31 mars 2005

Les enfants de la Chambre des notaires

Les notaires du Québec ont décidé de nous faire la leçon sur la protection de notre patrimoine dans un blitz publicitaire télévisé (aussi en ligne) auquel s'est prêté l'ex-humoriste Pierre Légaré maintenant moraliste marchandiseur.



Il y aurait beaucoup à dire sur ce genre de campagne qui exploite la culpabilisation pour arriver à ses fins : « La seule façon 'd'être en règle', c'est de passer chez le notaire », semble en être le leitmotiv. Les avocats avaient utilisé le même procédé il y a quelques années après que la loi leur eût permis de se faire de la publicité : « Sans avocat, on risque à tout moment 'd'être dans le trouble' ».



Comment des corporations dites professionnelles en arrivent-elles à utiliser ce genre de stratagèmes douteux pour vendre leurs services? La plupart des avocats et des notaires que je connais ont pourtant non seulement un revenu mais aussi une intelligence au-dessus de la moyenne... Allez comprendre.



Dans un de ces monologues sur les indispensables notaires, Pierre Légaré nous apprend le prix d'un enfant : toute une révélation pour moi, qui ai toujours cru qu'un enfant n'avait pas de prix tellement il était important!



Selon lui, donc, un enfant (« une pinotte ») aura coûté 200 000 $ (« des pinottes ») à ses parents rendu à ses 18 ans (notez le vocabulaire humoristique tellement à propos).



C'était inévitable que l'homo économicus en vienne à chiffrer le prix de revient de sa postérité : 11 111,11 $ par année par enfant. C'est du moins le montant avancé par les notaires et leur humoriste de service. S'agit-il du prix de leurs propres enfants? Est-ce le PME (prix moyen des enfants)?



Questions que tous les jeunes couples devront dorénavant se poser en attendant que la Chambre des notaires rende tous les chiffres disponibles sur son site Internet :


  • Tous les enfants coûtent-ils le même prix?
  • Quels sont les facteurs qui peuvent faire varier leur prix moyen d'un enfant?
  • Est-ce que le sexe et la couleur font partie de ces facteurs?
  • Le métier ou la profession des parents entrent-ils en ligne de compte?
  • Est-ce qu'un enfant coûte le même prix dans Outremont et dans Côte-des-Neiges? en ville, en banlieue ou à la campagne?
  • Est-ce que son coût annuel peut influencer la personnalité de l'enfant et son développement?
  • Y a-il des trucs qui fassent en sorte qu'un enfant coûte moins cher sans que sa valeur soit diminuée sur le marché du travail?
  • Comment se compare le prix d'un enfant selon qu'il est élevé à la maison, en CPE ou en famille d'accueil?
  • À 11 111,11 $ par année par enfant, quel revenu faut-il pour pouvoir se payer un enfant? Deux enfants? Trois?
  • Quel est le seuil de rentabilité d'un enfant selon le revenu des parents?
  • Dans quels pays les enfants coûtent-il le moins cher?
  • Est-ce qu'un enfant importé de ces pays ne coûterait pas moins cher qu'un enfant made in Québec?
  • Pour des raisons économiques, est-ce qu'on ne devrait pas cesser de faire des enfants ici et les importer plutôt déjà éduqués comme nos chaussures et nos vêtements prêts à porter?


29 mars 2005

Le parti pris des non-débats de société

J'y reviens, la rage au coeur.



Guy A. Lepage avait à sa table dimanche soir trois personnalités respectées et reconnues pour se tenir debout chacune dans son domaine, au moment même où la moitié des étudiants contestent en faisant l'école buissonnière les choix budgétaires de Jean Charest au silence éloquent.



À la même table, devant deux millions de Québécoises et de Québécois : le pouvoir, la finance et le sexe. Les trois forces qui drainent l'argent du (pauvre) monde étaient réunies : Philippe Couillard, Yves Michaud et Jocelyne Robert. Occasion inespérée pour susciter ouvertement un grand débat sur nos choix politiques et sur nos responsabilités individuelles.



Devant deux millions de téléspectateurs, Philippe Couillard vante l'investissement du siècle en santé (3 milliards de $ d'ici cinq ans dans le béton et la quincaillerie pour ériger trois hôpitaux en gros) sans que personne ne lui demande où le gouvernement prendra cet argent...



