31 mai 2004

31 mai 1942

J'ai voulu savoir ce qui a bien pu se passer en 1942, le 31 mai, pour qu'on me le rappelle chaque année. Les deux premiers événements trouvés via Google m'ont vite fait comprendre qu'il y a des jours qu'on n'a pas le droit d'oublier.


    31 mai 1942
    Raid de 1 096 bombardiers à Cologne

    'Raid des 1 000' contre la ville de Cologne, au cours duquel plus de 242 hectares du centre-ville furent détruits en représailles du blitz allemand sur la ville de Londres.
    (Il y aurait eu 500 morts, selon les alliés -- compte tenu des milliers de bombes larguées, ne serait-ce pas plutôt 5 000?)



    31 mai 1942
    Ouverture du camp Auschwitz III ou Monowitz

    Le complexe concentrationnaire d'Auschwitz était constitué de trois camps: Auschwitz I camp principal; Auschwitz II, ou Birkenau, ouvert le 8 octobre 1941 en tant que camp d'extermination; Auschwitz III ou Monowitz, ouvert le 31 mai 1942 en tant que camp de travail; sans compter les camps annexes. Il y eu jusqu'à 7 chambres à gaz utilisant du Zyklon-B et trois ensembles de crématoires. Auschwitz II comprenait un camp pour les nouveaux arrivants ainsi que ceux devant être envoyés dans un kommando extérieur; un camp pour tziganes; un camp dit "camp familial"; un camp ne s'occupant que de la garde et du triage des biens confisqués aux détenus et un camp de femmes. Auschwitz III fournissait de la main d'oeuvre gratuite à un complexe industriel qui produisait du caoutchouc synthétique appartenant à IG Farben. Nombre maximum de détenus, camps annexes inclus: 155 000. Estimation du nombre de morts: entre 2,1 et 2,5 millions dans les chambres à gaz, dont près de 2 millions de juifs, ainsi que des Polonais, tziganes et des prisonniers de guerre soviétiques. Près de 330 000 détenus moururent suite à la faim, les mauvais traitements, etc.


Cette année-là, on a demandé à Eugène Ionesco : « Comment trouvez-vous le monde en ce moment? » « Il me fait horreur », a-t-il répondu. « Je me demande comment on peut vivre là dedans et qui a fait ça. » (cité par Maurice de Cheveigné -- photographié ici en mai 1942 --, dans Radio Libre.



30 mai 2004

Grandes orgues

Je sens parfois, maintenant par exemple, le besoin d'entendre les grandes orgues se déchaîner. Comme ce dimanche après-midi pluvieux et froid d'avril dernier où François Zeitouni avec Clérambault, Bach, Daveluy et Vierne remplissaient d'harmonie les bancs presque vides de l'église du Gesù où j'étais.


Fermer les yeux, laisser pénétrer tous mes sens jusqu'à rejoindre ce qui doit bien être mon âme par ces vibrations subsonores. Ces sons d'un autre monde, je crois que seules les grandes orgues -- et Dieu, peut-être -- peuvent en émettre et on ne peut les ressentir plus intensément que dans une église avec une histoire et une architecture démesurées à la hauteur de notre espérance.


29 mai 2004

Colère bleue

J'en veux au brasseur (d'affaires) Labatt d'avoir eu la brillante idée d'une campagne publicitaire avec le parti Bleue. Je lui en veux d'avoir mis en ligne le site partibleue.com et d'être obligé d'admettre qu'il est bien en son genre.


J'en veux au parti Bleue d'avoir attendu si longtemps avant de faire la promotion du fun. Je lui en veux de n'offrir du fun qu'aux 18-30 ans comme si, après, on n'était plus capable d'en avoir autrement qu'avec Viagrrra. Je lui en veux de ne pas nous avoir informés avant que le mot 'parti' est aussi bien féminin que masculin, et que le mot fun est français. Je lui en veux d'avoir un programme qui prône plein d'idées nouvelles le fun; parce que je sais très bien que ce ne sont que des promesses, des promesses, des promesses.


J'en veux aux partis politiques d'avoir choisi le même moment pour faire leur campagne électorale : des 'casseux de parties' qui ne cherchent qu'à gâcher notre fun.


J'en veux à tous les partis qui se paient la tête du monde.


J'en veux à tout le monde parce que c'est tout le monde qui paie pour ça.



28 mai 2004

Le terrorisme 'civilisé'

Jürgen Habermas, philosophe allemand né en 1929 :
...Nous vivons aussi confrontés à une certaine violence structurelle -- à laquelle d'ailleurs nous nous sommes habitués et qui est faite d'inégalités sociales humiliantes, de discriminations dégradantes, de paupérisation et de marginalisation. (...)


La spirale de la violence commence par une spirale de la communication perturbée qui, via la spirale de la défiance réciproque incontrôlée, conduit à la rupture de la communication. (...)


