Quand j'ai le goût de voir le beau du monde, je vais chez TrekEarth. Je choisis un pays ou une ville et je me laisse charmer par un paysage, une rue, un lac, un monument, un bord de mer, une montagne, une vieille maison, un arbre, une fleur, un coucher de soleil, un visage... J'arrive tout juste de Zagreb. Enchanté. Demain, j'irai peut-être à Moscou.
29 avril 2005
28 avril 2005
27 avril 2005
Le Québec, ses écoles et ses églises
Le Québec :
Le néolibéralisme s'est largement installé dans les institutions du pays, ainsi que dans ses pratiques sociales, avec comme conséquence mécanique la progression de la précarité : selon un rapport commandé en 2003 par le ministère du travail, 36 % des nouveaux emplois créés sont « atypiques », autrement dit précaires, cependant que les salaires des banquiers ont augmenté de 33 %!
La gauche québécoise est-elle soluble dans le souverainisme?, par Jean-Michel Djian dans Le Monde diplomatique, février 2005
Ses écoles :
Vous croyez que je décris une réalité peu commune? Détrompez-vous! Je suis certaine que c'est la vie de plusieurs enseignantes et enfants du Québec. Nos jeunes ne peuvent pas revendiquer ou se plaindre... Les parents ne sont pas vraiment au courant du quotidien de leurs enfants. Ce n'est pas une situation qui fait beaucoup de bruit et, pourtant, les enfants sont notre avenir!
Que vivent les enfants dans nos écoles?, par Michèle Valois, Enseignante à Commission scolaire de Laval, dans ledevoir.com, édition du mercredi 27 avril 2005
Ses églises :
Depuis trois siècles, l'immense majorité des Québécois ont été tenus de payer pour l'édification et l'entretien des bâtiments paroissiaux de l'Église catholique romaine, ce qui a présidé à ce que la législation et la jurisprudence aient maintenu entre les mains de la collectivité québécoise et de ses héritiers, et non entre celles de l'Église, des pratiquants ou de leurs représentants, la possession des églises paroissiales catholiques. Au moment où, dans les paroisses, on s'affranchirait bien de la responsabilité des bâtiments si des activités pastorales pouvaient y être maintenues quelque temps, leur reprise par la collectivité québécoise s'inscrit donc dans le cours des choses.
Reprendre en main l'avenir des églises du Québec, par Lucie K. Morisset et Luc Noppen, dans ledevoir.com, édition du mercredi 27 avril 2005
25 avril 2005
Le pouvoir de la parole
Ce qui se passe actuellement sur le plan politique tant à Ottawa qu'à Québec m'amène à me redemander où loge le vrai pouvoir.
La gent politique et la gent médiatique font un bien drôle de couple. Un couple inséparable qui évolue, au gré des événements, de la fidélité à l'opportunisme, de la confiance aveugle à la méfiance maladive, de la séduction naïve à la répulsion dévolue.
Qui se ressemble s'assemble. Les deux se ressemblent parce que les deux ont la parole. Facile. Et que les deux s'écoutent. Parler. La gent politique dans son salon parlementaire; la gent médiatique, dans nos salons prolétaires. Et là réside le pouvoir insondable de cette dernière : celui de nous parler dans les yeux sans nous voir, celui de décider qui nous écouterons, de quoi, comment, pendant combien de temps et combien de fois ils pourront nous parler sans nous voir.
La parole du politique élu est ainsi soumise au marché médiatique qui peut en disposer comme bon lui semble au gré de ses intérêts du moment.
Nous connaissons ainsi, déjà, le résultat des prochaines élections : seront élus les candidats médiatisés, les candidats médiatiques, les candidats susceptibles d'avoir la cote. D'écoute.
24 avril 2005
23 avril 2005
Reprises
- La belle saison ramène les reprises à la télé. À la demande générale, paraît-il...
Reprises ou radoteries?
