04 février 2005

Quel paradigme?

    Mario titrait ainsi tout de go un récent billet : Utiliser une pédagogie plus ouverte peut s'avérer dangereux dans le paradigme de l'enseignement. Les doigts me sont tombés de la souris. J'ai lu, relu, imprimé, surligné, annoté ce billet... J'ai pensé y aller d'un commentaire... Puis me suis ravisé : Jean Trudeau, de quoi tu te mêles! Mais ce matin, ça me tenaille encore... Le prof déchu sourd en moi et m'exaspère : il faut que je vide mon sac. Tu m'excuseras, Mario, ça ne te vise pas personnellement mais ça me prenait un interlocuteur 'bien placé'...


D'ici tout semble bien aller dans 'le monde de l'éducation' : du moins si on se fie aux apparences locales et au proverbe populaire 'pas de nouvellles; bonnes nouvelles'. Ce n'est pourtant pas le portrait qu'en fait Le Figaro (cité par Mario) ni celui qu'on nous a présenté dans de récents reportages sur le décrochage des élèves et des jeunes profs...



Le milieu scolaire est en pleine réforme : belle occasion pour effectuer un virage salutaire... (J'ai parcouru le Programme de formation de l'école québécoise, Enseignement secondaire, premier cycle (pdf) : il y a là un cadre pédagogique emballant -- je dis bien un cadre!)



Je ne comprends pas trop la mise en garde de Mario qui incite à mettre la pédale douce sur 'une pédagogie plus ouverte' parce qu'elle pourrait s'avérer dangereuse dans le paradigme de l'enseignement. En fait, ce que je ne comprends pas trop, c'est le paradigme.



PARADIGME, subst. masc. C. ÉPISTÉMOL. Conception théorique dominante ayant cours à une certaine époque dans une communauté scientifique donnée, qui fonde les types d'explication envisageables, et les types de faits à découvrir dans une science donnée. (TLFi)


L'école de 2005 serait-elle encore 'magistrale'? Serait-ce cette magistralité qui est en danger? J'espère avoir mal saisi. Je lis bien pourtant qu'il faudrait « aider les gens à déménager dans le paradigme de l'apprentissage »... Le plus grand défi de la réforme serait donc qu'il faut passer d'une école qui valorise l'enseignement à une école qui valorise l'apprentissage, d'une école où les profs enseignent à une école où les élèves apprennent?



Et il y aurait de la résistance dans le milieu à ce que l'école devienne ce qu'elle devrait être, de la résistance à ce qu'« avant tout les jeunes prennent une part plus active dans leurs apprentissages ». Est-ce que je comprends bien?



Mais n'est-ce pas là la base même de la pédagogie active, bondieu; et jusqu'à preuve du contraire, la pédagogie, c'est ce qui fait qu'un prof est un prof. Ou je ne comprends plus rien à rien dans le merveilleux monde de l'éducation d'aujourd'hui.



La 'réforme' -- si je me fie aux principes qui la sous-tendent -- n'est-elle pas plutôt une chance inouïe pour les profs de pouvoir enfin « rendre les élèves enthousiastes et actifs dans leurs apprentissages ». Où y a-t-il donc un danger là-dedans! Les profs, les vrais, ne demandent pas mieux : j'en mettrais ma main au feu.



Dis, Mario, le danger, il ne serait pas ailleurs? Tu écris : « Les enseignants, il faut les aider à diminuer le nombre de leurs certitudes. » Leurs certitudes ou celles qu'on leur a imposées en faisant d'eux avant tout des gestionnaires de classe et des gardiens d'enfants?



Les profs, j'en suis convaincu, ne demandent pas mieux que de pouvoir amener les jeunes à prendre une part plus active dans leurs apprentissages. Mais je suis tout aussi convaincu que pour ce faire, il ont besoin qu'on fasse confiance à leur professionalisme. Ou alors je suis complètement dans le champ, conséquence sans doute de toutes ces années vécues à la campagne...




Jean Trudeau, de quoi tu te mêles! Contente-toi donc de bloguer sur la pluie et le beau temps...





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