25 octobre 2004

Notes sur l'épaisseur

    Le premier livre que je n'écrirai jamais sera un essai sur l'épaisseur. Je griffonnne ici en vrac quelques observations et questions que je me pose sur ce sujet fascinant : notre besoin d'épaisseur.


Épaisseur et sexe. Pourquoi l'épaisseur est-elle plus drôle chez les hommes que chez les femmes? Les gars n'aiment pas les épaisses (opinion strictement personnelle et subjective); mais est-ce que les filles sont attirées par les épais?



Épaisseur et physique. On associe facilement gros et épais. On dira 'gros épais', mais 'grand niaiseux'... Y a-t-il vraiment plus d'épais chez les gros? Les gros épais ont-ils plus de succès que les gros sérieux?



Épaisseur et âge. Y a-t-il un âge pour l'épaisseur? Tout se passe comme si l'épaisseur était un phénomène 'normal' à l'adolescence (ou est-ce un préjugé?), 'tellement drôle' dans la vingt et trentaine, 'suspect' dans la quarantaine et carrément ridicule à partir de la cinquantaine. L'épaisseur aurait-elle à voir avec notre quête de l'éternelle jeunesse?



Épaisseur et société. Pour rabaisser ou humilier quelqu'un qui ne nous revient pas, on le fait passer pour épais. C'est un phénomène qu'on observe de plus en plus, notamment chez certains 'humoristes' et à la télé : L'Infoman, Tout le monde en parle, Et dieu créa Laflaque, etc. Certaines 'classes' semblent plus exposées à ce phénomène : politiciens, policiers, fonctionnaires... Pourquoi celles-là? Comment se fait-il que d'autres semblent épargnées : les médecins, les avocats, les artistes...



Épaisseur et humour. À l'École nationale de l'humour, est-ce qu'on enseigne l'épaisseur ou l'épaisseur est-elle une condition d'admission? Est-ce qu'on y offre l'option Humour épais? Pourrait-on se divertir et rire sans l'épaisseur?



Épaisseur et médias. Pourquoi l'épaisseur simulée, notamment à la radio, exerce-t-elle une telle fascination auprès d'un certain public (assez nombreux si on en croit les cotes d'écoute)? Dans les médias, les épais 'Québécois de souche' sont sur-représentés par rapport aux épais Néo-Québécois : aurions-nous l'apanage de l'épaisseur?



Épaisseur et psychologie. Y a-t-il de vrais épais, heureux de l'être, bien dans leur peau? Existe-t-il une psychologie de l'épaisseur? Pourquoi devient-on ou choisit-on d'être épais? Est-ce une forme d'autovalorisation par l'absurde? Comment peut-on distinguer un vrai épais, s'il en est, d'un épais de galerie? Quand un faux épais parle sérieusement, comment peut-on le savoir?



Épaisseur et inspiration. Ce qui semble le plus inspirer -- obséder serait plus juste -- les épais, c'est le sexe. Pourquoi est-ce qu'aussitôt qu'un épais parle de sexe, ça déclenche notre rire? Serait-ce la manifestation d'un malaise que le sexe provoque chez beaucoup d'entre nous, un rire nerveux qui agit un peu comme une soupape devant ce révélateur de notre propre épaisseur dans le domaine? Une autre source d'inspiration, c'est le langage vulgaire. Quel est le lien entre la vulgarité et l'épaisseur? La vulgarité serait-elle en quelque sorte le summum de l'épaisseur, sa forme extrême?



Épaisseur et culture. En se faisant passer pour épais, on peut tout dire et tout faire ou presque. L'épaisseur est en quelque sorte un passe-partout pour tourner en dérision le meilleur et le pire, sans distinction. Peut-on parler d'une culture de l'épaisseur? L'épaisseur n'est-elle pas plutôt en train d'étouffer la culture? Comment se fait-il que l'épaisseur échappe si facilement à la critique? Y aurait-il un lien entre la critique et l'épaisseur, cette dernière pouvant être perçue comme une forme de la première? L'épaisseur n'est-elle pas plutôt une imposture?



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