19 avril 2005

Entre-deux

Entre deux papes et entre deux gouvernements à Ottawa, nous sommes menés par qui et par quoi? Les lois du marché? Les lois naturelles? Les lois de Dieu? Toutes et aucune?



Je me dis parfois que la connaissance sinon la reconnaissance pratiquement unanime des 'commandements de Dieu' par nos pères et mères avait du bon. Je ne suis pas certain que comme société nous soyons gagnants d'avoir accepté que les 'lois de Dieu' soient supplantées par les 'lois du marché'. Je suis encore moins certain que comme individus, nous soyons vraiment convertis aux lois du marché. Conditionnés, oui. Mais, convertis...



Le hic, c'est qu'il faut choisir parce que ce sont, à mon avis, deux diktats absolument irréconciliables. En fait, tout se passe comme si la société était régie par les lois du marché alors que la majorité des individus qui la composent avait plutôt besoin d'être soumise aux 'lois de Dieu'.



Une minorité d'individus a réussi à s'affranchir des lois de Dieu et à se soumettre uniquement aux lois du marché. Ceux-là sont en symbiose avec 'la société' dite moderne; tellement en symbiose, qu'ils peuvent contrôler la majorité qui la compose, elle toujours soumise aux 'lois de Dieu'.



Tout cela peut paraître bien théorique; il n'en est rien pourtant.



Prenons les septième et dixième commandements : « Tu ne voleras pas. (Le bien d'autrui tu ne prendras, Ni retiendras sciemment.) » et « Tu ne désireras pas injustement le bien des autres. (Biens d'autrui ne désireras, Pour les avoir injustement.) » La majorité des gens ne volent pas; ils sont soumis aux 'lois de Dieu'. Mais la minorité convertie aux lois du marché ne s'en prive pas, une des lois du marché étant celle du profit et le profit ne pouvant se réaliser qu'en prenant le bien des autres : pour que B ait +1 il faut que A ait -1 parce que rien ne se perd ni ne se crée. L'effet est connu et même admis universellement : plus les riches s'enrichissent, plus les pauvres s'appauvrissent. Et les deux sont satisfaits : les riches parce que plus ils sont riches, plus ils sont reconnus par le marché; les pauvres, parce que plus ils sont pauvres plus ils sont bienheureux et reconnus par Dieu.



Ai-je besoin de faire la même démonstration avec les sixième et neuvième commandements?



L'équilibre parfait. Tellement parfait qu'il se maintient même pendant cette période sans pape et sans gouvernement à Ottawa.



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