- La télé a horreur du vide. J'essaie d'imaginer la grille horaire de la télé expurgée des reprises.
Quelqu'un a-t-il noté si les 'pauses publicitaires' pendant les reprises étaient aussi des reprises? Où ai-je la tête? Les messages publicitaires peuvent-ils être autre chose que des reprises?
- Drôles de reprises puisqu'on n'y décèle aucune amélioration... Des reprises qui ne permettent pas de se reprendre...
Le temps passe. Et il repasse grâce aux reprises. Nous donnant ainsi l'illusion qu'il ne passe pas.
- On voit peu de reprises chez les blogueurs; tout au plus une tendance au radotage chez certains (dont je suis). Mais il y en a parfois : ce billet sur le prolongement de l'autoroute 25, par exemple.
Reprenons. Vous le savez, vous, à qui profitent les reprises?
- Les reprise ont parfois du bon. Bien choisies, elles peuvent être une antidote à la bêtise.
22 avril 2005
Adieu, Yulblog
21 avril 2005
Quelques lectures instructives en ligne
Je ne dirai jamais assez combien j'apprécie Internet et la blogosphère comme outils de stockage et de partage de la connaissance. Voici quelques exemples que je me voudrais de taire au cas où ils vous auraient échappé.
- Le dossier « La Mort aime bien les pauvres », dans Le Monde diplomatique de février 2005. Où l'on découvre l'hypocrisie des politiques étrangères des pays bien nantis.
- La théorie de Chris Anderson, The Long Tail, que j'ai découverte via InternetActu. Grâce à Internet, les marchés et les médias de masse ne font plus la pluie et le beau temps. L'accès aux oeuvres marginales, rejetées par la critique, boudées par le marketing ou délaissées par le temps est maintenant possible. C'est à la fois une richesse et un espoir pour notre temps. La fin de la pensée unique et des grands courants magiques imposés par le profit?
- Tout sur le bouleversement récent des programmes dans le merveilleux monde de l'éducation au Québec dans Jasons réforme. Grâce à Mario et à ses wikicollaborateurs, impossible dorénavant d'en parler à travers son chapeau. Les parents d'aujourd'hui sont-ils conscients du privilège qu'ils ont d'avoir ainsi accès à une information pédagogique de première main dépouillée de l'emballage trop souvent hermétique des documents officiels?
- Le plus beau chez l'humain, c'est sa créativité. Mais comment être de plus en plus créatif? C'est Dave Pollard qui nous fait part de différentes méthodes relevées au cours de ses lectures sur le sujet : How to Be Creative. Ce Dave Pollard est d'ailleurs un as de la créativité. Son blog fourmille de propositions, de théories et d'exemples qui, si on les appliquait, pourraient changer le monde.
- Depuis toujours, quelque chose me dit que le système économique actuel est trop dépendant des indices boursiers. Bernard Girard m'a fait découvrir le livre Wall Street de Doug Henwook sur le sujet. Téléchargeable gratuitement. En lisant ce livre, je devrais enfin pouvoir tester la justesse de mes intuitions avec un expert.
- Enfin -- assez pour aujourd'hui --, j'ai relu la LETTRE AUX ÉVÊQUES DE L'ÉGLISE CATHOLIQUE SUR LA COLLABORATION DE L'HOMME ET DE LA FEMME DANS L'ÉGLISE ET DANS LE MONDE, écrite par Joseph Ratzinger avant qu'il ne devienne Benoit XVI. Et je suis toujours fondamentalement d'accord avec les principes qu'il défend. On est à mille lieues ici d'une conception complaisante de la femme et de l'homme à l'eau de rose.
Tant de connaissances à portée de clics... Et dire qu'il y a des gens qui s'ennuient. J'envie Zénon qui vit de livres et dans les livres.
20 avril 2005
Aussi catholique que le pape?