Devant deux millions de téléspectateurs, Yves Michaud rerereredit que les banques et les grandes sociétés canadiennes dirigées par des pdg aux salaires scandaleux camoufflent de plus en plus de milliards de $ (800 à ce jour, si je me souviens bien) dans les paradis fiscaux au vu et au su des gouvernements, privant ainsi le fisc de milliards de $...



Devant deux millions de téléspectateurs, Jocelyne Robert ose dire que le sexe médiatisé est de plus en plus connecté sur le cul et l'argent du cul, déshumanisé, en train de perdre son sens amoureux et même son plaisir, orienté totalement sur la performance à tout prix et à prix fort : le sexe objet, la femme de plus en plus objet (à quoi j'ajoute : l'embryon récrément, le foetus trop lourd à porter pour la société, le cher enfant trop cher...)



Constats ahurissants quand on y pense le moindrement. Mais constats seulement : chez Guy A. Lepage on ne tolère aucun débat qui ne puisse déclencher le rire. Le meneur de jeu sourire en coin avec son humoriste de service amènent plutôt Philippe Couillard à se défendre de toute ambition politique; Yves Michaud à rerererégler ses comptes avec le PQ et Lucien Bouchard (prédécesseur de Jean Charest, pour qui ne s'en souviendrait pas); Jocelyne Robert à commenter un soi-disant sondage sur les soi-disant pratiques sexuelles des Canadiens en âge de procréer.



Aucun débat : il ne faut pas sortir de leur torpeur (lire : amener à changer de canal) deux millions de citoyens bien assis devant leur cinéma maison en ce beau dimanche de Pâques, qui ne demandent rien d'autre que de pouvoir mourir de rire et vivre en paix.



Félicitations, Monsieur Couillard pour ces monuments qui seront construits à notre santé. Bonne chance Monsieur Michaud, avec le Château de l'Élysette du vignoble de votre ami Parizeau qu'au moins les banquiers pourront boire à notre santé. Et bon succès, Madame Robert avec la vente de votre livre : faute d'en débattre et d'être drôle, il fera peut-être réfléchir celles et ceux encore suffisamment en santé pour le lire.



The show must go on (traduction : ha! ha! ha!).



Le carré rouge itou.

28 mars 2005

La raison du grand nombre

Hier soir, j'ai fait un retour au grand show hebdomadaire de notre télévision publique Tout le monde en parle. Guy A. Lepage a d'entrée de jeu habilement relancé ses fidèles téléspectateurs avec une question qui visiblement le hante encore après six mois au petit écran : le nivellement par le bas qui caractériserait son émission, selon 'certains'. « C'est à nos deux millions de téléspectateurs d'en juger! »



    Deux millions de téléspectateurs témoignent de la qualité d'une émission de télé comme Tout le monde en parle. Deux millions de clients témoignent de la supériorité d'un magasin comme Wal-Mart. Deux millions de votes pour les Libéraux aux dernières élections témoignent de la compétence du gouvernement actuel. Deux millions de propriétaires de grosses cylindrées témoignent de la qualité de ces véhicules ultra polluants. Deux millions d'abonnés à Loto-Québec témoignent de la grandeur des jeux de hasard... Deux millions de personnes ne peuvent se tromper.


Quant au show lui-même, rien de nouveau : au grand jeu de la provocation, les invités sont amenés à dire et à faire tout et n'importe quoi pour ne pas perdre la face et vendre leur salade. La présence de Philippe Couillard, Jocelyne Robert et Yves Michaud m'amène à me poser de sérieuses questions sur ce qui motive les invités à accepter de participer à un tel cirque médiatique. Qu'est-ce qu'on ne ferait pas pour ploguer son parti, son livre, son film ou son produit devant deux millions de téléspectateurs inconditionnels?



27 mars 2005

Passages

Est-ce parce que j'ai été marqué par ma première moitié de vie 'nomade' (15 déménagements avant d'atteindre mes 30 ans)? Toujours est-il que je suis resté attaché aux rites de passage, particulièrement celui de Pâques. Cette fête symbolique entre toutes qui célèbre trois passages : celui de l'hiver au printemps bien sûr, mais aussi celui de la mer Rouge par Moïse et le peuple hébreu (quelle belle légende!) et, surtout, le passage du Christ de la mort à la Vie (quelle belle histoire!).



