02 janvier 2005

Tsunami Blues

l'autre - Il est temps que tu en parles du Tsunami; c'est arrivé il y a une semaine déjà!



lui - J'avais les 'bleues'; j'étais incapable d'en parler.



l'autre - Les 'blues'?...



lui - Les catastrophes humanitaires m'ont toujours fait le même effet : je perds pied temporairement, ma confiance en Dieu et dans l'humanité en prennent un coup, et je ne sais plus quoi dire.



l'autre - Mais un tsunami, c'est une catastrophe naturelle; on n'y peut rien. Il faut que la vie continue, il ne faut pas se laisser...



lui - Justement. Je n'arrive pas à comprendre que la vie continue comme avant, après les catastrophes... On devrait au moins en tirer des leçons!



l'autre - Quoi par exemple?



lui - Je trouve que les catastrophes humanitaires sont des révélateurs. Prends le tsunami de la semaine dernière...



l'autre - Épouvantable...



lui - Ce sont des pays des continents les plus pauvres qui ont été touchés : en Océanie, en Asie et en Afrique. Mais de qui parle-t-on surtout dans les reportages et aux nouvelles? Des occidentaux d'Europe et d'Amérique qui étaient là par affaires ou en touristes au moment du raz-de-marée, de ceux parmi eux qui s'en sont tirés ou qui y sont morts, des autres parmi eux qui sont toujours portés disparus; pour chaque catégorie, on a les chiffres exacts des ressortissants étrangers de chaque pays occidental. Du Canada, par exemple, on sait à ce jour que 5 personnes sont mortes et que 150 sont portées disparues. Quant au nombre d'individus des populations indigènes massivement touchées, on n'en sait trop rien sinon un ordre de grandeur à dix mille près, variable selon les sources : 100 000? 150 000? Il y a, sur notre planète, d'une part les gens qui comptent (on est capable de les compter); d'autre part les autres qui ne savent pas compter, qui ne comptent pas (il est donc difficile d'en faire le décompte). Les catastrophes humanitaires nous apprennent entre autres ça.



l'autre - T'exagères pas un peu...



lui - À peine. Prends ce qu'on appelle l'aide au développement. L'aide aux pays sous-développés se fait en temps normal au compte-gouttes. Arrive une catastrophe humanitaire... On trouve et on promet soudainement des millions et des milliards pour l'aide et pour la reconstruction. C'est quand même étonnant! D'où vient donc cet argent qu'on n'avait pas avant?



l'autre - C'est normal : les survivants n'ont plus rien...



lui - C'est pas normal; c'est calculé. C'est fait par des gens qui comptent et qui savent compter. Les catastrophes rapportent. C'est pas de l'aide; c'est de l'investissement. Les deux milliards promis iront où, à quoi et à qui, penses-tu?



l'autre - Je reconnais ta propension à la dramatisation...



lui - Je serais curieux que RDI (le réseau des catastrophes en direct) fasse le bilan des retombées économiques des cataclysmes des dernières dix années dont ils nous ont montré hier les images les plus spectaculaires pour marquer leur dixième anniversaire...



1 commentaire:

Anonyme a dit...

Je suis tout à fait d'accord avec ton texte....L'aide humanitaire c'est une grosse farce..Une genre de soiré des Oscars où les ''Grands de l'humanitaire'', les politiciens, les opportunistes sortent en grande et multiplient discours, scéances de photos, promesses. Mais en réalité ils se livrent une gue-guerre de pouvoir de qui-aura-le-plus-de-pouvoir sur le terrain...Bien entendu sans ces ONG les victimes de catastrophes et les réfugiés ne pourraient pas s'en sortir mais ce que je déplore c'est la comédie de ces ONG et de cette opération médiatique....Qui parlait du Génocide rwandais avant le film américain!! qui se soucie du Soudan et des milliers de femmes violées?? Quelques ONG en parlent mais quand on se rend sur le terrain (comme je l'ai fait) alors on se rend compte qu'entre le discours et la réalité il y a un gros fossé de quelques millions de dollars...Après tout l'aide humanitaire ça se paie....mais où s'en va le monde!!!!!!