Certains mots nous interpellent plus que d'autres. Le mot catholique est un de ceux-là. Le mot Église aussi; et le mot pape. Ce sont pourtant des mots dont le sens est très commun : père, assemblée, universel. Lus ainsi, pas surprenant que le pape et l'Église catholique aient rassemblé autant de monde de partout ces dernières semaines. Nous avons tous un besoin viscéral de nous rassembler : c'est notre côté troupeau ou moutons, bref, notre côté bonnes bêtes.
En tant que Québécois, notre rapport aux mots église, catholique et pape (et à tout autre mot qui y réfère) est étrange et énigmatique. D'abord, ce sont des mots que nous utilisons peu ou pas de peur d'être ridicules, si ce n'est inconsciemment (« Faut quand même pas être plus catholique que le pape! », pour défouler (« Calice! ») ou pour en faire des gorges chaudes juste pour rire.
J'ai longtemps pensé que ces attitudes découlaient d'une sursaturation de petit catéchisme qui se serait en quelque sorte transmise dans une mémoire diffuse transgénérationnelle; je crois maintenant que c'est un phénomène d'immaturité provoquée et entretenue par l'ignorance crasse. La plus belle illustration nous en est donnée dans les médias : ces dernières semaines, les seuls thèmes ou à peu près qu'on a associés au pape et à l'Église catholique, avec un parti pris évident et sans en débattre sur le fond, sont le mariage des prêtres et des homosexuels -- on ne s'est d'ailleurs pas privé d'associer les deux --, le sacerdoce des femmes, la contraception et l'avortement. Comme si les épines étaient l'essentiel de la rose.
L'Église catholique pour moi est une institution qui témoigne au monde entier de l'idéal de vie proposé par le Christ, Dieu fait homme qui, par sa résurrection, nous a révélé que la vie avait un sens. J'y adhère dans la mesure où cet idéal confronte ma liberté, respecte mes doutes et éclaire mes choix.
Suis-je catholique pour autant? Oui, si catholique veut dire baptisé et croyant en la vie. Non, si catholique veut dire pratiquant les 'commandements de l'Église', fervent et ayant une foi inébranlable en Dieu. Est-ce d'ailleurs si important d'avoir ou pas l'étiquette?
19 avril 2005
Entre-deux
Entre deux papes et entre deux gouvernements à Ottawa, nous sommes menés par qui et par quoi? Les lois du marché? Les lois naturelles? Les lois de Dieu? Toutes et aucune?
Je me dis parfois que la connaissance sinon la reconnaissance pratiquement unanime des 'commandements de Dieu' par nos pères et mères avait du bon. Je ne suis pas certain que comme société nous soyons gagnants d'avoir accepté que les 'lois de Dieu' soient supplantées par les 'lois du marché'. Je suis encore moins certain que comme individus, nous soyons vraiment convertis aux lois du marché. Conditionnés, oui. Mais, convertis...
Le hic, c'est qu'il faut choisir parce que ce sont, à mon avis, deux diktats absolument irréconciliables. En fait, tout se passe comme si la société était régie par les lois du marché alors que la majorité des individus qui la composent avait plutôt besoin d'être soumise aux 'lois de Dieu'.
Une minorité d'individus a réussi à s'affranchir des lois de Dieu et à se soumettre uniquement aux lois du marché. Ceux-là sont en symbiose avec 'la société' dite moderne; tellement en symbiose, qu'ils peuvent contrôler la majorité qui la compose, elle toujours soumise aux 'lois de Dieu'.
Tout cela peut paraître bien théorique; il n'en est rien pourtant.
