du cinéma documentaire : l'action d'éclat est plus 'cinégénique' que la réflexion.



La problématique de fond est de taille et devrait interpeller tous nos diffuseurs qui ont la conscience trop tranquille. Un documentaire à caractère historique ne peut jamais refléter toute la vérité et toute la réalité. C'est un point de vue. Un point de vue parfois volontairement tendancieux même si ce n'est pas toujours évident. Si nos diffuseurs se sentaient le moindrement responsables de l'impact de ce qu'ils diffusent, ils feraient ce qu'il faut pour que les téléspectateurs puissent avoir d'autres points de vue que celui à l'horaire : par exemple, par une présentation qui mettrait le documentaire en contexte, par une table-ronde où des avis différents pourraient s'exprimer ou même simplement par des références complémentaires communiquées via Internet. Ce n'est pas le temps d'antenne qui manque pour le faire; j'en prends à témoin l'auto-publicité souvent répétée ad nauseam pour remplir les heures. Ce qui manque chez nos diffuseurs, producteurs, réalisateurs, etc., c'est une conscience de leur responsabilité sociale en tant que montreurs d'images. S'ils en avaient une, nos cerveaux et nos mémoires seraient moins engorgés de tranquilisants, de gras trans et de calories vides virtuels mais non moins néfastes pour notre santé intellectuelle collective.



    L'émission Points chauds à Télé-Québec est une belle réussite à cet égard.





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