Il y a encore quelques rares télédiffuseurs qui osent à cette occasion mettre au programme un des grands films bibliques, une cérémonie pascale, un reportage à caractère chrétien, une entrevue avec quelqu'un qui témoigne de sa spiritualité. Radio-Canada et TQS sont à cet égard exemplaires cette année -- mise à part l'orgie publicitaire dont ils auraient pu nous épargner au moins à cette occasion.



Si vous avez manqué l'entrevue sans pause publicitaire avec Éric-Emmanuel Schmitt par Michaëlle Jean au RDI, réservez cinquante minutes pour la visionner sur le site de Radio-Canada : quel témoignage rafraîchissant! Maintenant que nos télévisions publiques ont pris le virage de la rentabilité avant toute chose, elles ne nous gâtent pas en entrevues avec des penseurs, humanistes, écrivains capables de parler de spiritualité (je m'ennuie de Stéphane Bureau, qui était excellent dans ce genre d'entrevues en profondeur).



Il n'est pas coutume, sauf entre les lignes, de bloguer sur le fondement de sa foi et de son espérance. Le mien tient en un mot de trois lettres, mystérieux entre tous : vie. Un mot trop souvent galvaudé, mépris et méprisé; par ignorance, par inconscience. Je crois en la vie et j'espère en la Vie. C'est tout simple et ça éclaire tout le reste, même la mort.



JOYEUX PASSAGES!



26 mars 2005

À propos des commentaires

Panne majeure depuis quelques jours chez ENETATION, le serveur qui héberge les commentaires que vous laissiez ici en post-scriptum (fort appréciés, vous l'ai-je déjà dit?)



Conséquence : communication à sens unique; aussi bien dire pas de communication du tout. Une situation qui ne peut perdurer. Parce que si 0 commentaire(s) façonne le caractère, ne pas pouvoir en recevoir risque plutôt de le pétrifier.



Solution : à partir d'aujourd'hui, les commentaires seront hébergés chez Blogger (même si l'interface est encore en partie en anglais). Dès qu'Enetation aura réglé ses problèmes techniques, les commentaires antérieurs pourront être à nouveau consultés en post-scriptum.




25 mars 2005

Les baby-boomers se paient la (re)traite

La coïncidence est aveuglante : en même temps que notre gouvernement de baby-boomers maintient sa décision de retirer 100 millions de $ en aide financière directe aux jeunes en formation, il annonce un investissement 1 000 millions de $ dans la construction d'un méga hôpital pour ses vieux jours -- les premiers baby-boomers auront 65 ans en 2011.



Une fois de plus le poids démographique (lire électoral) a beau jeu : on appelle ça la majorité démocratique. Il auront été choyés jusqu'au bout ces chers boomers : des polyvalentes, des cégeps et des facultés tout neufs pour leurs études de boursiers, un stade olympique colossal pour leurs grands jeux, une place des Arts pour leurs soirées de gala, un grand palais pour leurs congrès, un beau gratte-ciel en verre pour leurs actifs dits nationaux, très bientôt une grande bibliothèque dite aussi nationale pour leur préretraite... Il ne leur manquait qu'un méga centre hospitalier pour assurer à leurs vieux jours les meilleurs soins en chambres privées : et ils l'auront, bien mérité, bien sûr et bien payant.



La génération du béton armé doit être fière de tous ces monuments qui lui ressemblent et qui lui survivront, faute d'avoir investi suffisamment dans sa postérité.



Ma foi

Je ne sais pas ce qu'est la foi. Je sais cependant quelle est ma foi. C'est une foi inébranlable en la vie dans ce qu'elle a de plus mystérieux.

23 mars 2005

L'eau, notre eau, leur eau...

    DÉCENNIE INTERNATIONALE D'ACTION



Alimentation

Il faut quelque 3000 litres d'eau pour produire notre ration alimentaire quotidienne, soit environ 1000 fois la quantité qu'il nous faut boire.


