31 mars 2005

Les enfants de la Chambre des notaires

Les notaires du Québec ont décidé de nous faire la leçon sur la protection de notre patrimoine dans un blitz publicitaire télévisé (aussi en ligne) auquel s'est prêté l'ex-humoriste Pierre Légaré maintenant moraliste marchandiseur.



Il y aurait beaucoup à dire sur ce genre de campagne qui exploite la culpabilisation pour arriver à ses fins : « La seule façon 'd'être en règle', c'est de passer chez le notaire », semble en être le leitmotiv. Les avocats avaient utilisé le même procédé il y a quelques années après que la loi leur eût permis de se faire de la publicité : « Sans avocat, on risque à tout moment 'd'être dans le trouble' ».



Comment des corporations dites professionnelles en arrivent-elles à utiliser ce genre de stratagèmes douteux pour vendre leurs services? La plupart des avocats et des notaires que je connais ont pourtant non seulement un revenu mais aussi une intelligence au-dessus de la moyenne... Allez comprendre.



Dans un de ces monologues sur les indispensables notaires, Pierre Légaré nous apprend le prix d'un enfant : toute une révélation pour moi, qui ai toujours cru qu'un enfant n'avait pas de prix tellement il était important!



Selon lui, donc, un enfant (« une pinotte ») aura coûté 200 000 $ (« des pinottes ») à ses parents rendu à ses 18 ans (notez le vocabulaire humoristique tellement à propos).



C'était inévitable que l'homo économicus en vienne à chiffrer le prix de revient de sa postérité : 11 111,11 $ par année par enfant. C'est du moins le montant avancé par les notaires et leur humoriste de service. S'agit-il du prix de leurs propres enfants? Est-ce le PME (prix moyen des enfants)?



Questions que tous les jeunes couples devront dorénavant se poser en attendant que la Chambre des notaires rende tous les chiffres disponibles sur son site Internet :


  • Tous les enfants coûtent-ils le même prix?
  • Quels sont les facteurs qui peuvent faire varier leur prix moyen d'un enfant?
  • Est-ce que le sexe et la couleur font partie de ces facteurs?
  • Le métier ou la profession des parents entrent-ils en ligne de compte?
  • Est-ce qu'un enfant coûte le même prix dans Outremont et dans Côte-des-Neiges? en ville, en banlieue ou à la campagne?
  • Est-ce que son coût annuel peut influencer la personnalité de l'enfant et son développement?
  • Y a-il des trucs qui fassent en sorte qu'un enfant coûte moins cher sans que sa valeur soit diminuée sur le marché du travail?
  • Comment se compare le prix d'un enfant selon qu'il est élevé à la maison, en CPE ou en famille d'accueil?
  • À 11 111,11 $ par année par enfant, quel revenu faut-il pour pouvoir se payer un enfant? Deux enfants? Trois?
  • Quel est le seuil de rentabilité d'un enfant selon le revenu des parents?
  • Dans quels pays les enfants coûtent-il le moins cher?
  • Est-ce qu'un enfant importé de ces pays ne coûterait pas moins cher qu'un enfant made in Québec?
  • Pour des raisons économiques, est-ce qu'on ne devrait pas cesser de faire des enfants ici et les importer plutôt déjà éduqués comme nos chaussures et nos vêtements prêts à porter?


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