01 septembre 2004

Politicatimini

Dans ma conception de la politique, les politiciens sont des gens de parole publique : des gens qui ont quelque chose à dire sur la vie et qui ne se gênent pas pour le dire sur les toits; des gens qui ont des projets pour améliorer les conditions de la vie citoyenne et qui aiment profiter de toutes les tribunes pour en débattre; des gens qui ne craignent pas de prendre des engagements ouvertement en faveur de leurs commettants et de les tenir. Dans ma conception de la politique, le catimini n'a pas sa place; le catimini est suspect; le catimini mine la démocratie.



Les élus libéraux, péquistes et adéquistes de notre belle province semblent avoir une autre conception de la politique. Du moins si je me fie à ce que j'entends d'eux ou plutôt à ce que je n'entends pas. Car ils parlent peu, ils nous parlent peu, on les entend peu parler. Pis encore, ils semblent ne pas trop aimer qu'on les entende parler.



Prenez les adéquistes du chef Dumont. Mauvais perdants, on ne les entend plus parler. Finiront-ils par sortir de leur période post-traumalectorale? Ont-ils compris le message démocratique? S'ils en parlent, c'est en catimini.



Prenez les péquistes du chef Landry. Ils viennent pour la ixième fois de rejeter une vraie 'course à la chefferie'. Ce faisant, ils viennent encore une fois de nous priver d'entendre leurs leaders nous dire ce qu'ils ont dans la tête et dans le coeur, nous dire pourquoi ils en veulent à ce pays et ce qu'ils ont à proposer de mieux. Ils viennent à 95 % de voter pour que leurs gens de parole se taisent, ils viennent à 95 % de voter pour le statu quo en catimini. En éludant les grands débats publics, le parti québécois est en train de devenir un bien petit parti, un parti de catimini.



Prenez les libéraux du chef Charest. Ils sont en pleine consultation populaire en vue « d'établir l'action du gouvernement en fonction des défis, des valeurs et des aspirations des Québécoises et Québécois ». Ils appellent ça « Place aux citoyens » : Briller parmi les meilleurs. On est en 2004, il y a Internet, il y a la télé satellite... Non. Rien ou presque ne transpire des forums régionaux où les élus et les élites régionales se parlent. Tout se passe en catimini.



Et tous ces élus sous leur chef se demandent comment il se fait que la masse citoyenne reste au chaud dans son inertie et leur fait le coup de la méfiance tranquille.



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