01 février 2005

Trois coups de théâtre

    En marge de La soirée des masques, dimanche soir dernier. Réalité oblige : il y a fort longtemps que je ne suis pas allé au théâtre. Je n'en crois pas moins en sa valeur et en sa portée. Est-ce qu'on y entend encore trois grands coups au lever du rideau? Est-ce qu'il y a encore un rideau?


Premier coup

Le seul et unique rôle de ma carrière d'acteur. Dans une pièce du répertoire classique, en alexandrins, alors que j'étais étudiant : celui d'Oreste dans Andromaque de Jean Racine. Il me reste de ce 'flop' de jeunesse une grande admiration pour celles et ceux qui consacrent leur vie au théâtre.



    HERMIONE.
    
    Je veux savoir, Seigneur, si vous m'aimez.

    ORESTE.
    Si je vous aime? O Dieux! Mes serments, mes parjures,
    Ma fuite, mon retour, mes respects, mes injures,
    Mon désespoir, mes yeux de pleurs toujours noyés,
    Quels témoins croirez-vous, si vous ne les croyez?


Deuxième coup

Au Théâtre Denise-Pelletier, fin des années soixante. En matinée, parmi des groupes d'élèves. Une tragédie grecque dont j'ai oublié le titre. Je me souviens d'un seul personnage : une prêtresse toute drapée de blanc. J'ai eu droit ce jour-là, à une grande leçon comme pédagogue. Malgré que ce soit une tragédie, on entend des rires dans la salle : d'abord quelques-uns, puis d'autres, puis ça n'en finit plus... Les tirades de la prêtresse aux dieux sont vite dominées par les rires de centaines de jeunes, mal préparés à ce genre théâtral... Soudain, la prêtresse se retourne vers nous, s'avance à l'avant-scène et s'écrie en ouvrant les bras : « Ça va faire! » Long silence et stupéfaction générale. Visiblement défaite, la prêtresse drapée de blanc redevient Andrée Lachapelle, qui se met alors à parler aux jeunes -- avec beaucoup d'émotions -- de civisme, de respect, de théâtre et de tragédie grecque. Après l'entracte : une salle attentive comme je n'en ai jamais vue depuis. À la tombée du rideau, des applaudissements chaleureux comme je n'en ai jamais plus depuis entendus au théâtre...



Troisième coup

La phrase de Claude Péloquin gravée sur la grande murale du Grand Théâtre de Québec, oeuvre de Jordi Bonet, qui résume tellement bien le message que nous livre le théâtre depuis des siècles : « Vous êtes pas écoeurés de mourir bande de caves. C'est assez! »



RIDEAU!





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