Prenons les septième et dixième commandements : « Tu ne voleras pas. (Le bien d'autrui tu ne prendras, Ni retiendras sciemment.) » et « Tu ne désireras pas injustement le bien des autres. (Biens d'autrui ne désireras, Pour les avoir injustement.) » La majorité des gens ne volent pas; ils sont soumis aux 'lois de Dieu'. Mais la minorité convertie aux lois du marché ne s'en prive pas, une des lois du marché étant celle du profit et le profit ne pouvant se réaliser qu'en prenant le bien des autres : pour que B ait +1 il faut que A ait -1 parce que rien ne se perd ni ne se crée. L'effet est connu et même admis universellement : plus les riches s'enrichissent, plus les pauvres s'appauvrissent. Et les deux sont satisfaits : les riches parce que plus ils sont riches, plus ils sont reconnus par le marché; les pauvres, parce que plus ils sont pauvres plus ils sont bienheureux et reconnus par Dieu.
Ai-je besoin de faire la même démonstration avec les sixième et neuvième commandements?
L'équilibre parfait. Tellement parfait qu'il se maintient même pendant cette période sans pape et sans gouvernement à Ottawa.
18 avril 2005
Pas de débats, pas de démocratie
En revoyant hier l'entrevue de Michaëlle Jean avec Daniel Pinard, j'ai eu la nostalgie des grands débats qui ont eu cours il y a quelques années sur les ondes de notre télévision publique. La tour de Babel, par exemple, qui réunissait des gens de qualité autour de sujets de fond. Aujourd'hui, cotes d'écoute obligeant, il faut se contenter de 'shows de plogues' menés par la 'gang de RBO' et autres petits drôles!
Et pendant que nous nous esclafons tout en devenant obèses (excellent dossier de Découverte en fin de semaine sur le sujet), les ressources de notre Terre sont dilapidées par une minorité et la majorité d'impuissants que nous sommes laisse la démocratie s'étioler. Daniel Pinard en donne des exemples sidérants ici même au Québec dans les domaines de l'agriculture mondialisée et de l'alimentation industrielle.
Le cas de la fièvre électorale qui s'est emparée de nos politiciens illustre on ne peut mieux combien notre démocratie est chambranlante. Le financement occulte des partis politiques révélé par la Commission Gomery devrait susciter un débat de fond à Ottawa et déboucher sur une révision complète des règles qui régissent la politique canadienne (lire à ce sujet l'éditorial de Bernard Descôteaux). Au lieu de cela, on s'accuse bêtement à qui mieux-mieux et on menace de 'faire tomber' le gouvernement en faisant semblant d'ignorer le raz-le-bol de la population : bref, dans le fond, on tient à conserver le statu quo. Sans doute parce qu'il fait l'affaire de tous les partis.
Et les campagnes électorales étant ce qu'elles sont, c'est-à-dire des campagnes publicitaires dont les électeurs font les frais (dans tous les sens du mot) au lieu d'occasions de débats sur les sujets cruciaux, il ne nous restera de démocratique qu'un petit vote symbolique pour le parti qui aura le mieux réussi à nous embobiner.
Dans ce pays on nous traite de plus en plus et, pire encore, nous nous laissons de plus en plus traiter comme une bande d'adolescents attardés.
17 avril 2005
Vers 2009...
16 avril 2005
À vous dégoûter d'être un homme
- Peut-être l'avez vous regardée ou vous promettez-vous de le faire? C'était au RDI, hier soir; en reprise, ce soir. Sinon, vous pouvez l'écouter sur radio-canada.ca : je parle de l'entrevue de Michaëlle Jean avec Richard Poulin sur le marché mondial du sexe. Cinquante minutes impitoyables, sans 'pauses' publicitaires, sur la pornographie omniprésente et omnipotente.
Un tableau peu reluisant de notre société mondialement sex oriented : la femme de plus en plus esclave sexuelle de l'homme. Le riche, le pauvre : le misérable.
À vous dégoûter d'en être un.
Une entrevue sans issue cependant, comme le sujet qui y est abordé : toutes les solutions 'législatives' semblent avoir plutôt accentué le problème depuis que le monde est monde, notamment la légalisation de la prostitution...
À quand un vrai débat de société public, entre hommes dignes de ce nom, sur la condition et le sort de nos femmes et de nos filles?
