23 février 2005

Quand d'autres savent si bien le dire...

Notre monde s'est réduit comme une peau de chagrin par des moyens de communication sidérants et, paradoxalement, les hommes n'ont jamais été aussi isolés. La « personne » se voit réduite à n'être qu'un « individu », électron libre ivre de son bonheur immédiat et matériel. Messie de lui-même, l'homme occidental s'est converti en sa propre promesse. La modernité rime avec liberté, c'est-à-dire jouissance individuelle.


Plus que d'autres nations, nous avons reçu en héritage des Lumières la foi dans la liberté et l'universalisme de la démocratie. Quel visage offre-t-elle aujourd'hui?


« Dans notre société démocratique, nous voici confrontés à un nouveau processus de décivilisation », écrit MIGUEL BENASAYAG, philosophe et psychanalyste argentin. « L'idéologie des Droits de l'Homme est devenu le véhicule de la fureur de vivre, de l'explosion de l'individualisme et de cette volonté de liberté totale qui ne fait aucune place à autrui, ni à la construction d'un monde commun » (Le Mythe de l'individu, Ed La Découverte).


Les seuls traits d'union (qui nous séparent en réalité) sont le divertissement à outrance et une frénésie de la consommation. Par démission, nous restons hypnotisés devant des postes de télé ou d'ordinateur qui nous rendent sourds au dialogue avec nos enfants et diffusent en nous un sentiment d'indifférence et d'impuissance. On remplit de bruits et d'images le vide et le silence qui nous effraient.

VIRGINIE LUC, Question



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