- En marge du reportage de Zone libre cette semaine : « Patrimoine religieux : l'avenir de notre passé ».
Notre patrimoine est surtout religieux, constitué d'églises, de chapelles et de couvents. Périodiquement, depuis une dizaine d'années, il fait l'objet d'un questionnement dans les médias quant à son avenir : faut-il restaurer, recycler ou démolir nos églises désertées?
Le sort de cinq cents d'entre elles est déjà réglé : vendues. « Ce ne sont que des bâtiments, après tout! » À entendre certains, « il faut démolir ces vestiges du catholisme triomphant pour des raisons évangéliques ». Mille églises et autant de couvents attendent un peu partout au Québec qu'on statue sur leur sort à plus ou moins long terme : elles sont devenues un fardeau financier trop lourd à porter pour la hiérarchie et les fidèles catholiques encore pratiquants (5 % de la population, selon Zone Libre).
Faut-il conserver ce patrimoine? Si oui, qui doit payer pour en faire l'acquisition, la restauration et l'entretien. Ne faut-il pas plutôt le recycler, le démolir, s'en débarrasser?
Pourquoi n'aborde-t-on pas la question de notre patrimoine plus franchement. Tout ramener à l'argent est un faux problème : il y a toujours de l'argent pour ce qui est jugé prioritaire par la population (pensons seulement à tout cet argent de la collectivité investi dans le mythe de la santé).
La vraie question s'adresse à nos tripes : faut-il garder ou faire disparaître ces témoins qui nous rappellent à chaque tournant nos racines, nos valeurs en tant que peuple, notre besoin profond de sens?
Nos ancêtres, bien plus pauvres que nous, avaient fait leur choix : celui d'assurer leur pérennité par les enfants, l'église et la langue. C'était là leur plus grand investissement et leur seule richesse.
Nous avons fait tranquillement le choix de couper avec notre histoire en l'enseignant peu ou pas et en la dévalorisant, de sacrifier une grande partie de notre autonomie économique en laissant aller nos ressources pour des petits pains, de laisser détériorer notre environnement par une minorité de profiteurs dont nous admirons le train de vie, de laisser s'étioler notre tissu familial et les valeurs qui y sont rattachées pour satisfaire nos égos, d'investir individuellement et massivement dans le paraître, l'inutile, le hasard et l'évasion en même temps que d'investir collectivement et aveuglément pour en colmater les conséquences néfastes sur notre santé physique et mentale...
Soyons logiques et cessons de tergiverser sur l'avenir de notre patrimoine religieux. Un peuple qui se laisse ainsi mourir à petit feu n'a pas besoin de monuments patrimoniaux gênants qui n'ont aucun sens pour la génération actuelle et qui en auront moins encore pour les quelques-unes encore à venir.
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