14 juillet 2005

L'école publique québécoise a-t-elle le choix d'être ou de ne pas être communautaire?



Ce rapport a le mérite de proposer une définition de l'école communautaire :


L'école communautaire mobilise le personnel de l'école, les membres du conseil d'établissement, les parents et les partenaires du milieu communautaire, social, culturel, municipal, gouvernemental et économique, en vue de mettre leurs ressources respectives au service des jeunes, de leurs familles et de la communauté. L'école communautaire vise à faire de la réussite des jeunes un engagement social.


Cette mobilisation se fait dans le respect du rôle, des responsabilités et des devoirs de tous, afin de mettre à profit les ressources de chacun, de les investir dans la réussite des jeunes et dans le soutien au personnel scolaire, aux familles et à la communauté. Le rôle de l'école communautaire se situe dans une optique d'engagement et de collaboration au développement de la communauté. Elle ne s'impose pas : elle se réalise dans le respect de la dynamique locale et adopte sa couleur.


(...)


En bref, [les membres de l'équipe de travail] souhaitent une école qui collabore avec les membres de la communauté pour le bénéfice de l'une et de l'autre. Une école communautaire serait un carrefour où se rassemblent divers partenaires (un réseau de partenaires) en vue d'offrir différents services et divers types d'aide aux jeunes, aux familles et à la communauté.


(L'école communautaire, page 6)


Après avoir lu les cinquante pages du rapport et rerelu les recommandations, je me suis posé trente-six questions. Mais qui sont véritablement les auteurs de ce rapport? Quel vécu ont-ils par rapport à l'école? Ont-ils réfléchi un tant soit peu sur ce qu'est la famille québécoise en 2005? Se sont-ils entendus sur ce qu'est une communauté en 2005 au Québec? D'où vient cette insistance tout au long du rapport sur la baisse démographique dans la majorité des régions et sur la fragilité des finances publiques? Leur mandat était-il vraiment de concevoir un plan pour développer l'école communautaire au Québec?



Bref, j'ai été profondément déçu par la superficialité de ce rapport (mise à part la recherche), la timidité de son engagement en faveur de l'école communautaire et son approche tendancieuse -- il s'inscrit tellement bien dans les deux grands axes prioritaires du gouvernement en place. On y fait l'apologie du système actuel (aucune critique) tout en proposant l'école communautaire comme une alternative au statu quo lorsque celui-ci n'est plus possible advenant que les enfants et l'argent viennent à manquer. L'école communautaire : une 'patche', un diachylon. Il ne faut pas que l'école communautaire change quoi que ce soit aux structures et aux programmes actuels; tout au plus pourrait-on les regrouper (voir la liste, page 10 du rapport) sous le nom d'école communautaire s'il en résulte des économies.



Et si on essayait de voir les choses autrement?



Toutes les écoles publiques sont tenues d'être 'communautaires' par la loi :

[L]'école est un établissement d'enseignement destiné à dispenser (..) les services éducatifs (...) et à collaborer au développement social et culturel de la communauté. Elle doit, notamment, faciliter le cheminement spirituel de l'élève afin de favoriser son épanouissement.
(article 36 de la Loi sur l'Instruction publique, cité à la page 4 du rapport)


Le problème, c'est qu'elles ont trop souvent le communautaire 'renfermé', intra muros. Dans combien d'écoles prend-on le temps chaque année de se demander collectivement : comment pourrions-nous être plus ouverts à la communauté locale, plus accueillants pour les gens du milieu, favoriser les échanges avec eux?



Je crains que ce rapport, si on le lit, plutôt que d'inciter les écoles à développer leur caractère communautaire en toute autonomie ne favorise plutôt l'attentisme et le maintien du repli sur soi sécurisants. Pour les auteurs du rapport, l'école communautaire semble d'abord une structure à mettre en place; n'est-ce pas plutôt une mentalité à créer ou à développer dans chaque milieu-école?


    En rappel : « L'idée de l'école communautaire », un billet inspiré par le remaniement ministériel qui a fait du MEQ (ministère de l'Éducation du Québec) le MELS (ministère de l'Éducation, des Loisirs et des Sports) pour répondre à « l'idée de l'école communautaire », selon les mots même du premier ministre Jean Charest.

2 commentaires:

Anonyme a dit...

Je trouve que les deux derniers paragraphes ciblent très bien l'essentiel des lacunes de ce rapport, et plus particulièrement quand tu soulignes que la force d'une communauté, c'est sa dynamique humaine (mentalité) bien plus que sa structure.

Anonyme a dit...

Je trouve très intéressant de revenir a fondement même de l'école au sens de la Loi de l'instruction publique.

La suite de ma réflexion (encore nettement incomplète) ici:

http://carnets.ixmedia.com/remolino/archives/008802.html

Clément