Dans la pratique quotidienne de communication, il faut que se constitue un capital-confiance. Cela est nécessaire en préalable pour que les explications raisonnées et à grande échelle soient relayées dans les médias, les écoles et les familles. (...)


Si l'Occident entreprenait de réviser l'image qu'il a de lui-même, il pourrait, par exemple, apprendre ce qu'il faut modifier dans sa politique pour que celle-ci puisse être perçue comme un pouvoir capable de donner forme à une démarche civilisatrice. Si l'on ne dompte pas politiquement le capitalisme, qui n'a plus aujourd'hui ni limites ni frontières, il sera impossible d'avoir prise sur la stratification dévastatrice de l'économie mondiale.


Il faudrait au moins contrebalancer dans ses conséquences les plus destructrices -- je pense à l'avilissement et à la paupérisation auxquels sont soumis des régions et des continents entiers -- la disparité entraînée par la dynamique du développement économique. Ce qu'il y a derrière cela, ce n'est pas seulement, par rapport aux autres cultures, la discrimination, l'humiliation et la dégradation. Derrière le thème du « choc des civilisations », ce que l'on cache, ce sont les intérêts matériels manifestes de l'Occident (par exemple, celui de continuer à disposer des ressources pétrolières et à garantir son approvisionnement énergétique).


Jürgen Habermas, « Qu'est-ce que le terrorisme? », dans Le Monde diplomatique, février 2004


Qui est Jürgen Habermas? Portrait et bibliographie dans L'Encyclopédie de l'Agora.


27 mai 2004

Vivant

Chaque instant m'amène à choisir entre le conscient et l'inconscient. Et ce choix peut lui-même être conscient ou inconscient, selon l'instant qui précède.


L'inconscience semble me procurer et m'assurer, facilement et sans risque, un bien-être; il n'en est pourtant rien puisque c'est plutôt un non-être, une espèce d'auto-paralysie des sens, c'est comme tourner le dos à la vie. Après l'inconscience, il ne reste rien sinon ce vague souvenir d'avoir été inconscient, que je préfère oublier. Inconscient, je suis en train de mourir.


La conscience est une adhésion, un oui tous risques, un 'go' donné à tous les sens, une goutte de plénitude appréhendée. Après, il y a la conscience de la conscience : le sentiment d'échec ou de succès, du pas en avant ou du pas en arrière, la perception de l'acceptation, du rejet ou de l'indifférence dans le regard de l'autre. Mais j'ai bougé, je me sens vidé ou rempli, prêt pour la prochaine vidange ou le prochain remplissage. Conscient, je suis en train de vivre.


J'appartiens donc, selon l'instant et selon mon choix, à l'une ou l'autre des deux catégories d'êtres humains : ceux qui sont en train de vivre ou ceux qui sont en train de mourir.

26 mai 2004

On la ferme!

On ferme une usine ou un commerce chaque semaine au Québec. Au moins. Quelques images parfois au journal télévisé, des images de visages défaits de travailleurs et de travailleuses qui se sentent floués... Puis on passe à la météo. C'est chaque fois le même scénario : on ferme une usine et on la ferme!


Frédéric Lordon, un économiste, fait l'autopsie des fermetures d'usine dans Le monde diplomatique en analysant le cas de Moulinex. Il faut lire et relire cette histoire de Moulinex qui illustre les ravages de la mondialisation. Parce que les ravages ne font que commencer... Et voilà, crevée pour de bon, la bulle de la société des loisirs 'liberté 55'!


J'en reproduis quelques extraits ci-après parce que, je le sais trop bien, j'ai des gênes de poisson rouge -- si le sujet vous intéresse, lisez plutôt l'article intégral :



On dit que le poisson rouge jouit d'une mémoire qui n'excède pas les trois secondes et qu'il en tire l'aptitude à tourner dans son bocal sans ennui. (...)


Si l'on veut ne pas s'abandonner à la litanie désespérante des catastrophes économiques, mais prendre la mesure des enchaînements qui les engendrent sans discontinuer, il est utile de s'arrêter un instant sur l'une d'elles, pourvu qu'on puisse y trouver les grands invariants de la destruction industrielle, ces mêmes causes qui produisent en de multiples endroits les mêmes effets. De ce point de vue, Moulinex est une affaire exemplaire, un cas d'école pour une anatomie de la mondialisation. (...)


La direction de Moulinex, qui s'est d'abord adonnée à la mondialisation excitante -- manoeuvres financières du RES, stratégie internationale de croissance externe... --, en expérimente à présent tous les désagréments : l'entreprise est emportée comme fétu de paille par des forces adverses qui la dépassent. (...)


Les investisseurs y ont acquis une telle position de force qu'ils sont en situation de ne plus tolérer la moindre baisse de profit. Le financement par le crédit était ringard, cela va sans dire, mais la relation bancaire pouvait devenir partenariale et permettait alors de voir au-delà des fluctuations conjoncturelles et de supporter des baisses de rentabilité transitoires. (...)


