20 janvier 2005

Je suis fier de nous.

    L'affaire aurait pu mal tourner. L'affaire du financement à 100% par le gouvernement du Québec des écoles privées de la communauté juive. L'affaire aurait même pu dégénérer, comme au temps de la loi 22 de triste mémoire. L'harmonie multiculturelle est par essence fragile. Mais tout est bien qui finit bien : et j'en suis fier.


Je suis fier de nous, 'le peuple', qui avons dit à 9 contre 1 notre désaccord avec cette décision politique qui avait toutes les apparences d'un passe-droit. Je suis fier que nous ayons été capables de nous tenir debout pour le manifester.



Je suis fier des femmes et des hommes de la Commission scolaire concernée qui ont eu le courage de revenir sur une décision antérieure prise à la hâte, apparemment sous pression, sans pouvoir en évaluer judicieusement les répercussions.



Je suis fier de nos ministres Jean Charest et Pierre Reid qui ont été capables d'admettre qu'ils avaient non seulement pris la mauvaise décision, mais qu'ils l'avaient mal prise, pour des raisons nobles selon toute apparence mais sans tenir compte de leurs pairs et de leurs commettants. En admettant ainsi leurs torts, ils ont renforcé leur pouvoir démocratique et notre confiance en ce pouvoir.



Je suis fier de nos intellectuels qui sont sortis sur la place publique pour éclairer notre lanterne et celle de nos dirigeants. Pour dire que la paix sociale et l'avenir harmonieux de notre multiculturalité valaient beaucoup plus que quelques millions de dollars alloués pour des motifs nébuleux dans le cadre d'une loi d'exception.



Je suis fier de ces éducatrices et de ces éducateurs responsables qui ont fait valoir combien les besoins étaient grands ailleurs dans notre système d'enseignement public, combien il faudrait y investir aussi ou plutôt.



Je suis fier de nos médias qui ont cherché réponses aux pourquoi, comment et pourquoi maintenant de cette décision. Qui ont trouvé réponses. Qui en ont fait état. Qui ont aussi donné du temps ou des pages à celles et à ceux qui savent voir au travers, plus large et plus loin.



Je suis fier des représentants des communautés culturelles concernées qui ont exprimé ouvertement leur malaise d'être, par cette mesure d'exception, doublement marginalisés. Un tel langage nous a rapprochés d'eux.



Oui, je suis bien fier de nous. La torpeur qui semble caractériser notre peuple n'est qu'apparente; comme l'est celle de notre faune et de notre flore, l'hiver. Le temps venu ou quand nos valeurs profondes sont menacées, nous sommes capables d'éclater, de nous manifester, de dire notre impatience, d'agir avec du sens et de ne pas laisser faire le pire.



Je suis vraiment fier de nous. Tellement fier que je me mets à espérer que demain nos Libéraux se délibéraliseront, nos Péquistes se dépéquisteront, nos Adéquistes se désadéquisteront pour travailler ensemble à notre enrichissement collectif humain.



    Toujours aussi idéaliste, mon Jean...
    Tu changeras b'en jamais!


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