17 janvier 2005

Excellence et gala

EXCELLENCE, subst. fém. Caractère de la chose ou de la personne qui correspond, presque parfaitement, à la représentation idéale de sa nature, de sa fonction ou qui manifeste une très nette supériorité dans tel ou tel domaine. (TLFi)


Je n'aime pas les galas. Par frustration : on ne m'y invite jamais. Par dépit : ma garde-robe ne me permettra jamais d'y aller. Par atavisme : mes parents n'étaient pas du genre m'as-tu-vu. À cause d'une intolérance viscérale à l'épaisseur : les animateurs attitrés de galas rivalisent habituellement dans le domaine. Par méfiance : je me demande toujours si les gagnants le sont vraiment, s'ils ne sont pas plutôt d'utiles figurants.



Je n'aime pas les parvenus. Ma conception de l'excellence, c'est qu'elle doit être constamment poursuivie. Prétendre atteindre l'excellence est de la présomption; prétendre l'avoir atteinte, un non-sens ou une fumisterie.



Cela admis, je dois faire ici un aveu : j'ai regardé hier le Gala de l'excellence. Deux fois d'affilée. La deuxième fois par nostalgie des Beaux dimanches. Mais la première, parce que je me suis laissé prendre au jeu. Christian Bégin a bien fait ça. N'eut été d'un épais « bourrez-vous la face, vous l'avez mérité! » lancé à l'une des lauréates (religieuse, par surcroît), je lui aurais décerné la meilleure note qui puisse être attribuée à un animateur de gala. Bravo surtout pour les mises en situation scéniques ou vidéographiques à travers lesquelles on nous a présenté les cinquante-deux personnalités de l'année choisies par La Presse et par les recteurs de nos universités. C'était bon; presque excellent n'eut été là encore, cela semble incontournable, l'intrusion de deux de nos 'épais' vedettes -- le genre qui fait dans le niais simulé et vous jette en même temps un regard béat de satisfaction.



C'était un spectacle, comme tout gala. Pas surprenant donc qu'on ait très peu parlé des personnalités gagnantes et qu'elles aient elles-mêmes très peu parlé. Peu, mais bien. La plupart faisant spontanément retomber cette manifestation médiatisée de reconnaissance sur leur groupe d'appartenance ou sur la cause qui leur tient à coeur, pour que l'on n'oublie ni l'un, ni l'autre. J'ai retenu les paroles de Gilles Julien ému au milieu de 'ses enfants', salué pour le travail de suppléance parentale qu'il fait comme pédiatre social : « Aujourd'hui on ne regarde pas assez les enfants dans les yeux ». (Peut-être parce que comme adultes, on a profondément honte de l'héritage collectif qu'on leur laisse...)



Un gala, ça se paie. Qui a payé pour celui-là? La Presse, la Banque Nationale, la Société Radio-Canada, Hydro-Québec, Loto-Québec et la Société des Alcools du Québec... Nous autres, finalement.



Il faut quand même un certain culot pour associer les loteries et les boissons alcooliques à l'excellence! Mais c'est de l'excellent marketing!



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