Santé

Plus de la moitié des lits d'hôpitaux dans les pays en développement sont occupés par des personnes souffrant de maladies évitables causées par de l'eau insalubre et un assainissement déficient.


Environnement

Les catastrophes liées à l'eau, telles que les raz-de-marée, les inondations et les périodes de sécheresse, constituent, après les vents de tempête, les catastrophes naturelles les plus fréquentes et les plus dévastatrices.


Énergie

L'hydroélectricité fournit au moins 50 pour cent de la production d'électricité dans 66 pays et 19 pour cent dans 24 pays. Le développement des petites centrales hydroélectriques devrait augmenter encore de 60 pour cent dans le monde d'ici à 2010.


Questions relatives aux eaux transfrontières

145 pays ont un territoire situé sur un bassin transfrontières et 21 se trouvent entièrement sur l'un d'entre eux. Au cours du dernier demi-siècle, environ 200 traités ont été signés concernant des bassins hydrographiques transfrontières.


Pénurie

D'ici 2025, on estime que 3,4 milliards de personnes vivront dans un pays affecté par une pénurie d'eau.


Cultures

Presque toutes les grandes religions dans le monde reconnaissent à l'eau d'importantes vertus symboliques et cérémoniales.


Assainissement

Un dollar investi dans le domaine de l'approvisionnement en eau et de l'assainissement peut avoir un rendement économique jusqu'à 34 fois supérieur, selon la région.


Pollution

Dans les pays en développement, plus de 90 pour cent des eaux d'égout et 70 pour cent des eaux usées industrielles sont déversées dans les eaux de surface sans avoir été traitées.


Agriculture

L'irrigation accroît de 100 à 400 pour cent les rendements de la plupart des cultures agricoles. Au cours des 30 prochaines années, 70 pour cent des gains réalisés en matière de production céréalière le seront sur des terres irriguées.



Selon L'eau, source de vie, une brochure exceptionnelle publiée par les Nations Unies à l'occasion de la décennie « L'eau, source de vie » (document pdf)

22 mars 2005

La désobéissance civile, un droit et un devoir?

Le philosophe Thierry Paquot, dans Le Monde diplomatique, ne fait pas seulement poser la question mais l'affirme sans hésiter :



(...) Par quel aveuglement les « politiques » s'obstinent-ils à ne pas reconnaître l'obsolescence d'une loi, son décalage avec des conditions inédites jusque-là, sa violence perpétrée au nom d'un État désincarné? Le droit au désaccord et la désobéissance civile sont alors, pour tout individu doté d'une conscience, un devoir.


L'auteur illustre son propos en racontant qu'un certain Henry David Thoreau, au XIXe siècle au Massachusetts, avait refusé de payer ses impôts parce qu'il était en désaccord avec la guerre alors déclarée par les États-Unis contre le Mexique. Il mentionne également le cas de Bronson Alcott, « qui déclarait haut et fort sa décision de ne pas régler son impôt tant que son gouvernement ne mettrait pas un terme à l'indigne politique esclavagiste ».



On trouve par ailleurs dans son article cette affirmation -- lourde de sens en termes de responsabilité individuelle -- faite par Gandhi : « La seule obligation qui m'incombe, à juste titre, consiste à agir en tout moment en conformité avec l'idée que je me fais du bien. »




20 mars 2005

We too

« 40 000 billets vendus en moins de deux heures pour le spectacle de U2 en novembre prochain. » Je me préparais pour aller à un autre genre de show lorsque j'ai entendu cette manchette au Téléjournal. Ça m'a fasciné.



Une heure et demie plus tard, j'étais sur le chemin Queen Mary, faisant la file à 10 km/h pour accéder au stationnement de la Basilique. Cet embouteillage de samedi soir m'en rappela un autre : celui vécu dans les rues menant au Centre Bell une soirée avant 2000 où notre cadet m'avait invité à me laisser séduire par Rush, le groupe rock torontois. Hier soir, nous étions aussi des milliers à nous presser vers le grand hall où avait lieu la fête. En passant d'un escalier roulant à l'autre, j'ai cru percevoir cette même fébrilité nerveuse des 'fans de Rush' sur les visages autour, éclats de voix et cris en moins.



En entrant dans l'immense voûte décorée, remplie d'orgue et surilluminée, je me suis demandé s'il y aurait encore quelques places libres : comme tous les autres pèlerins, j'étais venu là sans réserver. Réserver : payer sans égard au prix pour garantir un rêve.



Au pied d'une colonne latérale haute à donner le vertige, un siège m'attendait : je ne m'étais donc pas essoufflé à grimper jusque là pour rien... L'organiste bien en vue à gauche de la nef n'avait visiblement pas assez de ses dix doigts pour faire mugir ses tuyaux à vent. Nous étions des milliers d'inconnus, femmes, hommes et quelques enfants de tous âges et couleurs de peau, de toutes classes et provenances venus là, sans rendez-vous, pour fêter saint Joseph, répondant simplement, comme à chaque année, à l'appel du 19 mars, un appel qui, inutile d'insister, ne s'explique pas.



U2 et Vertigo, Rush et son batteur, les 100 petits chanteurs du mont Royal et leurs cuivres... Au cours de la cérémonie, on sent la même ferveur dans l'auditoire, moins manifeste, plus contenue mais tout aussi intense, la même attention, le même besoin d'être ensemble et de faire passer les vibrations du dehors au dedans. On entend le même message aussi, en d'autres mots, sur d'autres rythmes : la paix et la non-violence, l'amour et le partage, l'espoir malgré tout le reste.... le même besoin de l'entendre dire et chanter. De le sentir aussi à travers des arômes un peu âcres qui sentent le brûlé : j'avoue cependant ma préférence pour l'odeur de l'encens... (d'ailleurs, pourquoi n'a-t-on jamais pensé à en parfumer le 'pot'?)



En quittant l'oratoire Saint-Joseph aux accords vibrants des grandes orgues, je me disais qu'au fond, comme les fervents de Rush et de U2, we too les pèlerins étions venus là pour triper ensemble, vivre un peu d'existence en coudes à coudes, sortir de nos têtes réclusives, faire la paix avec l'inconnu, chercher un peu de sérénité pour la mettre en réserve en attendant la prochaine fête.



Joyeux printemps!



18 mars 2005

L'inconscience collective menacée

Plusieurs signes me font craindre le pire pour notre inconscience collective.



Il y a d'abord la solidarité manifestée des étudiants aux politiques d'aide aux études obligeant les moins favorisés d'entre eux à s'endetter allègrement s'ils veulent tirer leur épingle du jeu. Mais il y a aussi la Commission Gomery dont les révélations sur les empocheurs publics sans vergogne nous font bondir en même temps que la cote d'écoute du RDI.



Il y a d'autres signes, plus subtils, comme le fait d'avoir élu un gouvernement minoritaire à Ottawa et celui d'avoir amené les Guy A. Lepage, Jeff Fillion et autres humoristes à calmer leurs sparages. Et j'en passe (Hydro-Québec qui crée des emplois pour surveiller nos régions; Loto-Québec qui retire quelques-unes de ses machines grippe-sous; un gouvernement libéral qui se dit prêt à faire du développement durable; des Wal-Mart aux prises avec la syndicalisation de leurs associés; les pédophiles, les financiers véreux et les terroristes pourchassés par les polices du monde entier; le protocole de Kyoto récemment signé au niveau planétaire malgré les USA; les déboires de la malbouffe obésitaire; les virages santé, bio, vélo, équitable; les commissions anti-dopage; la préoccupation un tant soit peu du patrimonial; les congés parentaux pour les enfants qui viennent...)



Autant de signes qui ne trompent pas : l'ère de l'inconscience collective est menacée, peut-être même s'achève-t-elle. Je pressens, j'espère, j'anticipe, j'imagine qu'il s'ensuivra une baisse de la consommation à vide, un affaiblissement de l'économie avide, un appauvrissement des milliardaires. Mais serai-je là encore assez longtemps pour vivre la révolution du coeur qui en surgira?


15 mars 2005

14 mars 2005

Au-delà des 103 millions...

Pour les besoins de ce billet et sans vouloir froisser personne, je fais l'hypothèse que nous (blogueuses et blogueurs) sommes tous par la force des choses endettés. Cela convenu, je serai plus à l'aise pour que nous parlions entre nous des effets inavouables de l'endettement : dépendance, humiliation, culpabilité, impuissance, mutisme et réclusion forcés.



