25 juin 2004

L'exemple de Wimbledon

J'ai toujours aimé l'activité physique et le sport. Depuis quelques années cependant, je ne suis plus capable de regarder les sports à la télé; et moins capable encore d'aller me percher à haut prix dans des gradins inconfortables pour les applaudir.



Plus capable depuis que, avec leur combien enchanté consentement, les athlètes sont une valeur marchande, des objets qu'on s'échange à plus value, qu'on achète et qu'on vend à prix fort, des objets qu'on placarde d'un tas de marques -- cet espace sur mon épaule a été payé par Molson, la bière des béathlètes.



Plus capable depuis que dans les stades et autres sites dédiés aux sports, les marques de commerce prennent de plus en plus de place pour attirer de plus en plus l'attention; et les athlètes, la place et l'attention qui restent.



Plus capable depuis qu'à la télé, on nous coupe effrontément de beaux jeux ou on en retarde l'exécution normale pour y substituer en prétextant des pauses tout ce qu'il y a de plus anti-sportif : bières ébrouantes, malbouffe avidissante, produits de fausse beauté, pilules addictives et 'gros chars' balourdisants.



Il y a une seule exception, à ma connaissance, au commercialisme sportif, et ce ne sont malheureusement pas les Jeux olympiques. C'est le tennis à Wimbledon : un stade exempt de tout placardage commercial qui accueille de la vraie compétition entre des athlètes qui donnent tout ce qu'ils peuvent de passion sportive sans nous vendre quoi que ce soit avec leur poitrine, sur leur front ou au bout de leur raquette. Un plaisir à regarder parce qu'on peut se concentrer sur leurs stratégies, leur grâce, leur maîtrise du jeu, bref leur art, et se demander pendant qu'ils reprennent leur souffle si on ne pourrait pas en faire autant ou au moins essayer. À Wimbledon, les athlètes ont toute la place, ils sont les dieux du stade : on les admire, on les respecte, on gagne ou on perd avec eux. Et il ne semble pas qu'ils en sortent appauvris pour autant.



Que partout ailleurs ou presque dans le merveilleux monde du sport on ait choisi de faire du commercialisme, soit : « On est dans des pays libres; si les gens veulent payer pour ça, c'est leur affaire... », etcoeblabla. Mais qu'on cesse d'appeller ça du 'sport professionnel'; qu'on appelle ça du sport commercial. Ou qu'on change la définition du mot 'professionnel'...


« Professionnel. Adj. Qui se laisse acheter et vendre à fort prix. » Qu'en pense l'Office des Professions?



Merci, Wimbledon!


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