- Et qu'en est-il chez nos jeunes? Marie-Andrée Chouinard trace le portrait de nos ados au pays de la porno dans ledevoir.com, édition d'aujourd'hui. Quelle tristesse!
15 avril 2005
Sans commandites
Ce blogue est entièrement gratuit. Son auteur a bénéficié d'un système d'éducation gratuit. Il est produit à l'aide de Blogger, un outil de publication en ligne gratuit dans le navigateur Web gratuit Firefox. Il est hébergé gratuitement chez Blogspot, le serveur de Blogger. Chaque billet est le résultat d'un processus qui exige fréquemment des consultations en ligne gratuites. Pour l'inspiration, la 'salle de lecture' gratuite Bloglines. Pour la vérification des événements récents : Google actualités, le portail gratuit des nouvelles du monde. Pour l'accès aux connaissances encyclopédiques, l'outil de recherche gratuit Google. Pour le choix des mots, le Dictionnaire des synonymes gratuit du CNRS. Pour le choix des termes techniques : Le grand dictionnaire terminologique gratuit de l'OLF. Pour le sens des termes usuels, le Trésor de la langue française informatisé : aussi du CNRS et aussi gratuit. Les post-scriptum sont hébergés gratuitement chez Enetation; les commentaires des lecteurs, gratuitement chez Blogger. L'outil de recherche interne de Franchement! est fourni gratuitement par MySiteSearch. Le design du site est une gracieuseté de Noipo.
Le blogue comme moyen d'expression accessible et à la portée de tous ou presque : voilà une réalisation de notre époque dont je suis particulièrement fier.
14 avril 2005
Retours
- Retour du soleil. C'est donc vraiment le printemps?
Retour de Jean Charest. Au Point. Il s'est engagé à être dorénavant plus communicatif et plus transparent. En l'entendant énumérer les 'bons coups' de son gouvernement, je me suis demandé si le rejet populaire dont il est malgré tout l'objet ne venait pas d'un simple quiproquo : nous avons voté pour un gouvernement libéral; ses politiques s'avèrent être celles d'un gouvernement conservateur... Reagan, Thatcher, Harris... Ici, Bouchard et maintenant Charest, mais sous de faux labels. Vous étiez prêt, mais étiez-vous vrai?
- Retour du grand silence autour du catholicisme québécois ressassé de toutes sortes de façons dans les médias pendant les quelques jours de l'agonie, de la mort et des funérailles de Jean-Paul II. Nos pères et mères étaient Canadiens-français catholiques. Ils avaient une identité : un grand pays, une belle langue et des valeurs spirituelles. Mais ils n'étaient pas libres : conquis, colonisés et endoctrinés. Prétendument. Nous sommes enfin libérés, libres et libertaires. Apparemment. Mais sans autre identité que notre individualité et notre mondialité.
Retour inéluctable des élections fédérales. Monsieur le Juge Gomery, vous n'accepteriez pas d'être candidat au poste de Premier ministre? Ce pays aurait tellement besoin d'un dirigeant vraiment intègre et vraiment indépendant. S'il vous plaît! Après tout, ce sont de plus en plus les tribunaux qui nous mènent, qui nous mènent...
- Retour de Franchement! au quotidien. Vous avez vu : j'ai enfin trouvé un outil de recherche sur mesure pour retracer le contenu de mes précédents soliloques, question de prévenir autant que possible le radotage et l'inconsistance. Le serveur a un peu de difficulté à fournir à la demande mais les résultats sont inespérés. Et c'est gratuit : merci, MySiteSearch.com!
09 avril 2005
Et maintenant...
- Je m'étais promis d'être plus constructif en 2005 : la situation politique m'en donne l'occasion.
Le peu de confiance que nous avions dans nos institutions politiques est en train de s'effriter. Dorénavant, les lois, les règlements, les nominations, les grands projets et les appels d'offres gouvernementals seront suspects aux yeux des contribuables. Le cynisme et le doute sont passés en mode suspicion quasi-totale : cela ne doit pas durer.