Et puisque la glace est rompue, parlons du pire endettement qui soit, celui qui nous assujettit financièrement à l'État. Il n'y a pas pire prêteur que l'État créancier parce que dans ce domaine, l'État est dictateur : d'une part, il édicte les lois, conditions et règlements de ses prêts; d'autre part, il s'est doté d'une impitoyable organisation pour en faire le recouvrement jusqu'après votre mort. L'État protège ainsi l'argent du peuple et le peuple s'en réjouit. Il n'y a pas pire endettement que d'être débiteur de l'État et de son peuple.



La disparition progressive des bourses d'études au profit des prêts étudiants, c'est l'accroissement de l'endettement pour la majorité des jeunes en formation avec la dépendance, l'humiliation, la culpabilité, l'impuissance, le mutisme et la réclusion forcés qui risquent de s'ensuivre. À l'opposé, la bonification des bourses d'études favoriserait l'autonomie, la fierté, la confiance en soi, la prise de parole et l'implication sociale.



Au-delà de la récupération de 103 millions de dollars pour en faire dieu sait quoi, que vise au juste ce gouvernement?



12 mars 2005

Félicitations!

(applaudissements admiratifs)
PALMARÈS 2005
des 691 plus grands appauvrisseurs
du monde


11 mars 2005

Hommages

J'ai toujours eu une secrète admiration pour les policiers de la Gendarmerie royale du Canada. Je ne sais trop pourquoi : leur costume, leur prestance, leur fierté manifeste, la dignité qu'ils imposent aux cérémonies officielles par leur seule présence, le professionnalisme dont ils font preuve dans l'accomplissement de leur mission de gardiens des lois canadiennes, notamment ici à la frontière.



Hier, c'était la cérémonie officielle en hommage aux quatre policiers abattus lors d'une descente antidrogue en Alberta. Le RDI nous en retransmettait les images. J'ai été particulièrement touché par le témoignage du père de l'un d'eux : mon fils n'est pas mort pour rien... Et aussi par celui du frère jumeau d'un autre : je viens de perdre l'être qui m'était le plus cher au monde. L'un d'eux venait tout juste de se marier; un autre devait bientôt être père pour la deuxième fois.



Hommage à tous ceux et celles qui risquent ainsi quotidiennement leur vie. Et à leurs proches qui partagent avec eux ce risque chaque jour.


09 mars 2005

Le télé foquée

Enjeux illustre une fois de plus cette semaine jusqu'où la télévision même publique peut être une imposture. Par le choix des sujets, leur promotion et leur traitement, on cherche à tout prix à nous attirer, nous émouvoir ou nous émoustiller, question d'avoir notre attention et de la garder; compétition pour la cote oblige.



Hier, deux reportages ignoblement juxtaposés : un qui montre discrètement le désespoir des Innus à Schefferville (où le taux de suicide est 12 fois plus élevé qu'ailleurs au Québec); l'autre qui étale avec fracas le succès marketing de la Chrysler 300C grâce à son design 'québécois' (!) audacieusement laid.



Du placement de produit, purement et simplement : « Le drame des Innus qui crèvent à Schefferville où règne en maître Loto-Québec, c'était juste pour vous attirer et vous convaincre d'acheter la voiture de l'année de notre principal commanditaire. Vous devriez le savoir, depuis le temps : à la télé, la misère et la mort, on s'en préoccupe en autant qu'elle nous fait bien vivre. »



05 mars 2005

Blogue désillusion

Entre vous et moi, c'est pas mal plus facile de rejoindre le monde entier avec un blogue sans conséquence et sans lendemains que ce ne l'est de rejoindre les gens des environs pour leur proposer de concevoir et de bâtir ensemble un projet de développement bien concret. En quatre jours, j'ai pu en atteindre une centaine (sur une population cible de 5 000) en utilisant le 'blogue à blogue' et le 'courriel à courriel' comme moyens de diffusion... Si la moitié d'entre eux ont un accès Internet (c'est plus ou moins la moyenne québécoise), ça fait 4 % tout au plus; on est loin du 50 % +1!



