09 avril 2005

Et maintenant...

    Je m'étais promis d'être plus constructif en 2005 : la situation politique m'en donne l'occasion.


Le peu de confiance que nous avions dans nos institutions politiques est en train de s'effriter. Dorénavant, les lois, les règlements, les nominations, les grands projets et les appels d'offres gouvernementals seront suspects aux yeux des contribuables. Le cynisme et le doute sont passés en mode suspicion quasi-totale : cela ne doit pas durer.



Et ce n'est pas une nouvelle élection qui y changera quelque chose : blanc bonnet, bonnet blanc. Il faudra auparavant une réforme en profondeur pour que notre système démocratique aussi bien fédéral que provincial retrouve un minimum de crédibilité. Parallèlement à la poursuite des révélations révoltantes que la Commission Gomery n'a pas fini de nous faire, j'espère que quelque part les gens de pouvoir encore honnêtes se demandent comment dorénavant garantir à la population un minimum d'intégrité politique.



J'ai quelques suggestions à leur intention sous le signe de l'imputabilité et de la transparence dans une perspective de redressement majeur de notre démocratie chancelante.



  • Que les partis politiques soient financés par le Conseil du Trésor.

    • Ainsi, les partis seraient imputables à la population et non à leurs plus gros contributeurs.

    • Le financement pourrait être limité à 50 %, au prorata des membres et de leurs cotisations.


  • Que le salaire de nos ministres et de nos députés soit doublé.

    • Cela afin de leur assurer une plus grande indépendance financière, donc indépendance tout court.

    • Afin également d'attirer un plus grand nombre de candidates et candidats de qualité.


  • Que toutes les interventions faites par les groupes de pression auprès des gouvernements soient rendues publiques.

    • Cela permettrait à la population de mieux comprendre le cheminement et les enjeux des grandes décisions politiques.

    • Et obligerait les groupes de pression à développer un argumentaire défendable auprès de la population.


  • Que chaque ministère ait son vérificateur général avec un pouvoir de recommandation.

    • Les pertes ainsi jugulées paieraient amplement son salaire.

    • Chaque ministre pourrait ainsi compter sur un contrôle neutre des différents aspects de son administration en plus de celui de l'opposition.


  • Qu'une période de question quotidienne soit adjugée au public lors des sessions de la Chambre des Communes et de l'Assemblée nationale, et qu'elle soit diffusée par la télévision publique.

    • Afin de susciter un plus grand intérêt dans la population pour la chose publique.

    • Afin également de hausser le niveau de certains débats parlementaires qui ressemblent trop souvent à une foire d'empoigne.


  • Que toutes les dépenses gouvernementales passent par les députés dans leurs comtés respectifs et qu'ils aient à en rendre compte à leurs électeurs.

    • Ce serait une façon de renforcer l'imputabilité de chaque député auprès de ses électeurs.

    • Et assurerait une distribution des fonds publics plus équitable entre les régions en permettant de comparer les données ainsi rendues accessibles.


  • Que le Premier ministre s'adresse directement à la population au moins quatre fois l'an pour l'informer de ses choix politiques et de la vision qui les sous-tend. Que le chef de chaque parti d'opposition puisse ensuite y réagir, aussi publiquement.

    • Une occasion pour le Premier ministre de parler directement aux électeurs autrement que pendant les campagnes électorales.

    • Et, pour la population, d'évaluer périodiquement la cohérence et le bien-fondé des politiques mises en place.

    • Une façon, enfin, d'apporter un contrepoids aux médias dont la couverture du politique donne souvent l'impression d'être à la merci du sensationnel au détriment des valeurs véritablement démocratiques.



Nous avons deux autres choix : le statu quo stérile et démobilisateur; l'abandon définitif de nos institutions démocratiques aux milliardaires et aux profiteurs, aussi bien dire notre annexion aux États-Unis.



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