21 octobre 2004

L'apprenance?

    « Les terrains de l'apprenance multiplient leurs usages pour apprendre en tout lieu, en tout temps et tout au long de la vie. » (Martine Jaudeau, dans Thot, nouvelles de la formation à distance, édition du 21 octobre 2004


L'apprenance? Une recherche dans Google donne 205 résultats pour ce néologisme. En parcourant quelques articles, je découvre que dans le monde universitaire, on est au bord d'une véritable révolution, celle de l'université apprenante. Hélène Trocmé-Fabre écrit dans un article intitulé Apprendre aujourd'hui, dans une Université apprenante :



Le mot "apprentissage" doit céder la place au mot "apprenance", qui traduit mieux, par sa forme même, cet état d'être-en-train-d'apprendre, cette fonction de l'acte d'apprendre qui construit et se construit, et son statut d'acte existentiel qui, véritablement, caractérise l'acte d'apprendre, indissociable de la dynamique du vivant.


Sur le site de l'OTE, l'Observatoire des technologies pour l'éducation en Europe (où je reviendrai fouiner), je vois que dans son livre Réinventer le métier d'apprendre, Hélène Trocmé-Fabre a écrit :
« ...l'idée que certains ne sont pas ou plus capables d'apprendre doit être abandonnée : celui qui n'apprend pas est seulement celui qui croit ne pas pouvoir le faire. Pour surmonter cette croyance, il faut substituer à la relation classique maître-élève un processus qui amène l'apprenant à participer à l'émergence du sens et à "investir la complexité de la vie". »


J'en conclus que nous sommes tous en apprenance. Voilà qui rejoint ma conception de la culture.



Selon Hugues Bertrand, le mot apprenance est d'origine québécoise :


...le partage de connaissances, la réflexion sur le travail, la communication, toutes choses qui font partie de cette notion "d'apprenance" selon l'expression québécoise, qui me paraît la mieux désigner ce que nous cherchons à stimuler lorsque nous parlons de "formation tout au long de la vie", qui est plutôt "l'apprenance tout au long de la vie."


En poussant plus loin mon exploration de l'apprenance, je découvre que pour Jacques Chaize c'est une des clés de l'entrepreneurship d'aujourd'hui :
L'apprentissage est à la fois un enseignement et une quête de savoir. Le néologisme " apprenance " indique ce double mouvement de la volonté individuelle des hommes qui veulent développer leurs compétences, pour améliorer leur valeur pour le client autant que leur irremplaçabilité et celui de l'entreprise qui trouve le temps, l'espace et l'énergie pour renouveler son capital de savoirs. L'apprenance, c'est la réponse à la nécessité pour l'entreprise de développer l'intelligence collective et à la nécessité pour chacun d'entre nous de cultiver et d'accroître ses propres compétences.


Poursuivant cette piste, j'aboutis chez Solfrance, société fondée par Jacques Chaize, qui s'est donnée comme mission de promouvoir le concept d'entreprise apprenante. Il y a là une surprenante Grille de l'apprenance dont je retiens la partie qui énumère les signes culturels de l'apprenance en entreprise :
  1. L'entreprise encourage toute initiative pour apprendre par l'observation de ce qui se fait de mieux ailleurs (benchmarking, meilleures pratiques).

  2. Le droit à l'erreur est accepté à tous les niveaux.

  3. Il existe un climat d'ouverture et d'accessibilité de l'information au plus grand nombre.

  4. Les managers sont à l'écoute des idées des autres.

  5. Les succès ou échecs des projets sont utilisés comme des occasions d'apprendre individuellement et collectivement.

  6. L'approche systémique des problèmes est largement pratiquée.


Malgré les réserves de Jean-Michel Gaudin sur le terme apprenance dans son Dicomoche, j'adhère totalement à partir d'aujourd'hui au concept d'apprenance, sinon au mot lui-même (que les linguistes se prononcent sur la question!). Il y a dans ce concept que je trouve parfaitement adapté au siècle des technologies de l'information et des communications un espoir que ni la scolarisation obligatoire ni la formation continue n'arrivent encore à allumer parce que trop à sens unique, trop l'apanage d'une minorité, mal adaptées aux réalités du monde travail en 2004...



Mais sommes-nous assez mûrs pour l'apprenance?



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