Et ce n'est pas une nouvelle élection qui y changera quelque chose : blanc bonnet, bonnet blanc. Il faudra auparavant une réforme en profondeur pour que notre système démocratique aussi bien fédéral que provincial retrouve un minimum de crédibilité. Parallèlement à la poursuite des révélations révoltantes que la Commission Gomery n'a pas fini de nous faire, j'espère que quelque part les gens de pouvoir encore honnêtes se demandent comment dorénavant garantir à la population un minimum d'intégrité politique.
J'ai quelques suggestions à leur intention sous le signe de l'imputabilité et de la transparence dans une perspective de redressement majeur de notre démocratie chancelante.
- Que les partis politiques soient financés par le Conseil du Trésor.
- Ainsi, les partis seraient imputables à la population et non à leurs plus gros contributeurs.
- Le financement pourrait être limité à 50 %, au prorata des membres et de leurs cotisations.
- Que le salaire de nos ministres et de nos députés soit doublé.
- Cela afin de leur assurer une plus grande indépendance financière, donc indépendance tout court.
- Afin également d'attirer un plus grand nombre de candidates et candidats de qualité.
- Que toutes les interventions faites par les groupes de pression auprès des gouvernements soient rendues publiques.
- Cela permettrait à la population de mieux comprendre le cheminement et les enjeux des grandes décisions politiques.
- Et obligerait les groupes de pression à développer un argumentaire défendable auprès de la population.
- Que chaque ministère ait son vérificateur général avec un pouvoir de recommandation.
- Les pertes ainsi jugulées paieraient amplement son salaire.
- Chaque ministre pourrait ainsi compter sur un contrôle neutre des différents aspects de son administration en plus de celui de l'opposition.
- Qu'une période de question quotidienne soit adjugée au public lors des sessions de la Chambre des Communes et de l'Assemblée nationale, et qu'elle soit diffusée par la télévision publique.
- Afin de susciter un plus grand intérêt dans la population pour la chose publique.
- Afin également de hausser le niveau de certains débats parlementaires qui ressemblent trop souvent à une foire d'empoigne.
- Que toutes les dépenses gouvernementales passent par les députés dans leurs comtés respectifs et qu'ils aient à en rendre compte à leurs électeurs.
- Ce serait une façon de renforcer l'imputabilité de chaque député auprès de ses électeurs.
- Et assurerait une distribution des fonds publics plus équitable entre les régions en permettant de comparer les données ainsi rendues accessibles.
- Que le Premier ministre s'adresse directement à la population au moins quatre fois l'an pour l'informer de ses choix politiques et de la vision qui les sous-tend. Que le chef de chaque parti d'opposition puisse ensuite y réagir, aussi publiquement.
- Une occasion pour le Premier ministre de parler directement aux électeurs autrement que pendant les campagnes électorales.
- Et, pour la population, d'évaluer périodiquement la cohérence et le bien-fondé des politiques mises en place.
- Une façon, enfin, d'apporter un contrepoids aux médias dont la couverture du politique donne souvent l'impression d'être à la merci du sensationnel au détriment des valeurs véritablement démocratiques.
Nous avons deux autres choix : le statu quo stérile et démobilisateur; l'abandon définitif de nos institutions démocratiques aux milliardaires et aux profiteurs, aussi bien dire notre annexion aux États-Unis.
06 avril 2005
Vivre par procuration
Une réflexion fondamentale : Le messager a l'importance de son message, par Robert Blondin, dans ledevoir.com, édition du mercredi 6 avril 2005
Nous vivons l'âge d'or de la procuration. Nous sommes célèbres par procuration en dévorant les états d'âme des vedettes. Nous sommes amoureux par procuration en nous identifiant à des personnages de téléromans. Nous sommes vindicatifs par conflits lointains interposés. Nous sommes violents par faits divers interposés. Nous sommes beaux par procuration. Nous mourrons même par procuration. Nous avons massivement délégué au dieu cathodique le soin de vivre pour nous. Nous nous octroyons l'importance des médias. Nous sommes les médias. Essayez de vivre sans médias...