J'ai vérifié combien coûterait la distribution d'une lettre circulaire non adressée, via Médiaposte (Postes Canada)... C'est 10¢ l'unité. Pour 2 307 'portes', + le papier, l'impression et les taxes... On dépasse les 400,00 $, sans compter le temps dévolu... dont les deux-tiers destinés directement au recyclage! Une façon comme une autre de constater brutalement le prix inestimable d'un blogue en même temps que son incroyable inefficacité...



Bon. Qu'est-ce que je fais, maintenant... Le projet d'écomarché est lancé : il faut que je le fasse connaître aux gens d'ici. Il doit bien y avoir des façons de répandre la bonne nouvelle avec des moyens selon mes moyens...



Le blogue, c'est pas mal pour rejoindre les gens connus, ceux qu'on connaît et quelques autres au hasard... Mais nos voisins proches et moins proches? Les gens qui partagent avec nous le même coin de terre, qui empruntent les mêmes chemins, qui pêchent dans le même lac, qui paient les mêmes taxes, qui ont voté pour les mêmes candidats, qui achètent avec les mêmes grosses chaînes... Pour rejoindre tous ces gens à qui on veut proposer de changer juste un tout petit coin du monde, le blogue, franchement...



Je ne veux décourager personne, mais la vraie révolution du blogue capable de mobiliser et d'agir reste encore à faire!



02 mars 2005

Quand trop n'est pas assez

Le Mouvement des caisses Desjardins rapporte un excédent de 206 millions de dollars pour le quatrième trimestre de 2004. Pour l'ensemble de l'exercice, le Mouvement déclare des excédents, avant ristournes aux membres, de 1,1 milliard de dollars, en hausse de 28,5 % par rapport à 2003.

Excédents records chez Desjardins en 2004


Je me souviens... Avant que Desjardins ne se prenne pour une banque et abandonne les petites collectivités à leur petite misère, on appelait ça le trop-perçu. Bien sûr, une partie de cet argent sera redistribuée aux 'membres' sous forme de ristournes. Mais qui en bénéficiera réellement? Les 'membres' qui ont payé de (trop) gros frais et de (trop) gros intérêts? Faute de transparence chez Desjardins à cet égard, on peut à tout le moins se poser la question.



Pour me joindre, venez faire un tour au carrefour des routes 133 et 202.



01 mars 2005

Un blogue pour imaginer, débattre et développer un projet bien concret

Je ne suis pas du tout d'accord avec une certaine presse qui voudrait que le blogue soit uniquement bon pour exprimer à tous vents ses états d'âme, de coeur ou d'esprit. C'est bien plus un outil de communication dont on soupçonne à peine les multiples utilisations possibles et encore moins les retombées.



J'en ai déjà exploré quelques-unes jusqu'à maintenant sans cependant en avoir évalué toutes les facettes : un blogue 'familial' (pour les parents et amis dispersés), un blogue 'dossier' (sur la baie Missisquoi malade de notre j'menfoutisme environnemental), un blogue de réflexions (Au-delà des frontières), un photo-blogue à la mémoire d'un homme qui ne mérite pas d'être oublié (Jos et les siens), un blogue 'paroissial' (celui de l'Unité pastorale des Frontières) un blogue aide-mémoire pour notre village (Saint-Armand-sur-le-Web) et un blogue de veille (Le temps d'une élection) pour suivre les candidats du comté pendant la dernière campagne électorale fédérale...



Toutes ces expériences ont fait pour moi la preuve, à des degrés divers, que le blogue est d'abord et avant tout un puissant outil de communication.



Aujourd'hui, j'ouvre un blogue autrement plus ambitieux : celui de lancer une idée de projet collectif dans notre région, pour qu'on en débatte, pour qu'on continue à l'imaginer, pour qu'on l'évalue et, qui sait, pour qu'on entreprenne sa réalisation... Un blogue pour rassembler des gens autour d'un rêve qu'ils pourraient réaliser après l'avoir eux-mêmes rêvé!



Je vous donne rendez-vous au carrefour des routes 133 et 202 : c'est là que le rêve pourrait devenir réalité!



Le plus grand défi, c'est de rejoindre les gens impliqués. M'aideriez-vous à leur donner le mot...