La finance actionnariale ne veut rien savoir de ce genre de tolérance ; elle exige en permanence l'ajustement instantané du profit. (...) Il faut faire quelque chose, et vite. M. Blayau sait d'ailleurs très bien quoi. Aux yeux de la tutelle actionnariale, le « quelque chose » est toujours la même chose : rétablissement de la rentabilité par la compression des coûts et abandon des branches les moins profitables. Près de 2000 postes sont supprimés. (...)


Mais quand débarquent les concurrents asiatiques, quand les rivaux européens se mettent à faire construire en Chine ou au Mexique et quand la grande distribution pressure tout le monde indistinctement, ce sont des affrontements féroces qui déterminent la persévérance dans l'être. Le déchaînement de la concurrence généralisée fait alors vivre les salariés dans une tension permanente et exténuante, tension des luttes à mort du capital. (...)


Que survivent donc seuls ceux qui peuvent produire à des prix en chute libre tout en garantissant les 15 % de retour sur fonds propres! On devine qu'il n'y aura pas grand monde à l'arrivée. Ces contraintes existent maintenant, elles s'imposent objectivement aux entreprises qui le plus souvent ne les ont pas inventées même s'il y a des patrons suffisamment bêtes pour en faire l'apologie plastronnante -- en général à la tête de monopoles qui ont le moins à redouter. (...)


L'exploiteur avait jadis un visage, celui du patron et de sa classe. Le principe actuel d'exploitation n'en a plus; dépersonnalisé, il est devenu abstrait : ce sont des lois structurales, lointaines et intangibles -- et pourtant concrètement, terriblement actives. Bien sûr, c'est toujours le capitaliste qui ordonne et qui pressure, mais il peut en imputer la faute aux « contraintes », et le pire, c'est que l'argument est d'une hypocrisie bien fondée! C'est là tout le drame des salariés qui se battent pour leur sort : les luttes locales sont devenues sans espoir hors la perspective d'un débouché politique global. Ce n'est pas dans le bureau du patron qu'ils trouveront le fin mot de leur malheur. (...)


Les entreprises du secteur industriel sont entrées dans un régime de restructuration permanente, car les luttes concurrentielles n?ont pas de fin. Elles sont d'ailleurs le moteur d'un gigantesque mouvement de remaniement de la division internationale du travail qui voit entrer tour à tour de nouveaux compétiteurs géographiques, Asie du Sud-Est, Amérique latine, Chine, Inde, chacun muni d'avantages compétitifs, notamment juridiques et salariaux, dépassant ceux de ses prédécesseurs. C'est dire que les sociétés n'ont pas fini d'être mises sous tension et leurs salariés malmenés. (...)


Le plus époustouflant dans cet invraisemblable scandale, dont on pourrait trouver maints autres exemples, c'est le besoin qu'éprouve la plus grande partie de la classe dirigeante économique, non pas de le passer sous silence, mais d'en faire l'apologie en expliquant comme il est juste que la rémunération aille au mérite et combien grands sont les bienfaits de la société du risque. Cette classe dirigeante économique ne risque pas d'être contredite par la classe politique, en tout cas celle qu'on dit « de gouvernement », qui, avec encore plus de bêtise que l'autre n'a de cynisme, vante les charmes, certes parfois un peu rudes, de la mondialisation et tous les avantages de s'y adapter bien vite. (...)


Comment la finance a tué Moulinex, par Frédéric Lordon, dans Le monde diplomatique, mars 2004



Mise à jour --

Cette manchette lue plus tard aujourd'hui dans Le Journal de Montréal : « 175 emplois exportés en Chine ». C'est près d'ici chez Sport Maska à Saint-Jean-sur-Richelieu (je passe souvent devant cette usine), le fabricant des articles de sports CCM. La marque CCM est pour moi un symbole viscéral : ma première bicyclette était une CCM usagée, mes premiers patins étaient des CCM usagés. CCM : Canada Cycle & Motor Company (marque détenue jusqu'à maintenant par Sport Maska). Les propriétaires en seront bientôt la multinationale Reebok; les articles seront fabriqués en Chine; la marque CCM, C pour Canada, ne voudra plus rien dire mais le symbole CCM continuera à faire vendre.




Candidates et candidats en cette période d'élection, comment entendez-vous nous protéger de la mondialisation aveuglément économique?



En rappel : Identité 101-2 ou Une affaire de riches?

25 mai 2004

Trois points de vue

Notre chat Chaton : né sur une ferme laitière des environs, nourri au 'Friskies pour chat âgé', il est noir avec, en blanc, le museau, le poitrail et le bout de chaque patte. De son point de vue au plancher, je suis deux souliers et d'intéressants lacets dont il faut se méfier parce qu'ils ont des comportements tout à fait imprévisibles mais présageurs de l'heure du lunch lorsqu'ils s'orientent vers la cuisine. De son point de vue sur le rebord de la fenêtre, je... c'est pas mal plus intéressant dehors.


Notre chien Bijou. Un gros chien balourd sans race connue qui nous a adoptés au début du millénaire, sentant d'instinct que nous n'étions pas racistes. Il renouvelle chaque printemps son épaisse toison toutes couleurs canines quoique le noir y soit dominant. Pour lui, japper, japper est un acte important dont il ne faut pas abuser si on veut que cela fasse effet. De son point de vue, je suis deux mains nerveuses au bout de deux grands bras mal synchronisés dont il attend un signe en suivant la trajectoire de mes yeux. Quand nos regards se croisent, c'est le signal que les mains vont sur-le-champ lui transmettre un message, à lui tout seul : Viens te faire flatter ou Ôte-toi de là, 'mon gros Bijou'!


Nos tourterelles : un couple, toujours le même, je pense, on dit que les tourterelles sont fidèles. Si je dis 'nos', c'est qu'elles ont adopté le câble téléphonique qui relie la maison au monde entier, et qu'elles viennent s'y jucher lorsqu'elles ont besoin de fuir la vie trépidante des boisés environnants. De leur point de vue, je suis une casquette bourgogne ou une tête échevelée tardant à grisonner qui a bien du mal à regarder longtemps dans la même direction. Et puis un animal qui ne sait même pas voler, donc inoffensif. Et puis que je pourrais peut-être aller marcher ailleurs que sous le câble pour les laisser se changer les idées en paix.


Voilà un bien grand détour pour raffermir ma conviction qu'il est important de tenir compte du point de vue de chacun si je veux comprendre qui je suis vraiment.


24 mai 2004

Les miracles

Certains jours on envie ceux qui croient aux miracles. D'autres jours on les plaint. Il arrive même qu'on en rit.


Arrive l'impasse. Le mur apparemment infranchissable. Et on se surprend à croire aux miracles. Pour ne pas désespérer.


23 mai 2004

Le temps d'une élection

Je crois en la démocratie. Je voterai donc le 28 juin prochain. Mais pour qui?


Je crois aussi que la démocratie est plus menacée qu'elle ne l'a jamais été à cause des grandes concentrations : concentration du pouvoir, concentration de l'argent, concentration de l'information...


La période électorale qui débute aujourd'hui ramène le débat politique au premier plan. Un débat de chefs, cependant. Ce focus mis sur les chefs s'il simplifie la logistique et la mainmise médiatiques favorise en même temps une forme de concentration qui, selon moi, minimise l'importance de la députation qui est (ou devrait être) à la base de notre système politique : l'image des candidats bien serrés derrière le chef en plein discours et lui servant de décor oui-oui est combien éloquente à ce chapitre.


Le 28 juin prochain, je ne voterai pas pour un chef de parti; je voterai pour un candidat capable de représenter mon comté au Parlement canadien. Mais lequel?

Pour faire le meilleur choix possible, j'ai décidé d'être à l'affût de ce que nos différents candidats ont à dire et j'ai ouvert un blogue pour en garder la trace.


Je l'ai appelé : Le temps d'une élection.


22 mai 2004

Vaisselle faisant

En faisant la vaisselle des derniers jours, partage des tâches oblige...


Je me suis rappelé de relire, dans Le monde diplomatique en ligne, les entretiens de Giovanna Borradori avec deux grands intellectuels -- le Français Jacques Derrida et l'Allemand Jürgen Habermas -- sur le « concept » du 11 septembre 2001. On réfléchit tellement peu sur le phénomène du terrorisme.


Je me suis demandé si Ravel n'avait pas eu l'idée de son Boléro en faisant la vaisselle.


J'ai pensé qu'en toute démocratie, il faudrait que nous sachions ce qui motive personnellement chaque candidat à se soumettre au vote populaire et qu'il ne faut pas compter sur les médias pour nous en informer... Élections fédérales à proximité : si chaque candidat avait son blogue pour nous communiquer sa vision, sa motivation, le fond de sa pensée? C'est peut-être là une utopie : on a tellement l'impression que seul le chef d'un parti peut dire ou faire dire ce qu'il faut dire.


J'ai aussi échappé deux tasses; rien de cassé, heureusement!


21 mai 2004

Identité 101-3 ou L'indispensable fierté

Pas besoin d'aller bien loin. Jusqu'en 1985, il y avait ici La caisse populaire de Saint-Armand-Ouest : un directeur, une employée. Mais aussi, un Conseil d'administration composé de gens de notre entourage. C'était NOTRE caisse populaire. On a maintenant un 'centre de services' dont l'organisation et l'existence dépendent d'administrateurs de la Caisse de Bedford, des gens bien d'ailleurs. Même chose pour notre école primaire qui, depuis la régionalisation des commissions scolaires, est administrée à environ 60 kilomètres d'ici, à Granby, par des gens sans aucun doute compétents mais que nous ne connaissons pas et qui ne nous connaissent pas.


En perdant le contrôle de notre Caisse populaire et de notre école -- Saint-Armand a déjà eu sa propre commission scolaire --, nous avons en même temps perdu une partie de notre fierté, de notre identité. (Heureusement, il nous reste encore quelques autres raisons d'être fiers.) Rationalisation politico-économico-administrative oblige : je ne remets pas en question la pertinence des choix qui ont été faits dans ces deux cas et je ne suis pas parti sur un trip nostalgique, j'en note seulement les conséquences sur notre identité armandoise.


Tout cela pour dire que je comprends fort bien que les gens des municipalités fusionnées contre leur gré par le précédent gouvernement d'un parti qui se disait québécois aient signé en grand nombre ces derniers jours pour pouvoir se prononcer par référendum sur l'avenir de leur fierté.


Identité 101-2 ou Un privilège de riches?

Identité 101-1 ou Le pouvoir avant tout


19 mai 2004

La tête du caleçon

La rame du métro s'est arrêtée et reste immobile plus longtemps qu'à l'habitude. Mon attention est attirée par un panneau publicitaire en noir et blanc qui fait la promotion souterraine de sous-vêtements masculins tout blancs et bien moulants, portant une griffe que je n'ai jamais vue chez Korvette.


Vous ne trouvez pas que les mannequins qui annonçent les caleçons ont une drôle de tête? En gros plan, on a même l'impression qu'ils ont la tête dans leur culotte.


18 mai 2004

Éclairage

Tu es confronté avec un problème important. Disons, financier. Ça peut arriver. D'autant plus que tu es un travailleur qu'on dit autonome. Arrive le soir, fatigué. Vieille habitude, tu te couches avant que ce ne soit le lendemain. Le problème te suit jusque sous l'oreiller; tu le sens t'épier jusqu'au moment de tomber dans les limbes de l'inconscient.



Le matin te lève. L'air est bon. Les nuages t'empêchent de voir le soleil mais il est là, tu le sais. Tu n'as plus l'âge de te fier aux apparences. Autour, tout s'éclaire dans l'apaisement de la lumière diffuse. Il y a quelques vieilles fleurs qui espèrent encore dans le pommetier. Mais il y a surtout des feuilles innocentes dans la verdeur de leur jeunesse. Des feuilles par millions qui entreprennent maintenant leur travail routinier. Des feuilles inconscientes qui n'ont pas besoin de s'apitoyer sur leur condition. Elles devront pourtant travailler jusqu'à tomber d'épuisement pour que l'arbre porte fruits.



Pour l'heure, elles semblent n'avoir qu'une seule préoccupation : s'adapter à l'éclairage.



Tu allumes ton Compaq. Tu ouvres ton carnet et tu tapes « Éclairage ».


17 mai 2004

Zénon

Zénon, c'est le nom du grand-père paternel de Pierrette, qu'elle nous décrit chaque fois comme un véritable personnage de conte folklorique.


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Famille de Zénon Gascon (1906)
Photo tirée de
Quelques pages d'histoire... Paroisses et villages anciens de l'Île Jésus

Zénon, c'est aussi le pseudonyme d'un blogueur prolifique qui étale quotidiennement sans retenue et à notre grand plaisir, sa culture et ses goûts éclectiques. Je lui dis un grand merci à l'occasion de la publication de sa mille et unième pensée.


Entouré de tous ces livres de collection qui tapissent chacun de ses murs intérieurs, peut-être est-il lui aussi un personnage de conte folklorique!


16 mai 2004

Pour exorciser l'horreur

Je ne pourrais pas vivre avec Denise Bombardier, mais j'aime bien écouter ses entrevues, voir ses reportages et lire ses chroniques dans Le Devoir : sur le plan des idées, on se rejoint étrangement. Son dernier topo sur l'horreur m'a pour ainsi dire apaisé : je ne croyais pas que quelqu'un puisse ainsi 'rationaliser l'horreur' (et une femme, par surcroît).


Sans doute parce que j'ai horreur des films d'horreur et des histoires d'horreur qui font régulièrement la manchette de certains médias. Quand l'horreur me rejoint, je ferme les yeux, je me bouche les oreilles, je prends littéralement mes jambes à mon cou ou je deviens sourd-muet-aveugle le temps que l'horreur passe. Il y a pour moi une incompatibilité entre la vie et l'horreur. Pourtant...


Hélas, l'horreur aussi est humaine. C'est une leçon qu'on apprend très vite, même si elle rebute notre foi en un monde meilleur. Cette conscience de l'inhumanité de l'homme départage souvent les optimistes des pessimistes. Les premiers traversent la vie blessés et heurtés de façon quasi permanente par les dérives humaines. Les seconds, paradoxalement, parce qu'ils ont tendance à toujours imaginer le pire, en arrivent à connaître des bonheurs furtifs, éblouis, en découvrant que l'héroïsme existe, que l'homme réussit à se surpasser, à se policer et à se dépouiller de ses instincts de tueur. (...)

L'homme ne devient un animal raisonnable qu'au terme d'un long combat contre ses instincts, ses peurs, ses désirs, son agressivité et son sens de la survie, parfois incompatible avec celle d'autrui. L'histoire nous enseigne depuis l'époque des Lumières que l'humanisme, seul rempart contre la barbarie personnelle et collective, est moins contagieux qu'on ne le croit. Le respect de l'autre, en particulier lorsqu'il s'agit de l'adversaire ou de l'ennemi du moment, exige un effort surhumain. (...)

Se croire soi-même à l'abri de toute barbarie relève à la fois de l'imprudence et du début de l'aveuglement. Car la vigilance est ici la première des vertus à acquérir.

« L'horreur », par Denise Bombardier, dans Le Devoir, édition du samedi 15 et du dimanche 16 mai 2004



15 mai 2004

Avis


aujourd'hui
vous me trouverez dans le pommetier


faux bourdon
parmi les mouches à miel


en train de butiner
dans les milliers de fleurs en robes de mariées


en train de m'enivrer
de leur parfum sybaritique





une photo de Pierrette Gascon
affichée via BloggerBot/Hello

14 mai 2004

Identité 101-2 ou Un privilège de riches?

Encore Wal-Mart. LE symbole de la réussite commerciale mondiale : 65 000 000 000 de chiffre d'affaires; 2 200 000 000 de profits... Maintenant à Cowansville, à une trentaine de kilomètres d'ici. Et puis, ces reportages de la SRC (L'empire Wal-Mart au Canada, Le point, 12 et 13 mai 2004) : tellement peu critiques qu'on se demande s'il ne s'agissait pas là de publi-reportages (on n'y a même pas vérifié leur prétention d'offrir 'les plus bas prix', pourtant à la base de leur concept et de leur publicité!).



Écrasante entrée en matière pour la suite de ma timide réflexion sur notre identité. À partir du moment où l'identité québécoise est réduite au fait d'habiter le Québec, il n'y a plus d'identité québécoise : n'importe qui peut avoir pignon sur rue au Québec et se prétendre Québécois, même Wal-Mart (rappelez-vous que dans leur publicité du temps des Fêtes, ils sont allés jusqu'à affirmer qu'ils faisaient partie de la tradition québécoise...).



En fait, pourquoi ne pas l'affirmer franchement, messieurs les politiciens, messieurs les économiciens, l'identité culturelle n'est plus une valeur (on le constate, par exemple, par le sous-financement de nos musées). La seule valeur qui vaut, c'est la valeur économique. Je ne suis plus Québécois, Canadien ou Autochtone : je suis riche ou très riche et je travaille à le devenir encore plus; ou je suis pauvre ou très pauvre et je travaille pour m'en sortir et un jour devenir riche par tous les moyens possibles, même Loto-Québec. Non, ce n'est pas une caricature.



Et ce n'est même pas un phénomène québécois (qui pourrait alors au moins nous distinguer). C'est un phénomène mondial. Les budgets monstrueux affectés, depuis le 11 septembre 2001, à la sécurité dans tous les pays 'développés', c'est pour sécuriser quoi? Quoi, sinon la valeur économique? On achève de mettre en place un système universel de défense soi-disant pour se protéger du terrorisme... À quoi servira réellement ce système de défense? À protéger le 'système économique' d'une révolte bien plus plausible encore et qui viendra un jour « si la tendance se maintient », la révolte des pauvres, lorsqu'il n'y aura plus qu'une seule valeur à laquelle s'identifier : l'argent.




13 mai 2004

Infos ou infaux?

Nous le savons depuis longtemps et ce n'est pas la première fois que nous sommes amenés à le constater : l'information via tous médias confondus est un outil de propagande. Et nous tombons dans le panneau; c'est même comme si nous aimions tomber dans le panneau. Le panneau de l'illusion.


Nous sommes bons, naifs, de plus en plus dépendants : nos exploiteurs le savent et savent en profiter.


Nos exploiteurs en politique, nos exploiteurs en finance, nos exploiteurs en santé, nos exploiteurs en spiritualité, nos exploiteurs en biens de tous genres et... nos exploiteurs en information. Promesses et 'projets' de loi, statistiques et 'projections' financières, cures et remèdes 'approuvés', doctrines et prières 'miraculeuses', produits 'indispensables' à prix 'jamais vus' et... nouvelles et images 'en primeur'.


Mais quelle vision négative!


Négative ou dérangeante?


Je dois fermer ici cette boite de Pandore. Vous m'excuserez : c'est l'heure des informations télévisées...



12 mai 2004

Parfums virtuels



Fleurs d'un pommier

Un jour, qui sait, peut-être pourrons-nous télécharger des parfums de fleurs... 


Photo : Pierrette Gascon
Logiciel (à l'essai) : BloggerBot/Hello

11 mai 2004

« Merci »

Le mot merci. Chaque fois que je l'entends, que je le lis surtout, et qu'il m'est personnellement adressé, il se passe quelque chose de transcendant.



Ce merci de Monique S. après le billet Que se passe-t-il avec...? : un courriel, un seul mot, merci, sans ponctuation, sans signature... Merci : et j'ai compris qu'on s'était compris.



Ce merci d'Élaine C., responsable de projet, dans un courriel reçu après le lancement d'un cours d'initiation à la géographie du Cégep@distance, dont nous avions fait la mise en page... Ce merci m'a fait prendre conscience qu'avec le mot 'merci', on pouvait manifester et partager sa fierté.



Et ces mercis laissés cette semaine en post-scriptum par lui et elle, deux auteurs de blogues pour lesquels j'ai manifesté ouvertement mon intérêt... Deux clins d'oeil sympathiques : deux mercis pour dire qu'on apprécie d'être appréciés.



En apparence, c'est un mot très très commun (4 710 000 résultats pour 'merci' dans Google, et c'est un mot français...); en spectacle, très très banal et passe-partout; en public, très très utile pour en finir... En privé pourtant, le mot 'merci' est porteur de toute la gamme des émotions, de l'amour à l'indifférence.



Difficile de détecter toutes les nuances du mot merci : n'est-ce pas le seul mot qui parvient à sortir quand l'émotion nous étouffe et nous pétrifie!



Merci, Jean-Luc, pour mediaTIC.


10 mai 2004

Renouvellement

Au lendemain de l'opération 'rajeunissement' de Blogger, je me retrouve dans une nouvelle interface graphique pour rédiger ce carnet. Un peu dépaysé. Insécure, même. Mais enchanté, en même temps. Reste à renouveler l'inspiration : et ce n'est pas l'affaire de Blogger!



Si vous voulez constater de visu ce dont je parle, c'est très simple : démarrez votre propre carnet chez Blogger (si ce n'est déjà fait). Pourquoi pas? C'est après que ça se complique un peu, quand vient la confrontation avec notre interface intérieure...



Merci à toute l'équipe qui est derrière ces changements (que je n'ai pas encore fini d'explorer). Besoin d'idées pour d'autres améliorations éventuelles? Relisez mes billets Googger et Google pour le vrai.

09 mai 2004

Le choix de la vie

Étrange évolution...



Globalement, au Québec, il y a de moins en moins de mères et elles ont de moins en moins d'enfants. La maternité et la paternité sont pourtant dans la nature des choses de la vie.



Mon look, mon 'amour', mon auto, ma cave à vins, mon cinéma maison, mon cheminement de carrière, mon portefeuille et mon compte en banque, mes repas restos, mes sorties, mes voyages et mes sports à l'extrême... se déclinent à la première personne du singulier aussi bien au masculin qu'au féminin : je me fais plaisir et 'je me fous du monde entier'.



Dans ce monde d'argent et de sexe à outrance décapités tous deux de leur finalité, il ne semble y avoir ni temps ni place pour les enfants et pour la famille. Alors, la maternité, l'avenir de la vie, la vie de l'avenir... Mais, qu'est-ce que c'est que cette tendance lourde qui mène tout droit à un autogénocide?



Étrange évolution...



Merci, maman, de m'avoir fait connaître la vie!



08 mai 2004

Les courants

La conversation de cette semaine entre Denise Bombardier et Jean-Herman Guay m'a amené à requestionner mes motivations profondes. C'est comme si les deux interlocuteurs s'étaient ligués pour renforcer un constat de plus en plus évident : les grands courants idéologiques se sont essoufflés et il n'y a plus beaucoup d'intellectuels pour les soutenir. Communisme, socialisme, catholicisme... sont en train de passer à l'histoire : en fait, toutes les idéologies qui ont donné lieu à des systèmes plus ou moins rigides et fermés sur eux-mêmes. Et celles qui persistent et signent auront un jour ou l'autre le même sort : je pense ici au capitalisme sauvage et aux autres fondamentalismes.



Il y a un bon côté à cela : chacun de nous est maintenant confronté à ses motivations profondes en faisant ses choix. Et c'est tout un défi que d'être fidèle à ses motivations... Car, si les idéologies ne sont plus là pour nous porter, nous n'en sommes pas moins influencés par toutes sortes de courants d'idées qui en occupent la place vacante et profitent de l'omniprésence médiatique pour tenter de nous enfirouaper.



Comme un bateau, j'ai trois choix : rester bien ancré au quai, me laisser voguer au gré des flots ou partir vers une destination précise et garder le cap.

07 mai 2004

Toujours moins cher?

Il y a quelques années, le slogan de Wal-Mart était : C'est bien moins cher, comparez!


C'est maintenant : Pas besoin de comparer, vous savez que c'est bien moins cher!


Et, dans quelques années : Essayez donc de comparer pour vérifier si c'est bien moins cher!


« Une fois déployé son concept du Supercenter, il s'attaque maintenant aux magasins de proximité, sur des plus petites surfaces. "C'est imparable pour les concurrents, car grâce à sa puissance, Wal-Mart arrive sur ces formats avec un avantage concurrentiel de 4 à 6 points en termes de coûts", souligne M. Piquet. Le rouleau compresseur a encore de beaux jours devant lui, à condition qu'il sache gérer le problème de sa taille. » (« "Everyday low prices", plus qu'un slogan, un système », par Stéphane Lauer, dans Le Monde, édition du 3 avril 2004)

06 mai 2004

Identité 101-1 ou Le pouvoir avant tout

Après Contre vents, contre marées, ce touchant documentaire porté par Zachary Richard sur la survie des Cadiens de la Louisianne et sur leur identité (film revu via Vues d'ici à la SRC)...



Et j'ai réfléchi, réfléchi sur l'identité québécoise ou ce qui en reste. La dernière définition du mot Québécois que je me souviens d'avoir entendue remonte à l'an dernier, peu avant les dernières élections provinciales. C'est la version péquiste du mot : un Québécois, une Québécoise, c'est quelqu'un qui habite au Québec. Une définition pour le moins étriquée, insipide et éthérée. Une définition déracinée.


Question : les péquistes auraient-ils tenté de troquer ainsi notre identité contre des votes 'ethniques'? Réponse : ils n'ont pas obtenu les votes escomptés mais ont bel et bien réussi à banaliser notre identité.


05 mai 2004

La magie des liens

De lien en lien, de découverte en découverte, je ne cesse de m'émerveiller chaque fois ou presque que je clique sur un lien Internet dans cet outil prodigieux qu'est Bloglines, qui nous permet de nous constituer une petite salle de lecture sur mesure avec une foule d'outils dont on apprend vite à ne plus se passer.


Dans la dernière heure seulement -- je me restreins à environ une heure (!) par jour d'exploration sur le Web parce qu'il faut aussi faire autre chose dans la vie --, j'ai découvert...



  • via Zénon, le blogue Les écrivains québécois, sympathiques notes de lecture d'une liseuse passionnée :

  • « Tout cela pour vous dire que ce roman était une découverte pour moi. Je n'avais même jamais entendu parler d'elle... honte à moi! Pour ma défense je dois dire que je n'ai pas fait mes lettres; je ne suis qu'une biblivore qui adore lire. »


  • puis, via Le Carnet d'InterStructure de Sylvain Carle, le Manifeste des évidences :
    « Nous ne sommes pas des sièges ou des yeux ou des utilisateurs finaux ou des consommateurs. Nous sommes des êtres humains et vous n'avez pas les moyens de nos ambitions. »


  • enfin, via WorldChanging : Another World is Here, que m'a fait découvrir leRomanais, la carte interactive (et inquiétante) des conflits mondiaux depuis 1900, sur le site Nobel e-Museum...

FASCINANT!


03 mai 2004

La couleur de la vie

On le voit, on le sent, c'est maintenant le printemps. Depuis quelques jours, les arbres et les champs on repris vie sous l'effet conjugué du soleil et des pluies. L'herbe neuve pousse à vue d'oeil à travers le foin jauni par l'hiver. Les bourgeons n'en finissent plus d'éclater tout autour dans les branches, qui pourtant semblaient mortes encore hier. La métamorphose des verts s'est déclenchée, toute en nuances, en parfaite harmonie.


Mais comment quelqu'un a-t-il pu voir et chanter la vie en rose? Une petite marche dans le printemps et on le voit bien : la vraie couleur de la vie, c'est le vert.

02 mai 2004

Le temps des yeux

Hier, retrouvailles de 'vieux' cousins, cousines. On se rencontre après des décennies et pourtant... C'est comme si on s'était vus hier : les mêmes yeux, les mêmes regards d'enfants heureux de faire ensemble des châteaux dans le sable.



Nos yeux sont le reflet, le miroir de l'âme, dit-on. L'âme, cette vie en nous qui ne semble pas vieillir, qui transcende le temps.



Se pourrait-il que le temps disparaisse quand on se regarde entre âmes, les yeux dans les yeux?


01 mai 2004

Deux mots sur une île

Ils étaient deux mots

Sur une île déserte


Lui, Sérénité

Elle, Harmonie


Et l'île s'appelait

Éternité