05 avril 2005
Les sujets ne manquent pourtant pas...
Ce ne sont pas les sujets qui manquent ces jours-ci, mais le temps pour y réfléchir. Je les énumère ici, espérant pouvoir y revenir.
- Jean-Paul II, le fascinant
- La maffia québécoise enfin détroussée
- L'omnipotente télé
- Jean Charest ou l'incommunicabilité
02 avril 2005
L'environnement : un problème global dont la solution est locale
Je n'ai pas le temps d'élaborer mais ne peux m'empêcher de noter ici l'importance de l'implication citoyenne locale dans la solution des problèmes liés à l'environnement qui mettent en péril la survie des espèces, incluant l'espèce humaine. Deux rapports internationaux viennent de le rappeler à nos gouvernements, dont l'un me tient particulièrement à coeur puisqu'il concerne la baie Missisquoi.
Dans ce dernier cas, les recommandations de la Commission mixte internationale sont sans ambages. Après avoir ratifié l'avis du Groupe de travail qui conclut que l'enlèvement du pont-jetée aurait une incidence négligeable sur les niveaux
de phosphore dans la baie, elle recommande pourtant qu'il soit enlevé.
Les activités humaines ont mené la planète vers un point limite au-delà duquel on peut s'attendre à une vague massive d'extinction des espèces, renforçant encore la menace sur notre propre bien-être. La pression sur les écosystèmes va augmenter de manière globale dans les décennies à venir si les attitudes et les actions humaines ne changent pas.
Les mesures de conservation des ressources naturelles ont plus de chances de réussir si on en donne la responsabilité aux communautés locales, que les bénéfices sont partagés avec elles et qu'elles sont impliquées dans les décisions.
Rapport des Nations Unies, Vivre au-dessus de nos moyens -- Actifs naturels et bien-être humain, mars 2005
En ce qui a trait au pont-jetée, la Commission appuie la conclusion du groupe de travail, selon laquelle l'enlèvement du pont-jetée aurait une incidence négligeable sur les niveaux de phosphore dans la baie. Toutefois, la Commission est consciente que la majorité des résidents de la région croient que le pont-jetée est une des principales causes des problèmes de pollution de la baie. En fait, ces résidents y croient si fermement que la Commission est d'avis que tant que le pont-jetée restera en place, les collectivités locales ne prendront pas les mesures nécessaires pour réduire les apports de phosphore dans la baie. Par conséquent, la Commission recommande que le pont-jetée soit enlevé, à condition que les gouvernements du Canada et du Québec consacrent un montant équivalent au coût de l'enlèvement du pont-jetée à des initiatives visant à réduire les apports de phosphore dans la baie et à faciliter l'aménagement d'un habitat à la tortue molle à épines.
Selon la Commission, l'enlèvement du pont-jetée a tellement retenu l'attention de la population que son maintien nuirait aux efforts de coopération que doivent multiplier les agriculteurs, les municipalités, les contribuables et les autres personnes intéressées pour réduire les charges de nutriments. Une intervention ciblée et bien structurée est essentielle et ne saurait être freinée d'aucune façon. En fait, l'intervention musclée des gouvernements peut parfois faire une grande différence en servant de catalyseur à un processus de renouvellement à long terme, même lorsque les avantages immédiats ne sont pas aussi importants que les coûts. La prise de mesures par les gouvernements peut aider à galvaniser l'action et à réaliser des progrès significatifs.
Commission mixte internationale, Impacts transfrontaliers du pont-jetée de la baie Missisquoi et du projet de construction d'un nouveau pont sur la baie Missisquoi, mars 2005