...Nous vivons aussi confrontés à une certaine violence structurelle -- à laquelle d'ailleurs nous nous sommes habitués et qui est faite d'inégalités sociales humiliantes, de discriminations dégradantes, de paupérisation et de marginalisation. (...)
La spirale de la violence commence par une spirale de la communication perturbée qui, via la spirale de la défiance réciproque incontrôlée, conduit à la rupture de la communication. (...)
Dans la pratique quotidienne de communication, il faut que se constitue un capital-confiance. Cela est nécessaire en préalable pour que les explications raisonnées et à grande échelle soient relayées dans les médias, les écoles et les familles. (...)
Si l'Occident entreprenait de réviser l'image qu'il a de lui-même, il pourrait, par exemple, apprendre ce qu'il faut modifier dans sa politique pour que celle-ci puisse être perçue comme un pouvoir capable de donner forme à une démarche civilisatrice. Si l'on ne dompte pas politiquement le capitalisme, qui n'a plus aujourd'hui ni limites ni frontières, il sera impossible d'avoir prise sur la stratification dévastatrice de l'économie mondiale.
Il faudrait au moins contrebalancer dans ses conséquences les plus destructrices -- je pense à l'avilissement et à la paupérisation auxquels sont soumis des régions et des continents entiers -- la disparité entraînée par la dynamique du développement économique. Ce qu'il y a derrière cela, ce n'est pas seulement, par rapport aux autres cultures, la discrimination, l'humiliation et la dégradation. Derrière le thème du « choc des civilisations », ce que l'on cache, ce sont les intérêts matériels manifestes de l'Occident (par exemple, celui de continuer à disposer des ressources pétrolières et à garantir son approvisionnement énergétique).
Jürgen Habermas, « Qu'est-ce que le terrorisme? », dans Le Monde diplomatique, février 2004
Qui est Jürgen Habermas? Portrait et bibliographie dans L'Encyclopédie de l'Agora.
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