03 octobre 2004

Paroles en l'air

Chacun de nous s'attend à ce que les journalistes informent. À ce que les femmes et les hommes politiques convainquent. À ce que les profs fassent apprendre. À ce que les prêtres fassent prier. À ce que les philosophes fassent réfléchir. À ce que les scientifiques fassent comprendre. À ce que les actrices et les acteurs émeuvent. À ce que les chanteuses et les chanteurs charment. À ce que les humoristes fassent rire.



Théoriquement.



Dans la réalité quotidienne de notre société de consommation-communication, ces rôles s'enchevêtrent, s'interchangent et vont jusqu'à se contrefaire pour attirer notre attention. Alors, on ne s'y retrouve plus : qui faut-il écouter?



Parmi toutes ces gens de parole, les humoristes ont la plus haute cote. Forcément, puisqu'ils nous font rire de tous les autres. Et les autres n'ont souvent d'autre choix, pour attirer l'attention, que celui d'essayer de faire rire. Mais à ce jeu, il y a des perdants : comment voulez-vous faire comprendre, faire apprendre et faire prier en riant? Chez les journalistes et les politiciens on s'en tire mieux sans doute parce que chez les uns et les autres il y a des équipes chargées de la mise en scène. Ça donne de la drôle d'information, mais on a au moins l'impression d'être informés. Ça laisse des doutes persistants sur les motivations politiques, mais on a tellement besoin de se laisser convaincre.



L'humour est le nouveau pouvoir. De là à dire que le pouvoir est aux humoristes, il n'y a qu'un pas que je n'ose franchir. Mais on peut se poser des questions sur le phénomène. Les humoristes et les 'amuseurs publics' qui occupent l'avant-scène de la radio et de la télé sont-ils conscients de leur influence, donc de leur pouvoir? Ont-ils assez de maturité pour juger des conséquences de leur paroles en l'air? Savent-ils la différence entre humour et dérision? Peut-on être humoriste responsable et ne pas dire n'importe quoi?



HUMOUR, subst. masc. Forme d'esprit railleuse qui attire l'attention, avec détachement, sur les aspects plaisants ou insolites de la réalité.


IRONIE, subst. fém. Figure de rhétorique par laquelle on dit le contraire de ce qu'on veut faire comprendre.


RAILLERIE, subst. fém. Manifestation d'ironie devant une situation ou un comportement que l'on déplore, dont on remet en cause le bien-fondé et que l'on juge ridicule.


DÉRISION, subst. fém. Moquerie, raillerie mêlées de mépris.


Source des définitions : Le Trésor de la langue français informatisé



Aucun commentaire: