« 40 000 billets vendus en moins de deux heures pour le spectacle de U2 en novembre prochain. » Je me préparais pour aller à un autre genre de show lorsque j'ai entendu cette manchette au Téléjournal. Ça m'a fasciné.
Une heure et demie plus tard, j'étais sur le chemin Queen Mary, faisant la file à 10 km/h pour accéder au stationnement de la Basilique. Cet embouteillage de samedi soir m'en rappela un autre : celui vécu dans les rues menant au Centre Bell une soirée avant 2000 où notre cadet m'avait invité à me laisser séduire par Rush, le groupe rock torontois. Hier soir, nous étions aussi des milliers à nous presser vers le grand hall où avait lieu la fête. En passant d'un escalier roulant à l'autre, j'ai cru percevoir cette même fébrilité nerveuse des 'fans de Rush' sur les visages autour, éclats de voix et cris en moins.
En entrant dans l'immense voûte décorée, remplie d'orgue et surilluminée, je me suis demandé s'il y aurait encore quelques places libres : comme tous les autres pèlerins, j'étais venu là sans réserver. Réserver : payer sans égard au prix pour garantir un rêve.
Au pied d'une colonne latérale haute à donner le vertige, un siège m'attendait : je ne m'étais donc pas essoufflé à grimper jusque là pour rien... L'organiste bien en vue à gauche de la nef n'avait visiblement pas assez de ses dix doigts pour faire mugir ses tuyaux à vent. Nous étions des milliers d'inconnus, femmes, hommes et quelques enfants de tous âges et couleurs de peau, de toutes classes et provenances venus là, sans rendez-vous, pour fêter saint Joseph, répondant simplement, comme à chaque année, à l'appel du 19 mars, un appel qui, inutile d'insister, ne s'explique pas.
U2 et Vertigo, Rush et son batteur, les 100 petits chanteurs du mont Royal et leurs cuivres... Au cours de la cérémonie, on sent la même ferveur dans l'auditoire, moins manifeste, plus contenue mais tout aussi intense, la même attention, le même besoin d'être ensemble et de faire passer les vibrations du dehors au dedans. On entend le même message aussi, en d'autres mots, sur d'autres rythmes : la paix et la non-violence, l'amour et le partage, l'espoir malgré tout le reste.... le même besoin de l'entendre dire et chanter. De le sentir aussi à travers des arômes un peu âcres qui sentent le brûlé : j'avoue cependant ma préférence pour l'odeur de l'encens... (d'ailleurs, pourquoi n'a-t-on jamais pensé à en parfumer le 'pot'?)
En quittant l'oratoire Saint-Joseph aux accords vibrants des grandes orgues, je me disais qu'au fond, comme les fervents de Rush et de U2, we too les pèlerins étions venus là pour triper ensemble, vivre un peu d'existence en coudes à coudes, sortir de nos têtes réclusives, faire la paix avec l'inconnu, chercher un peu de sérénité pour la mettre en réserve en attendant la prochaine fête.
Joyeux printemps!
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